En principe tout devait les opposer. Est-ce l’effet de la concertation ? Toujours est-il que Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen Cfdt, Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa et Roland Hubert, co-secrétaire général du Snes, tous trois invités par l’Association des journalistes éducation le 17 octobre, ont plutôt montré des préoccupations communes sur la refondation.
« Il va falloir donner corps a la refondation« . Thierry Cadart rappelle que le Sgen s’est engagé dans la réussite de la refondation mais qu’en même temps « notre rôle est de faire remonter les inquiétudes ». Le souci est partagé par les autres syndicalistes qui rappellent qu’ils sont en négociation avec le ministère et que rien n’est joué. « On n’est pas des réformistes passifs », ajoute C. Chevalier.
La première inquiétude c’est les rythmes scolaires au primaire. Pour le cabinet de V. Peillon, « les horaires existants sont maintenus ». Effectivement les 27 heures hebdomadaires sont toujours dues. C’est la répartition dans la semaine et entre les heures en classe entière et les autres qui changent. Le cabinet n’exclut pas non plus l’idée d’une compensation. « On na va pas travailler plus pour gagner moins » déclare C. Chevalier. Le Se-Unsa voudrait obtenir des avancées pour l’accès à la hors classe des professeurs des écoles et les mêmes primes que dans le secondaire, en l’occurrence l’ISO.
La seconde inquiétude porte sur l’encadrement. « Peillon a une vision de l’Ecole. Mais il y a le poids de la structure », explique C Chevalier. « Ce sont les mêmes idées qui sortent des tiroirs ». Pour le Se-Unsa, la hiérarchie continue à traiter le dialogue social comme du temps de L. Chatel, ce que Peillon ne fait pas, et la caporalisme continue. « Il faut envoyer des signaux vers le terrain », demande T Cadart. « Par exemple des outils concrets pour le travail en équipe des enseignants ». Roland Hubert souligne le maintien des réformes Chatel, allusion sans doute à la réforme du lycée.
La réforme de la formation, avec le concours en fin de M1, n’est défendue par aucun des trois syndicalistes. Ils ne voient pas comment le concours pourrait se professionnaliser.
Et le socle ? « Il n’y a pas eu de vainqueur et de perdant », estime R Hubert. « Le ministère a évolué dans sa conception du socle » et du coté syndical « on est arrivé à un consensus grâce à la concertation ».
Les divergences restent sur l’approche par compétences. « Nulle part elle ne permet d’évaluer efficacement les élèves », maintient R Hubert. « Elle est utilisée dans tous les métiers où les compétences sont vitales » rappelle T Cadart. Mais dans l’immédiat, les trois syndicats s’inquiètent surtout davantage de l’annonce de la réforme des rythmes sur les professeurs des écoles. « Peillon devrait au minimum ne pas dégrader l’existant », lâche C Chevalier.
François Jarraud