Les nouveautés des programmes
Rédaction : Didier Missenard
L’algorithmique arrive au Bac
Comme rappelé l’an dernier déjà, on lit dans un texte paru au BO que : « Dans tous les programmes de mathématiques des classes de Première (à partir de la rentrée 2010) et Terminale (à partir de la rentrée 2011) sont ajoutées les deux dernières sections du programme de seconde intitulées respectivement : Algorithmique (objectifs pour le lycée) et Notations et raisonnement mathématiques (objectifs pour le lycée) ». Faire pratiquer l’algorithmique est donc un impératif pour toutes les classes de Lycée, et il ne faisait de doute pour personne que le bac 2012 proposerait des exercices fondés sur cette partie du programme !
Tentons une revue de détail sur les sujets de cette session déjà parus.
À Pondichéry, dans l’exercice 1 (un exercice de probabilités) est proposé dans la seconde question un algorithme, en pseudo code (avec une coquille…), réalisant un tirage aléatoire de cinq entiers distincts. La question propose quatre sorties, dont il est demandé lesquelles sont plausibles : la compréhension de l’algorithme permet de voir que deux des sorties ne conviennent pas, car y figurent deux entiers égaux. La question demande ensuite de décrire ce que cet algorithme réalise.
Au Liban, aucune question ne relève de cette partie.
En Amérique du Nord, dans l’exercice 2, un exercice d’Analyse, il est demandé d’écrire un algorithme permettant de trouver un entier qui rende vraie une certaine minoration : on doit y mettre en œuvre une boucle « tant que ».
En Polynésie, dans l’exercice 3, un algorithme est fourni, qui permet le calcul des termes successifs d’une suite récurrente. On y demande la sortie pour une entrée donnée. Après une étude mathématique de la suite, la dernière question de l’exercice demande de proposer un algorithme qui rende vraie une certaine majoration : il s’agit d’adapter l’algorithme initial, en y incluant une boucle « tant que ».
Enfin, le sujet métropolitain propose dans un des exercices (d’Analyse), un algorithme calculant une somme de fractions qui intervient dans le calcul de la constante d’Euler. La question demande une sortie correspondant à une entrée donnée, et une adaptation de l’algorithme pour qu’il fournisse un terme d’une suite de rang donné. Il suffisant de modifier l’instruction de sortie en y ajoutant le terme manquant.
L’algorithmique est donc bien au rendez-vous, dans presque tous les sujets, comme c’est souvent le cas pour les nouveautés. Hélas, il semble bien que le taux de non-réponse aux questions précitées soit très important… Faut-il en déduire que l’enseignement de l’algorithmique n’est pas encore entré de plain-pied dans beaucoup de nos classes ?
Les sujets sur le site de l’APMEP
http://www.apmep.asso.fr/BAC-S-2011-2012-13-sujets-12
Les nouveaux programmes de Terminale entrent en vigueur
L’année 2012-2013 verra la fin de la mise en place des programmes de lycée.
Les modifications sont très importantes en Physique-Chimie et SVT, ce qui ne manque pas d’inquiéter d’importance les enseignants de ces disciplines, mais sont aussi notoires en mathématiques. En TS, l’étude de la loi normale est une nouveauté, cet objet étant jusqu’ici étudié uniquement dans le supérieur. A contrario, disparaissent les barycentres, les suites adjacentes (qui y étaient apparues en 2003), et les équations différentielles, au grand dam des physiciens.
Le point sur les programmes, sur le serveur versaillais, Euler
http://euler.ac-versailles.fr/webMathematica/textes_officiels/index.htm
Le chantier de la formation
La masterisation de la formation va rentrer dans sa troisième année. Contrairement aux arguments défendus par le ministre Chatel, les effectifs aux concours n’ont pas évolué, et les perspectives sont plus que moroses. Les étudiants s’engageant dans les Master professionnels conduisant aux métiers de l’enseignement sont de moins en moins nombreux, et les universités ont toutes les peines du monde à les garder ouverts, pour préserver les expertises de formation qui y ont été développées : cette situation est particulièrement critique pour les mathématiques.
Le jury du CAPES de mathématiques pourvoira-t-il les 950 postes budgétés ? L’an dernier, sur un même total, il n’en avait pourvu que 496… Le ministre, comme en 1997, ouvrira-t-il le recrutement sur liste complémentaire ? Cela n’aurait rien d’impossible, au vu de la situation dans les académies, où les titulaires remplaçants sont souvent désormais affectés dès la rentrée, à l’année : de ce fait, les remplacements deviennent de plus en plus problématiques.
Dans l’année, il ne fait aucun doute que le Ministre ne propose un nouveau dispositif, en discussion dans le processus de concertation initié récemment, et qui devrait déboucher à l’automne. Il est grand temps…
L’article « Alerte sur le CAPES de Mathématiques » paru dans le Café en 2010
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/sciences/maths/P[…]
lectures de plage
« Réparer l’enseignement des mathématiques »
La revue « Commentaire » publie, dans son dernier numéro, 138, un dossier, coordonné par J-M. Kantor, contenant plusieurs articles relatifs à l’enseignement de notre discipline.
Ces textes réagissent relativement à un article de deux auteurs américains, Solomon Garfunkel et David Mumford, qui a fait grand bruit outre-Atlantique. M. Kantor a traduit et publié l’article dans Le Monde l’an dernier, ouvrant une polémique qui se prolonge dans ce dossier.
Pour simplifier, le débat tourne autour du caractère déterminant que doit avoir l’enseignement des mathématiques : faut-il l’enseigner pour elle-même, ou bien doit-elle intervenir comme outil pour résoudre des problèmes. Cette question est certes ancienne, mais elle revient en débat du fait des difficultés, dans tous les pays développés, pour amener les élèves à une culture scientifique conséquente.
On y trouvera des contributions d’auteurs variés de par leurs origines, et leurs opinions : ils sont seize à avoir accepté de participer au débat que J-M. Kantor a ouvert.
Voilà une belle lecture d’été, pour vous faire réfléchir à votre tour sur ces enjeux : de ces confrontations, sortiront des idées et des propositions qui, n’en doutons pas, trouveront un écho dans le dispositif de concertation mis récemment en place par V. Peillon (le site cité ci-dessous permet les contributions individuelles).
Petit bémol, la revue est un peu coûteuse (24€) ; néanmoins, pour ce prix, vous aurez aussi une lecture d’été sur « mondialisation et économie », « l’Europe », « le nouveau rôle du Conseil Constitutionnel », sur 350 pages de beau papier ! La revue, fondée par Raymond Aron, pose un regard « libéral » sur la société.
Le site de la revue Commentaire
Le site de la concertation ministérielle