Entamée à 18h30, la négociation entre les syndicats et le ministre sur la loi d’orientation et les rythmes scolaires s’est achevée vers 1h15 du matin. Avec des résultats importants selon les syndicats. Un terrain d’entente a pu être trouvé pour ouvrir une négociation trilatérale entre ministère, collectivités locales et syndicats. C’est dire aussi que rien n’est définitivement réglé.
« Il y a quelques avancées » nous a déclaré Christian Chevalier, secrétaire général du Se -Unsa à la sortie de la réunion. « Notre courrier commun a porté ses fruits » estime Sébastien Sihr, le secrétaire général du Snuipp. Depuis le 16 octobre, la question oppose nettement les syndicats au ministre et aux collectivités territoriales et menace de bloquer la refondation impulsée par V Peillon.
16 octobre : La double peine
Ce jour là , Vincent Peillon a présenté son projet qui demande aux enseignants de travailler le mercredi matin, de faire 23 heures de cours hebdomadaires plus deux heures en classe entière d’aide aux devoirs. L’enjeu pour le gouvernement c’est de respecter ses engagements de modifier les rythmes scolaires en ajoutant une neuvième demi-journée de classe sans laisser les enfants quitter l’école avant 16h30 et sans trop charger les finances des collectivités locales. Dans cette optique, pour peu que la pause méridienne soit élargie, les municipalités bénéficient d’un accompagnement scolaire. Pour les syndicats, c’est la « double peine » : les enseignants seraient contraints de travailler une demi journée de plus le mercredi matin, ils feraient 25 heures devant une classe entière au lieu de 24 heures, cela sans compensation. Ils quitteraient l’école aussi tard qu’avant « l’allègement » Peillon et pourraient même se retrouver le mercredi après midi à l’école pour les heures annualisées. Depuis le 16 octobre, la situation s’est durcie, les collectivités territoriales demandant l’élargissement à 2h ou 2h30 de la pause méridienne afin de garantir la fin des cours à 16h30 ou plus.
Le 12 novembre
Dans la matinée du 12 novembre, les trois principaux syndicats du primaire, le Snuipp, le Se-Unsa et le Sgen Cfdt ,ont envoyé une lettre commune à Vincent Peillon. Ils estimaient que » concernant l’organisation de la journée, le compte n’y est pas… 36 demi-journées supplémentaires de travail dans l’année génèrent des coûts pour les enseignants (frais de transports, garde d’enfants, etc.). Cette perte de pouvoir d’achat doit être compensée, d’autant plus que les professeurs des écoles sont déjà moins bien rémunérés que leurs homologues européens ». Ils demandaient une redéfinition globale du temps scolaire et des programmes. Enfin, pour avancer sur ce sujet, les syndicats pensaient qu’il « faut que les acteurs parties prenantes de ce dossier se parlent ». En conséquence, ils demandaient « de réunir une table ronde des représentants des collectivités territoriales, des familles et des enseignants ».
Les résultats
Suit le marathon du 12 novembre au soir. A l’issue de la discussion avec le ministre , vers 1h30, Sébastien Sihr, interrogé par le Café, annonce que « la lettre a porté ses fruits ». En effet, V Peillon a accepté l’idée de la table ronde « réunissant les acteurs de ce dossier ». « Il a remis son projet d’horaire au placard », nous dit S Sihr. « A coté des 24 heures d’enseignement, la discussion sur la définition des 3 heures restant va s’ouvrir ». Pour le Snuipp, ce temps devra prendre en compte, comme le mentionnait la lettre, « toute les dimensions du métier d’enseignant », y compris le temps de préparation et le travail en équipe ou les rencontres avec les parents.
Quelle solution financière ?
Il reste aussi à négocier la compensation financière pour les enseignants et le soutien financier aux communes qui devront mettre en place l’accompagnement éducatif de fin de journée. Sur ces points essentiels de la discussion, on reste encore dans le flou. Tout allègement horaire pour les enseignants aura automatiquement un impact sur les finances communales. Il sera peut-être plus facile de trouver le bon équilibre dans une discussion tripartite plutôt que par des débats séparés. La question pourrait aussi être tranchée par le Parlement.
La refondation sauvée ?
Vincent Peillon a-t-il sauvé la refondation ? Le conflit sur les rythmes scolaires risque d’écarter les enseignants du primaire de la bataille du redressement éducatif lancée par V. Peillon. Cela alors même que la portée éducative de la refonte des rythmes risque de ne pas être aussi importante que prévue.
François Jarraud