La Dgesco publie une série de fiches pratiques pour l’accompagnement personnalisé en lycée. Cela suffira-t-il à sauver une formule ouvertement contestée par l’Inspection générale et souvent détestée par les élèves.
Fiches pratiques
Trois ans après le lancement de la réforme du lycée, la Dgesco publie une série de fiches pratiques pour l’accompagnement personnalisé. » Un ensemble de modules pour l’accompagnement personnalisé au lycée de la seconde à la terminale, en voie générale et technologique et en voie professionnelle. Chacun d’eux est axé sur un thème précis et propose une description complète de la séance et des activités à mettre en oeuvre », annonce le site Eduscol.
Il est question du développement de la mémoire, de la gestion du temps, ou encore de la présentation de l’enseignement supérieur. Le site propose même une progression annuelle ponctuée de fiches pratiques. Et ces documents sont de qualité. Ainsi la fiche sur la mémorisation permet de faire travailler les élèves les différentes mémoires, de mieux connaître le fonctionnement de la leur. La séquence se termine d’ailleurs par une évaluation de la prestation par les élèves. Super !
Accompagnement en crise
Cette publication tardive suit la publication de rapports alarmants sur la qualité de cet enseignement institué par la réforme du lycée. « On constate une très grande difficulté », précisait le rapport Moisan Cuisinier en mars 2011. « On voit souvent resurgir les approches classiques de séances d’exercice ». Les élèves semblent déçus : « c’est un cours de plus avec des choses qu’on n’a jamais vues avant ». L’inspection notaient des réussites mais aussi des dérapages qui vont du cours approfondi à la méthodologie dégagée de tout contenu disciplinaire. Quant au rapport Viviane Bouysse, Ghislaine Desbuissons et Jean Vogler, tenu au secret par Luc Chatel, il était encore plus sévère. » L’expérience de plus de dix ans des modules et de l’aide individualisée ne semble pas avoir eu d’effets significatifs sur les pratiques des professeurs, démunis sur les stratégies et démarches d’aide aux élèves… Il y a peu de travail réel sur les mécanismes d’apprentissage des élèves », notaient le sinspecteurs.
A quoi ça sert ?
La publication de ces fiches, de cette progression est-elle à même d’améliorer les choses ? Sans doute apporte-elle une aide matérielle aux enseignants qui ont en charge de cet enseignement sans avoir aucune base pour le faire. Mais le problème de l’accompagnement personnalisé est plus profond. Relisons le rapport Buysse. » Les inspecteurs généraux ont souvent observé que, pour bien des acteurs rencontrés, ces dispositifs, ne serait-ce que par cette dénomination même, sont perçus comme des moments spécifiques qui se situent à côté ou en plus du temps ordinaire d’enseignement. Les enseignants y chercheraient à agir différemment, dans une relation d’aide, avec quelques élèves « en difficulté », sans croire pour autant qu’il faille également repenser leur pratique ordinaire de la classe. L’existence de ces à-côtés justifierait même qu’il y ait deux pédagogies parallèles : celle des dispositifs et celle de la classe ». Les enseignants seuls coupables ? » l’évolution de ces trente dernières années, rappelée dans la première partie du rapport, pourrait suggérer que les responsables ministériels sont passés de la volonté de modifier les pratiques au sein de la classe, par la « pédagogie différenciée », à la volonté d’obtenir ces changements au sein de dispositifs spécifiques, avec l’espoir que ceux-ci auraient un effet bénéfique sur les pratiques ordinaires. Les constats de la mission ne vont guère dans le sens de cet espoir. Si l’on veut réformer les pratiques pédagogiques, c’est bien le coeur de la classe qu’il faut viser ».
La publication de ces fiches remplit enfin un vide. Mais c’est bien le dispositif lui-même qui doit etre revu. Il est possible, mais pas certain, que la « refondation » s’en occupe.
François Jarraud
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