« Il est difficile de parler des pratiques d’enseignement en dispositif relais comme d’un objet homogène », explique une étude de la Depp (ministère de l’éducation nationale) sur les dispositifs relais. Elle souligne aussi l’ambiguïté de ces dispositifs qui fonctionnent parfois comme un soutien à l’intégration dans le collège d’élèves en difficulté, parfois comme un outil de relégation pour des jeunes trop remuants…
Les dispositifs relais représentent près de 450 unités, majoritairement des classes et près de 150 « ateliers ». Ils accueillent environ 9000 élèves des collèges qui cumulent souvent des difficultés. 71% affichent des retards scolaires d’un an ou plus, 30% sont déscolarisés et 31% sous mesure éducative. Les trois quarts sont des garçons.
Intégration ou relégation ?
Rattachés administrativement à un collège, mais pas toujours abrités sous son toit, ces dispositifs visent officiellement la réintégration au collège de l’élève. Mais de fait ils accueillent aussi des élèves perturbateurs , mis au ban du collège. L’étude d ela Depp montre que de ce fait des élèves qui auraient besoin du dispositif pour des raisons scolaires en sont écartés, la priorité étant donné aux perturbateurs. Les dispositifs sont aussi souvent trop coupés du collège. 52% sont hors les murs et la liaison avec l’équipe du collège est faible. Or » un dispositif relais situé à l’extérieur du collège de rattachement […] ne fait pas progresser l’élève. Il se sent en effet marginalisé, perd ses repères de collégien et ne songe qu’à retourner dans son collège d’origine », note l’étude. De même le retour au collège est rarement préparé avec les enseignants du collège ce qui ne favorise pas la réintégration.
Des pratiques pédagogiques différentes
« Les professeurs issus du premier degré modifient en général sensiblement leurs pratiques : en cherchant à s’adapter aux élèves en difficulté et à les mettre en situation de réflexion », note l’étude d ela Depp. , »Ils permettent à ces derniers de modifier leur rapport au savoir et de réaliser des progrès durant leur séjour. Les professeurs du second degré gardent plutôt une pédagogie globalement traditionnelle et risquent, de ce fait, de mettre en oeuvre des pratiques qui n’ont pas fonctionné sur ces élèves ». » Une seule modalité d’enseignement est commune à tous : les enseignants de dispositifs relais pratiquent peu l’exposé magistral, et cherchent plutôt à mettre les élèves en situation de réflexion (mise en activité des élèves et cours dialogué), et ce, plus souvent que dans leurs classes ordinaires ».
F. Jarraud