Vous n’avez sans doute pas oublié combien ces films d’aventures s’inspirant de l’Antiquité, ont ravi vos jeunes années et peut-être même fixé en vous certaines représentations des personnages et des événements historiques… Les musées gallo-romains de Lyon – Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal font revivre cette nostalgie à travers deux expositions. A commencer par cet hommage rendu à Lyon.
Au Musée gallo-romain de Lyon, la scénographie de Nathalie Crinière, ancienne élève de l’école Boulle et scénographe de nombreuses institutions culturelles et privées (le réaménagement de la Cité des enfants pour les 5/12 ans à la Cité des Sciences et de l’Industrie à La Villette, la rétrospective Yves Saint-Laurent au Petit Palais…), laisse le visiteur progresser à travers un parcours jalonné de « folies », inspirées de l’Antiquité sur un mode très contemporain, qui mettent en avant l’idée de décor cinématographique. C’est dans ces décors thématiques, véritables signaux visuels, peints en rouge impérial, que se découvrent les vitrines réservées aux costumes, scénarios, textes et affiches.
Les différents thèmes illustrés par des extraits de péplums ont été choisis de façon très pertinente et nous invitent aussi à contempler les objets exposés au sein des vitrines de la collection permanente, puisque les « folies » qui jalonnent le parcours sont habilement distribuées sur tout le parcours du musée.
Les jeux du cirque. Plus que l’amphithéâtre, le cirque (hippodrome) est le lieu de spectacle le plus populaire du monde romain, comme on peut le voir sur la mosaïque figurant de façon très réaliste une course de chars. Ici, les extraits de plusieurs versions de « Ben-Hur » restituent l’intensité dramatique de ce spectacle.
La gladiature. Au cinéma, l’amphithéâtre est le lieu emblématique du monde romain. Les spectacles sanglants suscitent répulsion et intérêt. Les extraits de films sont tirés de « Spartacus », et du film de D.Daves, « Les gladiateurs ».
La navigation et ses périls. Le thème du voyage sur la mer et ses dangers présents dans la mythologie trouve un écho dans le musée grâce aux produits importés de la Méditerranée- vins, huile d’olive- dont l’amphore est le symbole. Lugdunum est en lien direct avec la mer, via Arles et le cours du Rhône, grâce aux Nautes, compagnies de navigation dont le siège était dans la presqu’île de Lyon. Au sein d’un décor évoquant la proue d’un navire, le visiteur découvrira « Ulysse » et « Jason et les Argonautes ».
Le vin. Son rôle était important dans la vie de la Gaule où il a été importé massivement dès le 2è siècle avant J.C. Le développement rapide de la viticulture gagnera même les régions les plus reculées. L’importance du banquet dans la vie sociale de l’époque est confirmé par la taille du triclinium (salle à manger) des maisons romaines. Les extraits d’ « Ulysse », « Les Bacchantes », « Cléopâtre » et « L’enlèvement des Sabines » illustrent le thème.
L’armée romaine en action. A Lugdunum, la sécurité est assurée par la cohorte urbaine, une unité d’élite présente aussi à Rome et à Carthage. C’est l’armée en action qu’aime à traiter le cinéma avec une débauche de figurants et d’effets spéciaux que l’on découvrira avec des extraits de « Gladiator » et « Massada ».
Les premiers chrétiens. Lyon s’enorgueillit d’avoir accueilli la plus ancienne communauté chrétienne de la Gaule, connue grâce au récit du martyre de 177, d’où le titre de Primat des Gaules que porte encore son archevêque. Au cinéma, il arrive que les héros croisent Jésus et participent, victimes ou bourreaux, aux persécutions des premiers chrétiens. Les images de persécutions dans « Quo vadis ? » et « Fabiola » sont cruelles. On veillera donc à ne pas les montrer à des enfants fragiles ou trop jeunes.
Cette exposition, présentée dans ce site magnifique où les objets de l’époque romaine sont mis en valeur de façon remarquable, s’intègre parfaitement aux collections permanentes et leur donne une nouvelle vie. L’orientation très bien conçue dans le bâtiment facilite la déambulation et nous enrichit de manière ludique. En famille pendant les vacances ou les week-ends, ou avec ses élèves dans le cadre d’une visite en groupe, Peplum fera vivre à tous, adultes et enfants, une aventure mythologique sans précédent !
Introduire les images souvent jugées fantaisistes des péplums au milieu des collections permanentes d’un musée très didactique, n’est-ce pas reconnaître au cinéma le pouvoir de transporter le spectateur dans un monde que le musée s’efforce à sa manière de faire revivre ?
Pour les enseignants
Autour de l’exposition, le musée propose pendant les six mois deux visites de 1h30 pour les élèves du primaire au lycée :
– Arrête ton char Ben–Hur !
Les jeux et spectacles passionnaient les Romains, de la course aux chars aux gladiateurs en passant par le théâtre, et les péplums s’en font l’écho.
– Le mythe crève l’écran
La mythologie, source surabondante d’inspiration pour les écrivains de l’Antiquité, se retrouve aussi au cinéma à travers le péplum.
Des ateliers peuvent compléter la visite à thème que vous aurez choisie.
Pour les 4è et 3è latinistes : « Toi qui lis ces lignes ». Décrypter, lire, analyser une des plus riches collections d’épigraphies de la Gaule, comment ces stèles, ces autels révèlent l’histoire de personnages célèbres ou tragiques.
Pour le collège et le lycée : « Etre lyonnaise il y a deux mille ans ».
« Une ville romaine pour des citoyens romains ».
« Epigraphie, histoire, histoires », du fait divers à l’événement historique.
Pour réserver : réservation.fourviere@rhone.fr . Au 04 72 38 81 91, vous pouvez prendre rendez-vous avec un médiateur si vous souhaitez un « projet à la carte ». Les réservations pour les groupes sont obligatoires et doivent se faire au moins un mois à l’avance.
Dominique Gourat