Ce sont trois jours d’épreuves de technicité, de rapidité et d’endurance que vivent les quelque 800 candidats aux finales nationales des 42èmes Olympiades des métiers. « C’est dur » dit Jordan, un candidat de 21 ans en Contrôle industriel, qui obtiendra une médaille d’argent. Il a pourtant aussi participé aux Olympiades précédentes en Installations électriques. Pendant ce laps de temps, il a eu l’impression d’acquérir une certaine maturité et a pu augmenter son niveau de formation avec l’achèvement d’une première année de BTS CRSA. « Il y a une super ambiance parmi les candidats et les jurys, même si on a quelques soucis au niveau des épreuves ». Et que fera-t-il après la (ou les) compétition ? « Il me faudra inventer mon avenir » répond-il.
Dans l’espace infographie, Véronique, une des membres du jury, nous commente l’épreuve du jour. Les 17 candidats devaient réaliser, en temps limité, une boite d’emballage rectangulaire, avec des dimensions précises et dans un matériau imposé, en la décorant de motifs évoquant des jeux d’enfants figurant dans une base de données fournie. C’est la première année qu’elle occupe cette fonction et elle estime que pour le jury aussi, c’est une épreuve d’endurance. Elle y est venue parce que son apprentie, Prisca, qui vient de finir son Bac pro en alternance, a été sélectionnée pour la région Midi Pyrénées, en raison de la qualité de son travail mais aussi de ses qualités personnelles de dynamisme, de volontarisme et de rapidité.
En soins esthétiques, Patricia Carneiro, lauréate Ile de France 2011, et jury pour cette compétition travaille désormais dans un centre de formation. De l’autre côté de la barrière, elle dit mieux comprendre les exigences des épreuves, mais trouve toujours la compétition aussi passionnante et apprécie énormément les rencontres et les échanges. Sa collègue alsacienne, Véronique, participe aussi pour la 1ère fois, car l’Alsace n’était pas avant présente pour ce métier. Les candidats sont de bon niveau, mais il faut pour elle apprendre à gérer la compétition. La préparation a été lourde et les journées du jury sont longues et fatigaantes, mais elle est heureuse de cette expérience, d’autant que Strasbourg accueillera les finales des 43èmes Olympiades.
En art floral, Isabelle est jury pour la région Aquitaine. Formatrice en CFA, elle a été recrutée il y a quelques années et a constamment participé. Selon elle, le niveau des candidats est assez hétérogène. Cela dépend en grande partie de leur âge, estime-t-elle, et aussi de leur maître de stage. La plupart d’entre eux travaillent pour des rayons de grands magasins où les objectifs sont totalement différents de ceux des concours.Il se trouve qu’elle a entraîné Elodie, la candidate d’Aquitaine (qui obtiendra une médaille de bronze) titulaire d’un CAP et d’un Bac pro. Les épreuves ici mêlent imagination et technicité : il fallait entre autres créer un jardin évoquant les volcans, mettre en valeur une production locale, créer un écrin à couteau. Les candidats doivent faire preuve de beaucoup de précision et de confiance en eux. Mais cela n’est pas forcément visible par le grand public qui a souvent une appréciation des compositions florales différente de celle du jury.
Les candidats français se comparent-ils favorablement à leurs camarades internationaux ? Eric, l’expert technique peinture, estime que oui. Bien sûr cela dépend des années, mais le nombre de médailles et de médaillons d’excellence remportés montre que les français ont vraiment un très bon niveau. Les épreuves de peinture exigent s’adressent à des professionnels très complets, demandant là aussi des qualités artistiques indéniables alliées à une grande technicité. Un module de vitesse priviléie de plus la rapidité de l’exécution.
Jury en constructions métalliques pour les Pays de la Loire, Jérémy, candidat à Calagary en 2009, est heureux d’avoir changé de statut, mais il trouve les préparations et les corrections très intenses. Il a travaillé 7 ans, avec les Compagnons du devoir, un peu partout en France mais est maintenant installé dans une entreprise artisanale pour y effectuer des travaux très polyvalents. Les Olympiades ont pour lui un rôle fort nécessaire : montrer les changements et les modernisations des métiers, valoriser la formation professionnelle, conseiller et former les jeunes. Ici, c’est un moment exceptionnel de chaleur et d’échanges et les jurys sont toujours à la recherche d’activités qui mettent en parallèle leur expertise et celle des jeunes.
Venu en soutien de la compétition, Nicolas, peintre automobile en compétition au Japon en 2007, est toujours resté proche de l’organisation des Olympiades et a été adjoint à l’expert à Lille en 2009, un moment important pour lui. Il est désormais responsable d’équipe chez Toyota ainsi que formateur, mais envisage d’autres évolutions de carrière. Il a beaucoup apprécié l’organisation de cette année, « très bonne », l’outillage performant et abondant des espaces et la beauté du lieu. Pendant ces 3 jours, il a charrié pas mal de matériel, acccompagné différents orgnisateurs et surtout assuré une présence auprès des membres de la branche professionnelle venus en visite.
Françoise Solliec