« Gestion peu rigoureuse », « résultats modestes », « absence de contrôle ». A quelques jours de la Journée nationale du sport scolaire, le 19 septembre, la Cour des Comptes a publié un rapport accablant sur l’UNSS, cette union d’associations qui organise le sport scolaire dans le secondaire. Pour la Cour il est clair qu’il faille supprimer l’UNSS. « On peut en être fier » rétorque, avec de solides arguments Michel Fouquet du Snep-Fsu, le syndicat ultra majoritaire des professeurs d’EPS. Qui a raison ?
Plus d’un million de jeunes sont licenciés auprès des associations sportives du secondaire membres de l’UNSS. Et chaque professeur d’EPS bénéficie, selon des textes réglementaires peu assurés affirme la Cour des Comptes, d’une décharge réglementaire de 3 heures hebdomadaires pour animer les associations sportives et développer le sport scolaire. C’est justement cette décharge qui mobilise la Cour des Comptes.
La condamnation
Pour la Cour, l’UNSS échappe à tout contrôle. « Il n’existe pas de dispositif permettant d’évaluer de façon continue l’efficacité et l’efficience de la politique de « sport scolaire »… Le service réalisé sous la forme des heures d’enseignement affectées aux activités physiques et sportivs volontaires n’est pas en pratique effectivement contrôlé ». En termes plus directs, sans contrôle, ces heures ne seraient pas effectuées par les enseignants. La Cour met de toute façon en doute l’efficacité des A.S. Le forfait de 3 heures correspond à 4 800 postes soit près de 300 millions par an. Face à cet investissement de l’Etat, les résultats semblent insuffisants à la Cour. Les A.S. ne réunissent que 24% des collégiens et 14% des lycéens. Résultat, la Cour invite à l’intégration des activités sportives dans le service normal des enseignants ce qui permettrait de récupérer 4800 postes.
Silence rue de Grenelle
Rue de Grenelle, la publication de ce réquisitoire laisse de marbre. Personne ne veut commenter l’avis de la Cour. Et on renvoie à la réponse officielle du ministre à la Cour. Vincent Peillon vante « les souplesses liées au statut associatif avec la garantie de pérennité grâce au soutien de l’Etat ». « Si des évolutions sont nécessaires je considère que la solution la plus efficace… est de conserver l’économie générale de la formule actuelle », annonce-t-il. N’empêche , le pilotage par l’Etat sera renforcé promet le ministre.
Des accusations fondées ?
Ce silence confirme-t-il les accusations de la Cour ? Ecoutons l’avis des professeurs d’EPS à travers les arguments de Michel Fouquet, secrétaire national du Snep-Fsu. « Il est faux de dire que les A.S. ne sont pas contrôlées », affirme-t-il. « Les AS sont sous le contrôle du chef d’établissement qui est aussi le président de l’association sportive ». Même s’il n’est pas régulier comme celui des cours, il y a bien un emploi du temps des activités sportives. « Entre les entraînements, l’organisation des déplacements et des compétitions, les enseignants font bien leurs 3 heures hebdomadaires » affirme Michel Fouquet. Quelques coups de téléphone à des enseignants confirment que les 3 heures sont souvent dépassées, même si on reconnaît que parfois des enseignants en font moins.
Est-ce efficace ? « La Cour se rend-elle compte de ce que représente un million de licenciés sportifs ? », interroge M. Fouquet. « Qu’un collégien sur quatre participe volontairement à l’A.S. de son collège c’est formidable ! » Autre motif de fierté pour l’UNSS : les filles représentent 40% des licenciés. « C’est une performance » juge M Fouquet. « La volonté d’augmenter ç tout prix ce nombre et de faire du chiffre n’a aucun sens ». La cotisation payée par les familles varie de 15 à 25 euros par an, ce qui est très peu. Mais pour la Cour le coût global atteint les 300 euros par élève ce qui hisse les AS au dessus des clubs sportifs.
Profs d’EPS vs clubs sportifs
Faut-il confier les A.S. à des professeurs d’EPS ou les remplacer par des animateurs de clubs sportifs ? Pour Michel Fouquet, « le professeur d ‘EPS a un regard d’enseignant sur le jeune ». « Il a toujours présent à l’esprit, à coté des objectifs sportifs, ceux de l’école. Il travaille l’autonomie, la sécurité, le respect, la construction de la règle ». Il poursuit ses objectifs de bien être et de santé. « L’UNSS réussit à former plus de 100 000 arbitres, des jeunes qui endossent le maillot noir pour accompagner leurs camarades et qui apprennent les règles ». Une dimension citoyenne qui échappe aux clubs sportifs.
Alors pour M. Fouquet, le rapport de la Cour relève du mauvais procès. « La Cour a aussi dénoncé dans le passé les professeurs qui n’étaient pas devant des élèves », rappelle-t-il. Pour le Snep, elle semble confondre sport et éducation physique et sportive. Et ça ne se pardonne pas.
F Jarraud
Avis de la Cour des comptes
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