« On a appris l’anglais avec les pieds ». C’est en sautant sur un tapis interactif que Sandra a révisé sa leçon de vocabulaire anglais. Elle a inauguré à sa façon, le 20 novembre, la « classe immersive » proposée par Microsoft, un espace modulable bénéficiant des technologies les plus récentes. Utilisé régulièrement toute l’année par la classe de Sandra, il devient un laboratoire des usages ouvert sur de nouvelles pratiques pédagogiques. La « classe immersive » peut se réserver en ligne.
La classe immersive « fait appel à tous les sens pour apprendre : le toucher, la vue, l’ouie ». Dans cet espace modulable, les murs, le sol, le mobilier sont interactifs. Il y a un TBI et des tablettes bien sur. Mais aussi des tables interactives, un mur relié à une Kinect, un écran de projection en réalité augmentée et bien sur le fameux tapis interactif dont a parlé Sandra.
Régulièrement, la classe immersive devient celle de Sébastien Chéritat. Professeur à l’école des chartreux d’Issy-les-Moulineaux (92) il a en charge une classe de ce1 – cm2. En lien avec le CDDP du 92 et l’inspection des Hauts-de-Seine, il bénéficie une fois par mois de cet espace. « On ne passe pas d’une pédagogie traditionnelle à une nouvelle approche », explique-t-il. « On reste dans une approche qui fonctionne. Mais on profite des outils pour bénéficier davantage de la richesse du groupe ».
S Chéritat prend soin de faire le lien entre la classe immersive et le travail fait en classe ordinaire. Ce qui l’intéresse c’est que les enfants puissent réfléchir sur la façon dont ils apprennent et bien sur de voir ce que peuvent apporter ces nouveaux outils. « C’est beaucoup plus motivant pour les enfants », estime-t-il. « Du coup les groupes sont parfois plus longs à se mettre au travail. il faut laisser le temps de la fascination passer ».
Avec la classe immersive, les enfants jouent à trier des déchets avec la table interactive. Elle sert aussi à trier des photos pour construire des chronologies. Le tapis interactif permet de jouer de la musique en sautillant ou d’apprendre des mots d’anglais ou de localiser des régions. La Kinect donne la possibilité d’interagir avec ses mais sur des objets virtuels. Le professeur utilise aussi des manuels numériques avec réalité augmentée qui sont projetés sur un mur. Ces usages sont suivis par l’inspection locale mais aussi par les chercheurs de Compas ou du groupe Edugame Lab. Et la classe immersive est prête à accueillir d’autres classes.
« Amener le numérique à l’école c’est passionnant« , a déclaré le président de Microsoft France, Alain Crozier. Il a rappelé la faiblesse des usages du numérique pédagogique en France. Pour Edouard Rosselet, Dasen du 92, « l’école doit s’adapter au monde actuel et aux nouvelles façons de penser de la société. L’innovation doit faciliter l’appropriation des connaissances et être au service de la formation du citoyen ». Plus blasés que les adultes, les élèves reformulent à la demande de leur maître ce qu’ils sont en train d’apprendre. On est bien à l’école.
François Jarraud