Au milieu du gué
La
priorité affichée dans les discours en faveur de l’école primaire
va-t-elle tenir dans les actes ? Ouvrant l’édition 2012 de
l’Université
d’Automne du SNUipp, Sébastien Sihr veut rendre compte des tensions des
négociations de la semaine : « Nous
avons contribué à porter dans le débat public nos exigences pour la
maternelle et de la scolarisation des petits, le « plus de maitres que
de classes », une vraie formation. Ces idées sont désormais passées
dans l’opinion publique : on n’ose plus contester que les premières
réussites, les premières préventions, construisent l’avenir des élèves
».
Mais il veut désormais qu’on passe aux actes : «
Certes, l’école, seule, ne fera pas de miracles face à la
discrimination et à la précarité. Mais l’école a ses responsabilités et
ses marges de manœuvre, et il faut prendre appui sur ce qu’elle
sait bien faire, et sur l’expertise de ceux qui la font vivre. Or, pour l’instant, les enseignants sont
les oubliés de la concertation ».
La
parole des enseignants des écoles doit donc davantage « irriguer la
refondation », et le SNUipp entend y contribuer avec son questionnaire
(plus de 20 000 remontées), afin de peser sur la loi qui sera présentée
en novembre, et sur les groupes de travail qui vont suivre : conditions
de
scolarisation des petits, accompagnement du « plus de maitres que
de classes », modification des programmes, évaluation, direction
d’école, formation… « Vous ne serez
pas tenus à l’écart et nous vous rendrons compte, pour que cette
priorité au primaire ne soit pas un
rendez-vous manqué, pour que la promesse de démocratisation prenne
corps, à partir du travail réel dans les classes et des multiples «
petits riens qui font la fierté du métier ».
« Fortement
engagée, la profession n’est pas assez reconnue. Il faut que ça change,
et que le ministère donne un nouveau souffle. » prévient à la
tribune Sébastien Sihr. «
Le débat sur les rythmes ne peut pas être bâclé en deux questions
budgétaires. Les enseignants ne seront pas les oubliés de la
réforme. Nous avons l’ambition de porter à la fois l’exigence des
contenus
pédagogiques et l’amélioration des conditions de métier. »
Pour
le syndicat, la profession est sur le bord du chemin depuis trop
longtemps. Il veut faire du temps de travail des enseignants est une
des pièces du débat sur la qualité de l’école primaire dans l’opinion. « L’Ecole primaire ne doit pas être le
terreau de la démagogie et de la polémique. » Fort
de 30 000 personnes viennent de répondre, en 3 jours, au
questionnaire-flash sur le temps de travail, montrant que les
enseignants passent 43 heures par semaine au travail, le SNUipp veut
mettre en lumière l’importance du travail caché. « Faire baisser la
charge d’enseignement à 24 heures et reconnaitre tous les aspects du
travail », c’est un exigence du SNUipp. Le raccourcissement de la
journée des élèves ne doit pas se faire sur le dos des enseignants. Sa
conclusion ramène à la priorité de la « transformation de l’école » chère
au SNUipp :«
Nous avons la promesse démocratique chevillée au corps, et votre
présence ici en est la preuve, vous qui ne vous résignez pas à l’échec
de certains de vos élèves. Ne lâchons rien sur nos exigences pour faire
bouger l’école » conclut-il sous les applaudissements des quatre
cents présents.