Combien de fois vos oreilles se sont elles ébouriffées à entendre les opprobres tombées comme une grêle à l’heure des récoltes sur les jeunes, ces jeunes qui, gavés de jeux vidéos, ne respecteraient plus les règles basiques du respect et confondraient dans leur inconscient juvénile la violence de la virtualité avec la douceur de la vie ?
C’est fou comme les manifestations d’une incivilité que l’on attribue bien vite à une responsabilité qui nous serait extérieure sont jetées dans le panier d’un monde qui nous échappe, celui d’un univers construit sur des algorithmes, des lignes de programmation. Les lieux communs s’enfilent, telles les nouilles sur un collier de fête des mères et vite fait bien fait nos propres comportements d’adultes dans la vie de tous les jours sont lavés de leurs atours les moins reluisants à la machine de nos jugements à l’emporte pièce.
Qu’y a-t-il de plus violent que des manifestantes du Femen tabassées un jour de défilé homophobe à Paris, qu’y a-t-il de plus violent que des invectives lancées par des politiques en règne démocratique, qu’y a-t-il de plus violent qu’un SDF affalé au côté de son chariot plein de biens dérisoires au coin de la rue, qu’y a-t-il de plus violent qu’un bon mot désobligeant lancé au cours d’un conseil de classe ? La liste serait longue au jeu des « qu’y a-t-il de plus violent ? ». Et l’éducation dans tous les comportements de la vie nous impose une certaine exemplarité difficile à tenir.
Mais tout de même. Lorsqu’on constate, ou qu’on suppose, une montée de la violence dans les établissements scolaires, ne devrait on pas se poser pour se demander quel modèle nous offrons, quelle société nous dessinons pour favoriser une identification à des valeurs positives ? La violence sociale est réelle, les valeurs refuge artificielles pour une jeunesse perdue sont prégnantes. Il existe aussi des valeurs profondes qu’elles puisent dans le care, qu’elles se nourrissent d’humanisme, de bienveillance, qui nous aident à faire le dos rond, à se serrer les coudes par temps d’intempéries. Observer ces valeurs est un devoir d’adulte pour aider nos enfants à construire un monde de demain à l’abri des zones de violence. L’attirance pour la zone obscure se combat aussi dans un quotidien dont les couleurs se parent de vertus morales. Alors, parents, profs, acteurs de l’éducation au sens le plus large du terme, ne laissons pas le vert de gris, l’intolérance, le rejet de la différence investir nos actes et nos pensées. Les modèles sont nos propres chefs d’œuvre avec leurs algorithmes éminemment humains.
Monique Royer