« L’intérêt d’avoir un écrivain dans sa classe, c’est tout l’inconnu que ça apporte aux élèves et au professeur ». Invitée au lancement de la 6ème édition du dispositif « A l’école des écrivains », Valérie Menut, professeure de français à Azé (53) témoigne de ses effets positifs. Mais comment faire entrer cette expérience littéraire dans les objectifs de l’enseignement du français ?
» C’est un crève cœur de voir que tant d’enfants vont a l’école a reculons ! ». George Pau Langevin, ministre de la réussite éducative, a lancé le 14 novembre une opération qui doit remettre les élèves en avant. Depuis 6 ans, « A l’école des écrivains », un dispositif initié par le ministère, avec le soutien de la Maison des écrivains et de la littérature et de la Caisse des dépôts, invite des écrivains à travailler durant une année, de façon régulière, avec une classe d’un collège rural ou de l’éducation prioritaire.
La littérature ca ouvre l’esprit
Et si G. Pau-Langevin est là cela tient bien sur aux particularités de ces collèges, mais aussi à sa passion pour la littérature. » Alors qu’on est dans une société de l’immédiateté , lire et écrire demeurent des aventures importantes qui permettent de voyager dans l’espace et le temps. J’entends parfois, notamment un ancien président, nous expliquer que lire des choses qui ne concernent pas notre vie quotidienne ça ne peut pas intéresser nos enfants. J’ai toujours vu le contraire. Lire et imaginer des pays que l’on ne connaît pas, des personnages comme la Princesse de Clèves, ça nous faisait rêver… Quand vous lisez c’est le monde entier qui vient à vous ».
Un écrivain à quoi ça sert ?
Face à elle, deux classes et deux écrivains. Hugo Boris s’invitera dans un collège ZEP du Havre. Elise Fontenaille travaillera les élèves de troisième de Valérie Menut, au collège Paul-Emile Victor d’Azé dans la Mayenne. L’établissement compte près de 500 élèves venus essentiellement de communes rurales.
« Le discours qu’on peut leur tenir est propagé par quelqu’un d’autre », souligne V Menut. « Par exemple accepter al lenteur, ne pas se fier au premier jet mais accepter que ce ne soit pas bien tout de suite. Et refaire son texte ». V. Menut participe depuis 3 ans à cette opération.
Comment intégrer l’écrivain dans son enseignement ?
« Avec l’écrivain on accueille aussi une oeuvre du patrimoine. Pour nous ce sera L’écume des jours de Boris Vian que l’on va étudier dans une séquence entière. Il y aura des études de textes, des sujets d’écriture, des évaluations », précise V Menut. « J’attends d’E Fontenaille qu’elle nous suggère des lectures qu’on fera tourner tout au long de l’année ». Les élèves n’aiment pas lire mais la présentation par un écrivain change leur regard. « Le bouche à oreille fonctionne. Les élèves finissent par faire la queue pour lire le livre que tout le monde veut avoir. Certains vont lire tous les livres. D’autres 2 ou 3. Mais tous lisent plus qu’avant. Environ la moitié déclarent écrire avec plus de plaisir ».
« C’est un cadeau d’être choisi par ce dispositif », estime Vincent Février, principal du collège. « Son caractère le plus précieux ? Il y a un fort espace de liberté dans la complicité qui se crée entre l’écrivain, la classe et le professeur ». A Azé ça déborde sur l’établissement. Au secrétariat du collège on a déjà commencé à lire Elise Fontenaille.
François Jarraud