Primé au forum des enseignants de Lyon en 2011 pour son projet de twittclasse mené avec Amandine Terrier, Bertand Formet encourage les projets pédagogiques avec Twitter dans la francophonie. Il les recense aussi sur le site des twittclasses francophones, véritable vitrine des initiative et support d’échanges. Nous avons souhaité faire le point avec lui sur les utilisations pédagogiques du réseau social qu’il observe, des apprentissages et des pratiques que ces usages permettent.
Combien de twittclasses avez-vous recensées ?
195 utilisations passées ou en cours à cette rentrée 2012 mais ce n’est que mon propre recensement, j’essaye d’être le plus juste possible mais il y en existe certainement d’autres… Une dizaine de classes sont par exemple absentes du site faute de renseignements suffisants sur l’âge des élèves ou la localisation. Disons « environ » 200 utilisations principalement localisées en France et au Québec.
Elles concernent quelles classes ? Majoritairement en primaire ?
De la maternelle à l’université, avec effectivement un peu plus de classes de primaire puis à peu près autant au collège ou au lycée. Les professeurs documentalistes utilisent aussi l’outil Twitter pour communiquer avec l’ensemble des élèves. À l’université, j’ai recensé une dizaine d’utilisations, mais comme on dit, peut-être en existe-t-il d’autres.
Pour quels types de projets utilise-t-on Twitter en classe ?
Les objectifs principaux qui sont développés par l’utilisation de Twitter en classe concernent le français et/ou l’éducation aux médias. Il n’y a cependant pas d’objectifs-type, chaque enseignant développe des objectifs propres à sa classe (mathématiques, histoire, géographie, histoire des arts, etc.), sans pour autant mettre obligatoirement en place un projet particulier : au cycle 2 par exemple, Twitter peut être principalement utilisé comme un outil d’écriture des rituels ou de constructions syntaxiques particulières. Dans tous les cas, le fait d’écrire pour être lu reste une grande source de motivation des élèves : ces écrits sont envoyés par la classe et reçoivent très souvent des réponses.
Quels projets de l’an passé vous semblent particulièrement intéressants ?
L’année scolaire passée est je pense l’année de la collaboration pour les twittclasses. Beaucoup de projets ont été menés entre plusieurs classes ou ont fait appel à des ressources extérieures à la classe. Quelques exemples :
– #geometwitt, échange de programmes de géométrie entre classes de 6ème et de cycle 3,
– des échanges en anglais et français entre des élèves français et canadiens ou la réalisation d’un imagier en anglais entre trois classes de collège et cycle 3,
– #140etplus : un projet d’écriture collaborative entre une classe québécoise et une classe française qui a débouché sur la publication d’un livre numérique,
– les #photodevinettes qui ont regroupé plusieurs classes autour d’un détail d’une photo,
– le projet #DLAL qui a permis à trois classes de collège et de lycée d’échanger autour d’oeuvres choisies pour un prix littéraire,
– #reviserlebac engageant des élèves de Bac professionnel à interroger et à mobiliser de nouvelles personnes ressources sur des points du programme ou même à répondre aux interrogations de ces dernières.
Twitter permet également aux classes de communiquer et d’échanger autour de projets ponctuels. On a ainsi pu découvrir les photos réalisées par des élèves de CP à la manière de Doisneau, les conseils de sorcières d’une classe de cycle 3 repris ensuite en anglais avec une classe de collège, suivre des voyages scolaires en France ou chez les Inuits ou encore l’envol et la recherche après atterrissage de Mika, la marotte d’une classe de cycle 3, dans la stratosphère…
Cette année plusieurs classes ont utilisé Twitter pendant la semaine de la presse et des médias à l’école pour faire vivre leurs visites des médias ou encore pour interroger les médias sur leur utilisation de Twitter. Des classes d’immersion française ou de Français Langue Étrangère au Canada, en Inde, en Angleterre ou en Corée ont utilisé Twitter pour pouvoir échanger avec des élèves francophones. Il n’est pas possible d’être exhaustif et de citer tous les projets, chaque utilisation et chaque projet sont différents, tout simplement je pense car chaque enseignant adapte l’outil à sa classe, qu’elle soit en maternelle ou au lycée, en France ou dans la francophonie.
Twitter n’est que très rarement le seul outil de publication utilisé, il reste un outil parmi les autres outils de la classe (qu’ils soient d’ailleurs numériques ou pas), un outil pédagogique comme les autres : blogs, sites de classes ou d’école, pearltrees, outils d’écriture collaborative, présentations en ligne, etc.
D’après vous, pourquoi Twitter remporte t’il un tel succès auprès des enseignants ?
Je ne sais pas si on peut parler de succès mais d’un attrait pour les possibilités pédagogiques de l’outil certainement. Peut-être tout simplement car Twitter est un outil basé sur l’écrit et qu’il permet également de mettre assez facilement la classe en relation avec d’autres classes ou personnes ressources. L’ouverture de la classe sur l’extérieur est un atout : ouverture pour les parents, les autres classes, communication entre les élèves et/ou leur professeur en dehors de la classe dans le secondaire.
Les différentes publications, notamment celles des premiers enseignants qui ont utilisé Twitter mais aussi les différents écrits sur des sites institutionnels, ont aussi certainement aidé des enseignants à découvrir et à débuter sur un chemin déjà balisé par d’autres.
L’aspect collaboratif, en particulier avec la balise #twittclasse semble important. Les échanges de pratiques, l’accompagnement entre pairs sont ils réels ? Avez-vous des exemples ?
La balise #twittclasse est assez suivie, elle permet à chaque enseignant de se « retrouver » autour d’une même utilisation. Son avantage est d’y retrouver des enseignants ayant commencé à utiliser Twitter avec leurs élèves il y a deux ou trois années et des enseignants qui débutent : ainsi chacun peut poser ses questions, retrouver tel ou tel article, diffuser un projet en cours. La balise permet également de faire connaître les nouvelles classes.
Les exemples de la #photodevinette ou du tournoi #twittechecs illustrent bien je pense cette utilisation : des appels lancés via la balise #twittclasse ont permis à celles et ceux qui ont lancé ces projets de fédérer plusieurs classes.
Propos recueillis par Monique Royer
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