Quelques jours après la décision de F Hollande sur les rythmes scolaires, les villes poussent leurs Projets Educatifs Locaux (PEL) en avant. Yves Fournel, président du Réseau français des villes éducatrices, accompagné de plusieurs élus, dont Colombe Brossel, adjoint au maire de Paris, demande une consolidation des PEL par l’Etat. Elle passe par un nouvel effort financier de 600 millions. Pour le RFVE, l’école ne doit plus être la tour d’ivoire des seuls enseignants.
« Nous ne voulons pas être que des signatures en bas d’un chèque. Nous voulons refonder l’Ecole », nous dit d’emblée Yves Fournel, président du Réseau français des villes éducatrices (RFVE). Les 80 municipalités membres du RFVE défendent depuis des années les projets éducatifs locaux. Elles avaient même réussi, avant l’élection, à dégager un compromis avec les syndicats et les parents. Depuis il y a eu le débat sur les rythmes scolaires et l’arbitrage rendu le 20 novembre par François Hollande. Ce jour là, le président de la République débloque 250 millions pour aider les municipalités à mettre en place les rythmes scolaires et leur PEL dès 2013. Vendredi 23 novembre, Yves Fournel expose les attentes du Réseau.
« Les PEL sont des éléments fondamentaux pour améliorer les conditions de réussite des enfants », explique C. Brossel. Fort de cette conviction, le Réseau appelle l’Etat à consolider sa démarche sur les rythmes scolaires. « Il faut aller au bout », estime Y. Fournel. « Il n’y aura pas de refondation sans les PEL ». Pour donner aux PEL ses chances, l’Etat doit réellement permettre leur mise en place et lever les ambiguïtés financières et réglementaires.
Financières, car le Réseau des villes éducatrices estime que les 250 millions accordés par F Hollande ne correspondent qu’à la phase de lancement des nouveaux rythmes. « Quand on demande 600 millions on ne fait pas de surenchère », estime Y Fournel. Les 250 millions accordés sont juste suffisants pour lancer les nouveaux rythmes, mais « il faut construire le projet pour le long terme ». Financièrement, le Réseau compte sur la mobilisation du Fonds national d’action sociale de la CNAF pour permettre le développement des accueils de loisir sur ce nouveau temps périscolaire. C’est donc près d’un milliard que l’Etat devrait trouver pour financer les nouveaux rythmes selon le RFVE. Une somme peut-être difficile à justifier dans le contexte de rigeur budgétaire. L’opposition a déjà interpellé le gouvernement sur ce point.
L’aspect réglementaire est aussi important. Le RFVE attend de l’Etat un cadrage national des PEL qui reconnaisse le rôle des communes. Selon le RFVE, la loi d’orientation devrait fixer 4h30 de temps périscolaire par semaine dont 3 heures à la charge des villes et 1h30 faite par les enseignants (incluant 54 heures d’aide personnalisée) avec un groupe d’élèves. Il faudra donc coordonner le travail des uns et des autres. « On est les seuls à pouvoir coordonner tous les acteurs », estime Y Fournel. « Il est impossible de négocier cela conseil d’école par conseil d’école », estime-t-il, écartant une revendication du Snuipp. Le » RFVE attend du Dasen qu’il réunisse une fois par an les acteurs pour fixer le travail de chacun au niveau départemental. Le RFVE attend aussi de l’Etat qu’il donne le droits aux municipalités d’embaucher des emplois avenir et des jeunes du service civique.
Moyennant tous ces moyens, le Réseau est-il prêt à appliquer dès la rentrée 2013 les nouveaux rythmes scolaires ? Le RFVE entend soutenir administrativement les communes qui le demanderont. « On est prêt à aider les autres communes », assure C Brossel. Mais le RFVE pense plutôt à une montée en puissance sur plusieurs années des PEL. La mise en place d’un PEL nécessite des expertises que les petites communes ne peuvent s’offrir. Seules Toulouse, Brest et Lyon semblent prêtes dès maintenant à appliquer les nouveaux rythmes.
François Jarraud