Chapitre 5 de notre saga de l’été
Est-ce par ce que certains géants de la téléphonie sont établis en Suède ? Je suis effarée du nombre d’enfants en possession de téléphones portables dernier cri. Le phénomène est commun en France, mais il me semble prendre une autre ampleur ici… Peut-être également parce qu’ils sont plus visibles, étant souvent autorisés en classe !
Dans lignée des idées reçues sur les pays nordiques, leur taux d’équipement informatique est souvent fantasmé. Il faut dire que le niveau de vie moyen est effectivement plus élevé dans cette zone de l’Europe. Cependant, si les nouvelles technologies sont bien présentes au sein des classes, le dépaysement n’est pas au rendez-vous : bien des classes françaises sont équipées de la même façon.
La différence concerne peut-être l’utilisation qui est faite de ce matériel. Lors de mes visites de classes en France, j’avais constaté que le recours aux TICE par les élèves était souvent relié à une volonté toute particulière de l’enseignant. En Suède, sur le peu de classes visitées en deux semaines, quasiment tous les professeurs encouragent les élèves à l’y rendre.
Et qu’y font-ils ? Recherches documentaires, logiciels éducatifs, navigation libre… L’outil numérique remplace naturellement une part de ce que Célestin Freinet préconisait à l’époque du « tout papier ».
« Internet permet de conserver l’actualité de la classe au XXIème siècle », me confie une enseignante. Perçus comme des outils indispensables pour l’apprentissage, certaines écoles ne lésinent pas sur les moyens : 5 à 6 postes par classes dont des ordinateurs portables, wifi à tous les étages, TBI, vidéoprojecteurs, postes en libre service dans les couloirs, blog participatif de l’école en ligne… Toutes ces mesures ne sont pas étrangères à la grande autonomie des établissements scolaires suédois. Les équipes dirigeantes, libres d’affecter le budget alloué et autorisées à rechercher des fonds complémentaires, peuvent choisir de financer massivement certains domaines, comme le numérique.
Un lien intéressant peut-être fait, non pas avec la santé de l’économie numérique locale, mais l’attention constante à une grande interactivité. Mon constat provient de la visite des musées de la ville. « Si les musées n’étaient pas attractifs pour les enfants, personne ne s’y rendrait ! », me dit-on en guise d’explication. Mais les Suédois ne perçoivent pas la différence qui me saute au yeux : ici, n’importe quelle salle de musée, exposition, projection est pensée conjointement à l’action qui sera proposée au visiteur. Atelier origami, broderie sur un coin de table, légendes d’objets sous forme de devinettes… le principe de la « Cité des Sciences » appliqué au Musée du Louvre !
Que ce soit au Musée de la ville consacré à l’histoire, au Musée du design, ou encore dans les expositions temporaires, il semble inimaginable que l’on ne propose pas visiteur une autre activité que la seule contemplation. Un positionnement qui permet de rompre avec la traditionnelle image des musées « trop sérieux » et parfois inaccessibles.
L’importance donnée au numérique dans l’école semble se conjuguer ici avec la place donnée à l’utilisateur ou au visiteur. Le principe pédagogie posé comme postulat à l’arrière plan est le suivant : pour être mobilisé, l’élève doit être acteur. Est-ce ici une évidence culturelle ? Après quelques recherches, je constate que l’université de Göteborg, comme à Stockholm, propose un diplôme sur la réflexion muséologue… Y délivre-t-on un enseignement qui fait la part belle à l’éducation nouvelle ?
Eva Ruaut
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