Un roi, un saint, un génie? Salvador Dali se perçoit ainsi toute sa vie. Il s’autoproclame « divin », »génial ». « Le surréalisme, c’est moi »! Le Centre Pompidou rend hommage à l’une des figures les plus complexes et prolifiques de l’art du 20ème siècle. Souvent dénoncé pour son cabotinage, son goût de l’argent et ses prises de positions politiques provocatrices, Dali est à la fois l’un des artistes les plus controversés et les plus populaires. A travers une sélection de 200 oeuvres: 120 tableaux dont les plus célèbres, sculptures, dessins, objets, films, extraits d’émissions et photographies, cette exposition rétrospective éclaire l’oeuvre et la personnalité de l’artiste catalan. Une exposition gigantesque à sa démesure, dans une scénographie très spectaculaire! Un copieux dossier pédagogique est à la disposition des enseignants.
Dali sous toutes ses facettes
C’est toute la force de son oeuvre et toute la part qu’y tient sa personnalité, dans ses traits de génie, comme dans ses outrances, que cette exposition veut révéler. Créateur d’un univers onirique sans précédent, Dali est surtout connu pour ses tableaux surréalistes des années 1930 et pour ses apparitions télévisées. Inventeur de la fameuse méthode « paranoïaque-critique »( méthode qui consiste à interpréter le réel à partir d’une perception psychique) il s’est fait aussi l’écho des découvertes scientifiques de son temps qui l’amenaient à pousser toujours plus loin ses expériences sur notre rapport à l’espace, à la matière et au réel. Imaginatif, curieux et prodigue, l’artiste s’est pris pour sujet d’étude, notamment sous le prisme de la psychanalyse freudienne. Il a construit un personnage et s’est mis en scène. Ses actions dans la sphère publique, calculées ou improvisées, le font aussi apparaître comme l’un des précurseurs de la performance, un pionnier du » happening ».
Un parcours conçu en sections chrono-thématiques
Entré « corps », le visiteur repart « esprit », au cours d’un parcours chrono-thématique. C’est par un oeuf géant que l’on pénètre dans l’exposition, à l’intérieur, une photographie en noir et blanc montre Salvador Dali en position foetale. La rétrospective démarre ainsi par la naissance, et elle se termine symboliquement par la mort, avec une grande salle circulaire plongée dans la pénombre où l’on peut lire, sur le mur, une citation de l’artiste évoquant notre destin d’êtres mortels.
Entre les deux espaces, l’exposition montre la richesse, la folie, le baroque, l’imagination sans borne de l’oeuvre de Dali. Le visiteur découvre Figueres, la ville qui l’a vu naître, sa famille, ses premières oeuvres, dont » L’Autoportrait au cou raphaélesque », peint à l’âge de 18 ans, et inspiré par celui de Raphaël en 1506. Le parcours retrace sa vie d’étudiant jusqu’au surréalisme: son amitié avec le poète Frederico Garcia Loca et le cinéaste Luis Bunuel, leur collaboration pour le film « Un chien andalou » en 1929, son univers de nature onirique qui se met en place, sa passion pour Gala, sa rencontre avec les Surréalistes. Toutes ses toiles majeures sont réunies, » Le grand masturbateur », « Guillaume Tell », « Le spectre du sexappel », »La Pêche au thon », entre autre, et surtout « La Persistance de la mémoire », un prêt exceptionnel du MoMA de New-York, plus connue sous le titre « Les Montres molles », toile peinte en 1931.
L’exposition aborde également Dali historien de l’art, et ses introspections dans les oeuvres du passé, « L’Angélus de Millet », » la Dentellière » de Vermeer, « Le Narcisse » de Caravage, « Les Ménines » de Vélasquez, à qui il emprunte ses célèbres …moustaches. Le visiteur découvre aussi des oeuvres sur papier, des objets comme le « Téléphone aphrodisiaque », « La Vénus de Milo à tiroirs », des projets pour le théâtre, le cinéma, des photographies, des extraits de très nombreuses émissions de télévision, d’évènements, sans oublier le film publicitaire pour le chocolat Lanvin. Le délire dalinien opère toujours! A la sortie de l’exposition, le visiteur a bien conscience d’avoir découvert « le fou de meilleure qualité du monde « comme le maître espagnol s’ autoproclamait, tout en précisant » la différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas fou »!
Pour les enseignants
Un copieux dossier pédagogique est à la disposition des enseignants afin de les aider à découvrir l’exposition et de leur suggérer des pistes de travail avec leurs élèves.
Les visites de l’exposition libres, ou guidées , adaptées au niveau des jeunes, doivent être réservées auprès du service réservation de groupes.
Béatrice Flammang