La crise du recrutement des enseignants fait la une du Monde où l’éditorialiste écrit « La France doit investir dans ses enseignants ». Mais la mobilisation médiatique et politique pose aussi la question du statut des enseignants sur fond de concertation nationale…
« Sans entrer dans les raisons profondes de cette évolution, on notera que le métier de professeur a perdu de son attractivité, comme diraient les économistes : statut social et rémunération effondrés. Un enseignant « bac + 5″ débute sa carrière à 1 580 euros mensuels ; dix ans plus tard, il empochera à peine 1 900 euros. Ce sont des salaires inférieurs à la moyenne de l’OCDE », écrit Le Monde du 13 juillet.
Parallèlement la sénatrice communiste B. Gonthier Maurin, auteure d’un récent rapport sur le métier d’enseignant, note que les 700 postes sans titulaires au Capes pourraient encore augmenter, certains candidats se présentant à la fois au Capes et à l’agrégation. D’après elle, 70 candidats au seul capes de mathématiques devraient ainsi choisir l’agrégation, creusant encore le déficit du nombre de postes au capes.
Crise du recrutement et statut
Le débat se porte sur les solutions à apporter. On a vu Le Monde plaider pour une revalorisation salariale qui semble bien difficile à atteindre pour les 928 000 enseignants du public et du privé sous contrat.
B. Gonthier Maurin plaide pour la mise en place de pré-recrutement dès l’année de L3 dès la rentré prochaine. C’est aussi ce que demande le Snes, le Snep et le Suep Fsu. C’est justement la solution retenue par le gouvernement qui prévoit d’échanger une rémunération de 800 à 900 euros mensuels contre un engagement de servir dans l’enseignement et des heures d’assistant d’éducation. Ce pré-recrutement permettrait à des jeunes de milieu populaire de poursuivre leurs études jusqu’au master, et donc d’augmenter le nombre de masters, tout en leur faisant toucher du doigt la réalité du métier.
Le Monde propose plutôt une refonte du métier. L’éditorialiste parle de » crédits éparpillés n’importe comment dans une invraisemblable palette d' »options » d’études » dans le secondaire ce qui sous entend une réduction du nombre d’enseignants de façon à augmenter les salaires. Sur ce terrain, où le candidat Sarkozy s’était engagé, réduire le nombre d’enseignants n’est possible qu’ne augmentant le nombre d’heures de cours ou en réduisant le nombre d’heures de cours. Cette solution est envisagée par le ministre actuel au lycée. Le Monde estime aussi que la revalorisation passe par ne plus envoyer les jeunes enseignants en zep. On le voit la crise du recrutement pose aussi la question du statut. La question pourra-t-elle être éludée grâce aux seuls pré recrutements ?
François Jarraud