Avec de l’énergie des volcans, on franchit les frontières. Nous avons rencontré Christine Hainaut au forum des enseignants innovants d’Orléans. Elle nous avait fait partager sa passion des volcans communiquée à ses élèves et d’autres encore en Europe. Un projet tellement convaincant et pertinent qu’elle a remporté le prix du jury. Quelques mois après, elle nous raconte son histoire pédagogique où les volcans sont le ferment de beaux échanges.
Au moment où nous avons joint Christine, elle venait tout juste de recevoir des collègues belges, français, italiens et allemands pour sceller la naissance officielle de leur projet Comenius. Une école polonaise a également répondu présente, Christine en a été enchantée. D’origine polonaise, elle a songé aussi à Haroun Tazieff et à sa biographie encore mystérieuse sur son enfance passée à Varsovie, une nouvelle pierre historique à apporter à l’initiative. La passion des volcans se partage au-delà des frontières éclairée par la figure du célèbre volcanologue. Frédéric Lavachery, le fils d’Haroun Tazieff, partage son héritage dans ce projet où l’exploration des paysages donne lieu à des explorations multiples.
La date de mai 2014 est l’objectif temporel. On fêtera alors à Privas, où Christine Hainaut enseigne en CM1-CM2, le centenaire de la naissance d’Haroun Tazieff avec un forum des sciences. Chaque école est impliquée dans l’évènement et pour que chacune se l’approprie, une exposition itinérante est en cours de conception. Le projet donne lieu à des découvertes ici et ailleurs. En février, les écoles se rencontreront en Sicile avec visite de l’Etna et du Stromboli. D’ici là, les français et les allemands auront conçu une fiche technique de méthodologie scientifique pour raconter le parcours d’une roche volcanique du lieu où elle a été ramassée au musée où elle est exposée. Une promenade géologique contée interactive est en cours d’élaboration.
Le projet de Christine s’ancre aussi dans le territoire. En octobre, elle a participé à la fête de la science en présentant un premier DVD réalisé par les élèves français de l’école de Lancelot sur les phénomènes éruptifs. Une conférence sur la vulcanologie était aussi proposée ainsi que de nombreux ateliers d’expériences scientifiques. Plus de 520 visiteurs sont venus sur le stand, un nombre remarquable pour une petite ville comme Privas. Certains ont d’ores et déjà proposé leur aide pour le grand rendez-vous de mai 2014. Les soutiens institutionnels se manifestent aussi : la mairie s’est déjà engagée, le Parc Naturel Régional a accordé une subvention pour la visite prochaine de la coupe de Jaujac, une coulée de lave visible à l’œil nu, une des plus grandes d’Europe.
Christine enseigne en CM1-CM2 à l’école Lancelot de Privas. Son projet dure plusieurs années. Les CM2 de l’an passé sont partis un peu tristes de quitter le projet. Une solution a été trouvée : en adhérant pour une somme modique à l’Association « Chœur et volcans de sources et de montagnes » ils peuvent participer aux ateliers du jeudi soir organisés à l’école. Cinq élèves sur neuf le font. Les CM1 qui ont commencé le projet cette année le connaissaient déjà car il existe un lien fort entre les classes au sein de l’école. Leur intégration dans l’initiative a été aisée. Le jeudi soir, tous ensemble, ils travaillent actuellement à l’étiquetage des roches ramassées lors des sorties géologiques de la classe sur les volcans ardéchois, un travail minutieux et plein d’apprentissages..
Le projet suit son cours, grandit et conquiert de plus en plus de gens. Un premier éclairage avait été apporté par le prix de la Fondation Hipoccrène. Le prix reçu au forum des enseignants innovants d’Orléans a achevé de convaincre. « Je suis revenue reboostée, ravie d’avoir rencontré d’autres enseignants ». De retour à Privas, elle a continué les échanges avec les enseignants rencontrés à Orléans sur twitter. Elle a aussi adopté une idée soufflée là bas : elle a inscrit son école au label « réseau des écoles UNESCO ». Et puis, pour son école située dans un quartier difficile, ces reconnaissances ne sont pas rien. Avec un taux de 60% de chômage chez les parents, dix huit origines différentes chez les enfants et de nombreux primo-arrivants, le tableau pourrait paraitre sombre. Construire un projet européen avec des échanges avec des collèges, des lycées, d’autres écoles dans plusieurs pays européens, donne aux enfants le goût d’apprendre et la fierté de faire. Christine le constate en observant les comportements, l’ambiance dans la classe où la motivation domine. Le nombre d’inscrits dans l’école a augmenté de 28 élèves cette année, une augmentation qui n’est certainement pas due uniquement aux retombées du projet mais dénote d’un regain de confiance envers l’établissement.
Christine participera du 23 au 25 janvier 2013 aux rencontres des écoles UNESCO à Paris où elle a présentera peut-être une nouvelle fois son projet dont les développements sont multiples. Le travail réalisé avec les élèves contribuera peut-être au dossier pour proposer l’inscription de la chaine des Volcans du Puy au patrimoine mondial de l’Unesco.. En juin, le PNR d’Ardèche accueillera une présentation du projet. « Tout ça s’imbrique et chemine bien. C’est motivant ». nous dit Christine. Et puis, les enseignants européens impliqués dans l’initiative envisagent déjà la suite, un deuxième projet coménius qui porterait sur l’importance de la faune et de la flore dans les parcs naturels régionaux. « On en a eu l’idée en observant les roches et en voyant les différents végétaux qui poussaient dessus ; c’est la suite logique..». L’aventure pédagogique de Christine Hainaut avec les volcans n’a pas fini de laisser naitre de belles histoires, comme celles que contaient Haroun Tazieff et qui petits nous faisaient rêver.
Monique Royer
Le site de l’école de Lancelot
Christine Hainaut au forum des enseignants innovants
La rencontre des partenaires du projet sur le site e-twining