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Dernier jour de classe mais depuis quelques jours déjà un air de vacances s’infiltre dans les cours et dans les têtes. Heureux de laisser de côté le travail, tristes de quitter son quotidien professionnel peuplé de contacts, de découvertes, de déconvenues parfois, les sentiments balancent selon son bilan personnel d’une année par essence pas comme les autres.

La fin de l’année est comme un nouveau souffle, un pont que l’on emprunte sans regarder en bas, le flot du temps qui passe, des choses que l’on ne retrouvera pas et celles que l’on espère, que l’on devine ou que l’on ignore. Enseigner, malgré les routines qui rythment le métier, est un inconnu que l’on renouvèle marqué par la dimension humaine, une dimension imprévisible.

Cette année, plus encore, l’été sera une parenthèse entre deux histoires pour l’école, une parenthèse studieuse pour elle puisque témoins et experts se pencheront sur son avenir dans une série de consultations débutée le 5 juillet. L’école chancelle, l’école tousse, l’école bruisse aussi d’une énergie créative qui a illuminé le forum des enseignants innovants d’Orléans. L’école convoque des courants contradictoires, opinions divergentes sur ce qu’elle doit être, doit faire. Le Café témoigne de la vitalité désordonnée des acteurs qui la font vivre. Recevoir une écoute institutionnelle, montrer de près les passerelles qui se construisent entre l’éducation et son époque, sonnent comme une reconnaissance pour les enseignants, une graine de sérénité pour s’abandonner enfin à la farniente.

Les vacances arrivent et l’on rêve de ne rien faire, gagnés par l’ennui d’une journée sans rythme, absorbés par le chant des cigales, le ballet des oiseaux en quête de nuages. Le repos, le repos après une année rythmée par les annonces de fermetures de postes, de classes, de Rased puis enivrée par un doux espoir, modérée enfin par les effets de la crise.

On ne sait de quoi la rentrée sera faite, résultat d’une confrontation entre le réalisme économique et les nécessités d’une éducation rénovée. Alors lâchons prise et fermons les yeux. Ouvrons les sur des livres, des paysages, des tableaux, ouvrons nos narines aux senteurs de l’été. Rêvons dans cette parenthèse entre deux années qui ne seront pas tout à fait les mêmes, rêvons dans la lumière de l’été.

Monique Royer