Mouvement de recherche et de formation en éducation, le GFEN a beaucoup travaillé sur la maternelle et son évolution. Conseillère pédagogique, formatrice au GFEN, Sylvie Chevillard présente quelques conditions pour une véritable relance de la scolarisation précoce.
A la lecture de cette circulaire sur la scolarisation des moins de 3 ans, voici quelques pistes s’appuyant sur les travaux universitaires et ma pratique de formateur :
– pour la formation des enseignants, il est impératif que les enseignants aient des connaissances sur le développement du jeune enfant et sur les métiers de la petite enfance afin de pouvoir exercer leur métier et adapter les apprentissages aux exigences et besoins d’un jeune enfant. Il y a donc nécessité de prendre en compte les parents en tant que premiers éducateurs de leur enfant, quelque soi leur situation sociale et culturelle.
– pour l’accueil des moins de trois ans (voir même trois ans et plus) je milite pour une présence conjointe et complémentaire d’une enseignante et d’une éducatrice de jeunes enfants, qui ont un regard croisé sur l’enfant et ses parents, du fait de leur formation respective. (Exemple des dispositifs « Passerelle »* des deux ans). Dans des classes multi-âge, l’organisation de la classe doit permettre du « tutorat » entre les plus grands et les plus petits, ce qui facilite grandement pour ces derniers le « devenir élève », dans des temps de coopération et d’autres spécifiques aux apprentissages liés au grandir.
– Concernant les apprentissages scolaires des moins de 3 ans, il est impératif de travailler la séparation d’avec le milieu d’origine en même temps que d’installer un milieu sécurisant pour les enfants, dans lequel les adultes sont bienveillants, proposants, encourageants… et utiliseront le langage pour accompagner toutes les situations proposées.
– Il me semble incontournable de travailler avec les autres professionnels de la petite enfance dans le cadre du service public, et avec des associations (selon les cas) sous forme de convention afin d’offrir aux enfants et aux parents une continuité de l’accueil (ce qui ne supprime pas les ruptures – nécessaires pour grandir) et aux professionnels des cadres pour se rencontrer, travailler ensemble sur des problématiques spécifiques concernant ce type de public.
Sylvie Chevillard, formatrice, GFEN, Paris 8
Propos recueillis par Isabelle Lardon
* Ndlr : Les actions ou dispositifs « Passerelle » datent d’un protocole de 1990 (Lionel Jospin ministre) définissant un partenariat entre différentes institutions de la Petite enfance pour faciliter une médiation pour entrer à l’école maternelle. Une ressource pourtant peu exploitée, malgré l’efficacité démontrée.