Par François Jarraud
Le ministère a présenté au CTM du 20 juin la répartition par académie des 1000 postes supplémentaires dégagés au primaire à la rentrée 2012. Les syndicats manifestent leur satisfaction malgré une répartition qui laisse des situations difficiles.
« Ce sont des soins d’urgence ». Pour Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, la répartition du millier de postes supplémentaires créés à la rentrée, laissera forcément les académies face à des situations pas faciles. Il faut dire que la répartition interroge. On voit Versailles (100 postes), plus richement dotée que Créteil (80). Rennes ou Grenoble avec 65 postes obtiennent plus que Lille dont on connaît les difficultés en terme de réussite scolaire. Toutes ces académies sont nettement favorisées par rapport à la Guyane où on sait pourtant qu’une proportion importante es enfants n’est toujours pas scolarisée. Enfin tous les DOM sont mis à la même enseigne (5 postes)… Corse inclus !
Soucieux de paraitre impartial, le ministère apporte des réponses pour chaque cas. Officiellement 4 critères sont utilisés pour affecter les postes : le niveau d’encadrement et l’évolution du nombre d’élèves, la difficulté sociale et scolaire, la défense des zones rurales. Ainsi la Guyane n’obtient que 15 postes car elle avait bénéficié déjà sous Chatel de la création de 18 postes. C’est au nom de sa situation sociale que Lille obtient 30 postes alors que son taux d’encadrement est convenable , estime le ministère.
Mais il nous apparait que le ministère a privilégié surtout trois critères dont deux n’apparaissent pas clairement. Le premier c’est faire jouer l’extincteur. Il faut d’abord rendre la rentrée possible. C’est parce que Versailles a plus de cas non résolus que Créteil qu’il est plus richement doté. Le second c’est que toutes les académies doivent apparaitre égales en dignité. Visiblement le ministre a écarté l’idée qu’une académie pourrait ne pas avoir de postes supplémentaires et il a veillé à ne pas blesser les susceptibilités même quand les situations sont différentes. C’est ce qui sous tend la répartition à l’identique entre Martinique, Guadeloupe et Réunion. Le troisième critère est peut-être l’accompagnement des stagiaires. Les syndicats y tenaient beaucoup et le ministre s’est engagé à revoir la formation des enseignants. « On a assez de postes pour que les stagiaires soient déchargés sur les premières semaines de la rentrée », nous dit-on rue de Grenelle, « même si cela sera plus difficile là où il y a beaucoup de stagiaires ». Le Snuipp a d’ailleurs demandé au ministère l’envoi d’instructions claires aux recteurs pour qu’ils organisent la rentrée en ce sens.
Globalement les syndicats sont satisfaits. « Le seul bémol c’est qu’il y a aussi des situations d’urgence au collège et en lycée professionnel », nous confie C Chevalier. « Le millier de postes ne peut pas prétendre remplacer les 5700 postes supprimés à la rentrée », explique Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. « Mais c’est une bouffée d’oxygène ».
Ce sont les académies qui vont maintenant gérer les nouvelles ressources. « On leur demande de l’objectivité » nous confie le cabinet de V. Peillon. La répartition se fera sous le regard des syndicats qui demandent la réunion des instances locales. Parfois c’est déjà fait. Ainsi dans le Pas-de-Calais, les 30 postes sont utilisés pour annuler 16 fermetures de clase dont 12 en maternelle et assurer 14 ouvertures dont 11 en maternelle. Cela semble très insuffisant au Snuipp local qui s’inquiète aussi du devenir des assistants de langues et des AVS. « Il faudrait créer 855 postes pour faire face aux besoins », nous dit le Snuipp du Pas-de-Calais. Le plan d’urgence de V Peillon ne peut annuler deux quinquennats de suppressions de postes.
Sur le site du Café
|
|