« Nous avons espoir d’être entendus », nous a déclaré Alain Refalo, un des dirigeants du mouvement des désobéisseurs. Combattus, sanctionnés sous les ministres précédents Ils seront reçus le 26 juillet au ministère.
En mai dernier, 60 professeurs des écoles » membres du Réseau des enseignants du primaire en résistance », demandaient « que soient levées ou effacées toutes les sanctions qui nous ont frappés et que soit symboliquement reconnue notre action pour la défense de l’école de la République ». Apparus en 2008, les désobéisseurs ont inventé une forme d’action collective tout à fait nouvelle. Ils se font connaître en refusant les programmes Darcos et l’aide individualisée. Ils annoncent qu’ils « entrent en résistance pédagogique » et créent un site et une structure commune. Des personnalités émergent comme Alain Refalo, Bastien Cazals ou Sylvain Grandserre. Pour Alain Refalo, la résistance pédagogique c’est « refuser d’appliquer les nouveaux programmes 2008 de l’école primaire et continuer à travailler dans l’esprit des programmes de 2002 ; refuser de se déclarer gréviste 48 h avant la journée de grève, mais prévenir les parents plusieurs jours à l’avance ; détourner les deux heures d’aide personnalisée en accueillant tous les élèves dans le cadre de projets coopératifs et artistiques ; ne pas collaborer à la mise en place du fichier Base Elèves ;… mettre en place une pédagogie de la coopération et du projet… ».
Sous Darcos ils symbolisent la résistance d’un groupe soumis à une pression, parfois même une violence, institutionnelle. Les enseignants sont obligés sous une pression hiérarchique tatillonne et de plus en plus affirmée à appliquer des programmes qu’ils jugent mauvais, à mettre en place des dispositifs comme l’aide individualisée qui, pour beaucoup, est un leurre pour les enfants et les familles, à participer à des évaluations trompeuses, bref à travailler mal et d’une certaine façon à se renier. Dans ce contexte, les « désobéisseurs » sont ceux qui disent non. Sanctionnés financièrement et administrativement, ils ne cèdent pas et hissent le drapeau qui rend furieux Xavier Darcos : celui de la pédagogie. Sous Chatel la chasse aux sorcières perd de l’intensité et aujourd’hui les « désobéisseurs » veulent leur part de victoire.
« Nous attendons que soit reconnue la légitimité de notre lutte pour la défense de l’école publique », nous dit Alain Refalo. « Considérant que les premières annonces du ministre (abandon des programmes de 2008, suppression des évaluations nationales dans leur forme actuelle, révision des rythmes scolaires) vont dans le bon sens, nous rappellerons les valeurs et l’éthique qui ont motivé notre désobéissance pédagogique. Nous redirons que le dispositif de l’aide personnalisée dans les heures non obligatoires doit etre abandonné. C’ est aussi un impératif pour réformer les rythmes scolaires, passer a la semaine de 5 jours et alléger la journée scolaire. Nous demanderons l’abandon du LPC informatisé et plaiderons pour des systèmes d’évaluation qui soient réellement au service du progrès des élèves. Nous redirons qu’il faut sortir de la culture de la performance et de la compétition et promouvoir les innovations pédagogiques qui vont dans le sens de la coopération en classe et entre les établissements scolaires ». Les désobéisseurs demanderont aussi la levée des sanctions qui les ont frappé.
F Jarraud