La formation des enseignants est une priorité affichée du gouvernement. Pourtant le projet gouvernemental ne convainc pas les spécialistes. Est-on en train de passer à coté d’une grande ambition pour l’Ecole ?
C’est un des engagements de François Hollande et c’est un des moins contestés. Rétablir une véritable formation des enseignant apparait comme une nécessité et une évidence aux acteurs de l’Ecole et même au-delà au grand public. L’époque où un ministre pouvait annoncer que le métier s’apprend sur le tas avec un vague tuteur est vraiment révolue et, pour la première fois, il semble qu’il y ait un véritable consensus pour une formation professionnelle. Vincent Peillon a commencé à dévoiler ce que devrait être la nouvelle formation des enseignants. Il prévoit d’ouvrir dès la rentrée 2013 des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé) avec un concours en fin de M1.
Cette proposition a bien des avantages. Elle rétablit une formation professionnelle qui avait presque totalement disparu avec la masterisation. Elle élargit enfin le vivier de candidats si limité en M2. Elle correspond à ce que demandent les directeurs d’IUFM. Enfin elle ne coûte pas très cher puisque la formation rémunérée se limite à une seule année.
Pourtant de nombreuses voix se font entendre contre ce projet. L’Expresso du 5 novembre montre à travers plusieurs témoignages des convergences dans les critiques. Le concours semble mal placé pour assurer une réelle formation professionnelle. La durée de la formation semble aussi trop courte pour satisfaire à la fois aux exigences d’une formation disciplinaire de haut niveau, d’une véritable initiation à la recherche et d’une formation professionnelle sérieuse. Qui peut croire que la formation professionnelle sera sérieuse l’année du concours ? Qui peut croire que l’initiation à la recherche aura vraiment lieu en M2 alors qu’il faudra acquérir les bases de la formation professionnelle ?
Tout cela serait moins grave si la formation continue pouvait consolider les apprentissages de l’année de M2. Mais le gouvernement précédent l’a pratiquement éradiqué pour faire des économies. Et V. Peillon ne semble pas plus avoir les moyens de la rétablir dans une dimension conforme aux attentes et aux besoins. Alors que le consensus semble exceptionnellement se faire sur une formation moderne et équilibrée entre savoirs disciplinaires et savoir faire, la formation des enseignants doit-elle être à nouveau sacrifiée aux contraintes budgétaires ?
François Jarraud