Souvent vanté et envié, le modèle social des pays nordiques est connu à l’étranger. Les citoyens du Nord de l’Europe le savent et ne tarissent pas sur la qualité de vie que permettent certains avantages. Tout repose sur une chose : l’organisation. Une organisation à laquelle le citoyen exemplaire est fier de contribuer. Il n’est pas rare d’entendre dire que le Suédois n’hésite pas à dire qu’il est heureux de payer des impôts.
Dans les nombreux squares de la ville, il est surprenant mais très commun de compter plus de pères accompagnant leur enfant que de mères ! Celles-ci sont pourtant statistiquement plus nombreuses à rester à la maison pour s’occuper de la vie familiale, notamment car malgré le versement par l’État d’une part importante des salaires pendant cette période, les salaires des femmes restent en moyenne inférieurs à ceux des hommes !
En échange, une grande qualité de service est attendue par chacun. Les Suédois qui vivent quotidiennement avec ces aides n’y renonceraient pour rien au monde : gratuité de la scolarité, exemption des frais d’université, prêts étudiants à taux réduit, congés paternité et maternité à rallonge… Pour chaque enfant, le père ou la mère peuvent bénéficier de 480 jours, à se partager comme ils l’entendent (60 jours pour la mère et 60 jours pour le père sont incompressibles), payés durant ce temps à 80% de leur salaires, et ce jusqu’aux 8 ans de leur enfant !
Car c’est aussi une grande attention à l’enfance qui transparaît de ce modèle performant. Au-delà du nombre incroyable de poussettes que l’on croise dans tout l’espace urbain (témoignant soit de la facilité d’accès, soit d’un baby-boom récent, soit des deux à la fois !), je suis frappée par la liberté de circulation dont jouissent les enfants, même très jeunes. À mes questions sur ce sujet, les Suédois que je rencontre me répondent que les adultes sont toujours présents pour « jeter un œil et être disponible ». En effet, il me semble constater cette bienveillance générale, émanant autant d’employés municipaux chargés des espaces verts que de promeneurs venus jouer au foot.
Chaque jour, les petits suédois peuvent bénéficier de repas entièrement gratuits. Pourtant, la Française que je suis en vient à presque regretter les cantines de l’Hexagone ! Si la quantité n’est pas surveillée, la diversité des plats est rare, la pause très courte et le goût pas toujours au rendez-vous !
L’enfant est un être plus faible et donc « à protéger ». C’est le sens de la loi de 1979 sur l’interdiction de la fessée. Par extension, tout geste ou propos pouvant être interprété comme violent doit être dénoncé par l’adulte qui le constaterait. Cela fait partie des « devoirs de citoyens ».
Mais jusqu’où cela peut-il aller ? Pour ce qui concerne les soins médicaux, les médecins interrogent les enfants sur les actions de leurs parents : les ont-ils correctement aidés à se brosser les dents ? ont-ils surveillé leur consommation de sucreries ? On me rapporte que des parents demandent à leurs enfants de mentir à ces questions… Le système aurait-il franchi une limite ? Et cela s’adapte-t-il à tous ? L’immigration longtemps encouragée par le modèle suédois donne parfois lieu à des tensions culturelles importantes. L’école, lieu de rencontre des parents et des enseignants en est parfois le théâtre.
Ainsi, le modèle prôné par la Suède entre-t-il en contradiction avec ses propres volontés ? il semble que le système nécessite de constantes améliorations et doive naturellement faire face à des difficultés plus grandes dans les périodes de tensions sociale et économique. Cependant, la Suède fait partie des États surmontant de façon étonnante les crises récentes que le monde en général, et l’Europe en particulier, traverse actuellement. Mais comment cela s’exprime-t-il dans les salles de classes ?
Eva Ruaut
A suivre…