Alors qu’on s’interroge sur la capacité du gouvernement à atteindre les objectifs de la refondation, une rénovation profonde mais muette s’opère dans le système éducatif. Celle d’une décentralisation accélérée qui n’est pas vraiment débattue alors qu’elle rompt avec une tradition française bien ancrée.
Fin octobre , un décret a instauré une double tutelle sur les établissements scolaires. » Le budget des établissements… est élaboré en tenant compte notamment du projet d’établissement, du contrat d’objectifs conclu avec l’autorité académique… ainsi que des orientations et objectifs fixés par la collectivité territoriale de rattachement » instaure un décret d’octobre 2012. Un autre service passe sous le controle des régions : celui de l’orientation. Les régions ont obtenu du gouvernement l’organisation du service public unifié d’orientation.
Une troisième étape est en cours avec le soutien officiel apporté aux projets éducatifs locaux. Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, un temps d’activités périscolaires va officiellement etre délimité et il devra être co organisé par les enseignants et la collectivité locale.
Certes cette situation existe déjà dans de nombreuses communes. Elle sera étendue à tous les enfants et inscrite dans la loi. Certes elle est banale chez nos voisins européens où la décentralisation est allée beaucoup plus loin depuis longtemps. Ici c’est bien une rupture. Alors que Chatel avait déconcentré la gestion de l’éducation nationale, Peillon pousse une véritable décentralisation.
Sera-t-elle acceptée ? On sent bien dans les réactions des enseignants du primaire à la question des rythmes que ce temps partagé avec l’autorité locale ne passe pas inaperçu. Le volume montant des financement publics aux PEL (250 millions aujourd’hui, 600 en 2014 ?) dans un contexte où les enseignants voient leur salaire net baisser depuis plusieurs années pourrait bien éveiller des problèmes.
Une chose semble certaine. Cette décentralisation inavouée, mise en place très rapidement, mérite d’être justifiée et expliquée. Ce ne sont pas les études qui manquent pour le faire.
François Jarraud