La conjugaison de la semaine de la presse avec le numérique donne naissance à de multiples initiatives pour stimuler le goût d’écrire, de partager. Le projet des « journalistes en herbe » propose à des classes de découvrir chaque année un pays francophone . Après le Laos, le Mali, le Sénégal et Haïti, la Tunisie est cette année la destination choisie. Depuis la semaine dernière, Alain Devalpo, journaliste professionnel, transmet questions et messages des classes pour qu’elles puissent à leur tour raconter ce pays mis en lumière par sa révolution. Rencontre avec les initiateurs d’un projet qui tout au long de l’année permet de développer des compétences numériques et en communication.
Est-ce que vous pouvez rappeler les principes de « Journalistes en herbe »
Depuis plusieurs années, l’association Le retour de Zalumée propose une correspondance via Internet entre des élèves français et un journaliste en reportage dans un pays de la francophonie. Avec Journalistes en herbe, le journalisme participatif devient un outil pédagogique. Les classes se transforment en « rédactions » en contact permanent avec leur « envoyé spécial ». Les élèves choisissent les sujets de reportage, élaborent les interviews, guident le professionnel. Journalistes en herbe suscite le désir d’apprendre autrement, conjugue une éducation aux médias, à la citoyenneté et à la solidarité, sensibilise au développement durable et à la découverte d’autres cultures de la francophonie.
Pouvez vous nous présenter votre association et ce qui a motivé sa création et le projet ?
Journalistes en herbe est né du désir d’un reporter de faire partager à des élèves sa curiosité pour le monde et la joie de ses aventures en profitant des possibilités offertes par l’univers numérique.
Alain Devalpo, journaliste indépendant, collaborateur de médias nationaux (Radio France Internationale, France Culture, Le Monde Diplomatique) et étrangers (Radio Suisse Romande), auteur de plusieurs livres (dont deux en collection jeunesse) est à l’origine de cette expérience. Avec Erick Bureau, professeur d’histoire-géographie, il a crée l’association Le Retour de Zalumée qui travaille à la conception de projets établissant un pont numérique entre le monde du journalisme et l’univers scolaire. Eduquer à la citoyenneté dans la classe, à la solidarité dans le monde, sensibiliser au développement durable, découvrir la francophonie et d’autres cultures tout en favorisant les apprentissages scolaires sont les piliers de ce « pont ».
L’association bâtit une synergie entre journalistes, enseignants et concepteurs de l’univers numérique, tous déjà engagés dans le monde associatif.
Cette année, le thème porte sur la révolution tunisienne, pourquoi ce thème ?
Les journalistes en herbe ont déjà découvert le Mali, le Laos, la Casamance (Sénégal) et Haïti.
Les campagnes se déroulent dans des pays de la francophonie et nous changeons de continent chaque année. Les questions d’actualité ne sont pas au cœur des préoccupations des journalistes en herbe. Les reportages prévus en Tunisie sont multiples : le foot, l’école, les traditions, la cuisine, la « révolution », le dromadaire, les oasis, le désert, etc.
Quelles productions sont attendues, comment se déroulent les reportages ?
La première étape (novembre/décembre) consiste en une rencontre entre la classe et un journaliste pour discuter de ce métier et choisir des sujets d’enquête. Entre les vacances de Noël et celles de février s’établit une correspondance via Internet avec le journaliste en reportage. Après la « récolte » d’informations sur le terrain, les journalistes en herbe doivent produire de l’information. L’information récoltée est brute. Elle doit être classée, hiérarchisée, organisée pour être retransmise à un « public ». Les productions sont décidées par les élèves et leurs enseignants. La nature multimédia des informations transmises par le journaliste permet d’alimenter un blog, de réaliser des émissions de radio, des livres numériques, etc.
Quel est votre rôle tout au long du projet ?
Journalistes en herbe est conçu par et pour les enseignants et leur classe. Le journaliste est au service de la pédagogie. Il partage son expérience du voyage et ouvre son carnet d’adresse pour que les sujets de reportages soient le plus riche possible. L’association sollicite son réseau pour que les réalisations des élèves soient mises en valeur.
Combien de classes et d’élèves vont participer au projet ?
Le projet est ouvert aux classes du Cours préparatoire à la terminale. Cette année, treize établissements scolaires parisiens, plus de 250 élèves du CE2 à la Seconde et une vingtaine d’enseignants participent à cette nouvelle campagne. Nous limitons le nombre de classe à une dizaine pour que la relation entre le professionnel et les classes soient personnalisée. Les enseignants sont invités à trouver un financement pour participer, en partie, aux frais de chaque campagne.
Est-ce que vous comptez de nouvelles classes et pour celles qui ont déjà participez, constatez vous une fidélisation, une adhésion sur une durée longue au projet ?
Certains enseignants sont devenus « accros » et suivent le projet depuis plusieurs années. Nous restons en contact avec les enseignants des campagnes passées et certains reprennent contact après 2 ou 3 ans pour une nouvelle participation. Nous ne cachons pas le fait que ce projet demande un investissement important de la part des enseignants, cependant très rares sont ceux qui le quittent en cours d’année. C’est arrivé à 3 reprises en 5 ans. Le retour des classes est enthousiasmant. C’est d’ailleurs ce qui a fait tenir le projet quand les financements manquaient cruellement. Aujourd’hui, la situation financière du projet n’est pas encore pérenne mais elle est meilleure. Cette nouvelle campagne bénéficie du soutien financier du Conseil régional d’Ile de France, de la Fondation Veolia Environnement, du Rectorat de Paris et de la Mairie de Paris.
Le projet comporte une phase en amont, des outils mis à disposition, des objectifs croisés avec le B2i ; la dimension pédagogique est elle ce qui a selon vous séduit les enseignants ?
Depuis plusieurs années, l’association réfléchit de façon à ce que matériel multimédia récolté par le journaliste, qui est d’une grande richesse, puisse être exploité par le plus grand nombre. La campagne en Tunisie est l’occasion d’une collaboration pilote avec les éditions lelivrescolaire.fr.
Propos recueillis par Monique Royer
Des articles
Des « Journalistes en herbe » français dépêchent leur envoyé spécial en Haïti