Historien de l’éducation, Claude Lelièvre est l’animateur d’un atelier sur la redéfinition du socle commun dans le groupe de travail sur la réussite scolaire. Il nous donne son sentiment sur les chances de cette concertation d’aboutir et d’influencer la loi d’orientation et de programmation.
On a connu bien d’autres consultations, par exemple la mission Thélot, qui n’ont abouti qu’à produire un rapport finalement ignoré des décideurs. Pourquoi devrait-il en être différemment avec cette concertation ?
La particularité de cette concertation c’est qu’il y a un canevas pré existant avec des engagements pris durant la campagne des présidentielles. Il y a des engagements à respecter. Et puis elle arrive à un bon moment. On est en début de mandat. Cette concertation n’est pas une diversion à des difficultés de l’école ou de la société comme on l’a vu lors de consultations précédentes. On est dans une situation en fait très différente des consultations que vous citez.
Cette concertation est-elle compatible avec le temps de la fabrication de la loi d’orientation ? Aura-t-elle vraiment la possibilité de l’influencer ?
La préparation de la loi d’orientation a commencé dès les primaires socialistes. Donc on n’a pas 3 temps différents et qui s’échelonneraient , celui de la concertation, du compromis social et du travail parlementaire. Et puis, ce qui va dans le sens d’une action publique effective, c’est que la concertation va devoir traiter de choix possibles.
La concertation réunit des gens d’opinions très différentes. Que peut-il en sortir qui ne soit pas déjà connu des politiques ?
Je suis frappé par le souci des organisations présentes d’arriver à un accord, la bonne volonté des dirigeants syndicaux. Ce serait suicidaire de manquer ce rendez-vous. On affronterait un retour de bâton terrible. On a une responsabilité envers tout le monde.
Quel sujet vous semble le plus difficile à traiter ?
C’est la question des rythmes scolaires. C’est là qu’il y a le plus d’enjeux pour l’organisation de l’école et aussi pour le rapport entre le local et el central. C’est vraiment un dossier de refondation. La vraie difficulté ce n’est pas tant la réorganisation du pouvoir au niveau local, c’est qu’elle incluerait une péréquation des ressources entre collectivités locales. Or en période de vaches maigres c’est très difficile.
Propos recueillis par François Jarraud