Deux expositions parisiennes réunissent un couple mythique. Paris rend hommage pour la 1ère fois au couple tumultueux des années 1900, José Maria et Misia Sert. Peintre et décorateur, José Maria Sert, surnommé le « baroque moderne », est à l’honneur au Petit Palais, et Misia, sa première épouse, est la star de la nouvelle exposition du musée d’Orsay. Tous deux ont formé le couple mythique de la vie artistique parisienne des années 1900, et inspiré Cocteau pour sa pièce » Les monstres sacrés ». José Maria peignait des décors fabuleux pour les personnalités du monde économique et politique. Misia inspirait les peintres, les musiciens, et les écrivains, et soutenait les Ballets russes dans leur quête de renouveau chorégraphique.
L’exposition » José Maria Sert, le Titan à l’oeuvre » présente, jusqu’au 5 août 2012, 120 oeuvres de l’artiste catalan, dont des panneaux gigantesques, des maquettes, des esquisses et entend redonner sa place dans l’histoire de l’art à l’une des grandes figures « parisiennes » de l’art international du XXème siècle. Le musée d’ Orsay rend hommage, jusqu’au 9 septembre 2012, à » Misia, reine de Paris », muse, mécène et arbitre du goût pendant plusieurs décennies. Portraits, peintures, morceaux de musique, manuscrits, affiches, célèbrent cette personnalité magnétique qui inspira tous les artistes de son temps.
Petit Palais
Au Petit Palais, les visiteurs, dès leur entrée, sont plongés et enfermés dans un univers féerique par « Les quatre saisons », ces décors monumentaux, réalisés en 1917-1919, où l’artiste associe les quatre parties du monde aux quatre saisons. L’exposition suit ensuite un parcours chronologique, les commissaires ont choisi de faire pénétrer le public dans l’atelier de l’artiste pour montrer son originale et rigoureuse manière de travailler, outils et résultats sont mis en parallèle. Le séquençage de l’exposition reprend les grandes périodes de la vie artistique de Sert: ses premières commandes, son ascension, sa conquête de Paris, de l’Europe et de l’Amérique. Les premiers projets pour décorer la cathédrale de Vic, exposés au Salon d’Automne de 1907 le rendent célèbre. Il devient rapidement le décorateur le plus couru du tout -Paris. De décorateur pour particuliers richissimes, il devient décorateur institutionnel, et multiplie les projets pour une clientèle d’élite du monde politique et du monde économique. De grandes commandes publiques lui sont passées, la mairie de Barcelone, une nouvelle fois la cathédrale de Vic. L’artiste est reconnu mondialement, il « part » à la conquête de l’Amérique, où lui sont proposés à New-York les décors de l’hotel Waldorf Astoria et du Rockefeller Center. En 1934 il est chargé par le gouvernement espagnol d’une décoration pour la Société des Nations à Genève. La réalisation des décors publics diffère de la production des commandes privées. Pour résoudre les décors publics, Sert introduit dans sa méthode de travail, l’utilisation des mannequins de bois articulés qu’il photographie et qui lui permettent d’atteindre une grande abstraction pour traiter des thèmes d’envergure morale comme la Paix, le Progrès, la Justice…Dessins préparatoires, photographies de travail, mannequins et maquettes permettent de comprendre la méthode de création originale et rigoureuse de José Maria Sert. En regard de sa carrière d’artiste, sa vie personnelle est relatée. Ses amis se comptent parmi les musiciens, les peintres, les écrivains. L’exposition du Petit Palais met en exergue les créations artistiques de José Maria Sert sous l’influence de sa première compagne Misia, puis de sa seconde épouse Roussy, sculptrice d’origine géorgienne.
Orsay
L’exposition du musée d’Orsay se penche particulièrement sur les relations sentimentales de José Maria Sert et de Misia et sur le rôle joué par ce couple emblématique dans la vie artistique de l’époque. L’exposition « Misia, reine de Paris » célèbre cette muse des temps modernes qui présida aux destinées de l’art, du goût et de la mode pendant plusieurs décennies. Elle présente Misia en quatre aspects: la musicienne, la muse , la mécène et l’amoureuse. Le visiteur est accueilli en musique par » La valse », composition que Ravel lui a dédiée. Misia très jeune reçoit des leçons de musique de Gabriel Fauré, et aime à donner des récitals pour ses amis. Elle fréquente les compositeurs les plus inspirés de son temps, Debussy, Ravel, Stravinski, Satie, Poulenc. Les peintres Vuillard, Bonnard, Valloton la représentent jouant du piano. Son mariage avec le directeur de « La Revue blanche » propulse la jeune musicienne au centre d’un groupe de créateurs d’avant-garde. « La Revue blanche » couvre tous les domaines, politique, artistique, social, elle attire les meilleures plumes et les artistes les plus novateurs de l’époque. Portraits, affiches, photographies célèbrent Misia, omniprésente dont le charme slave magnétise les artistes. « La Revue blanche » en faillite, la jeune femme épouse le magnat de la presse Alfred Edwards et préside aux soirées mondaines du tout-Paris. Elle voit sa vie métamorphosée par la rencontre en 1908 avec José Maria Sert. Celui-ci l’introduit dans les milieux artistiques d’avant-garde et lui présente Serge de Diaghilev. Bouleversée par la révélation de Boris Godounov, Misia s’engage aux côtés de l’imprésario en apportant un soutien financier à son entreprise. Dans son salon, elle réunit le nouveau gotha artistique.
Lettes, manuscrits, partitions, dessins, photographies témoignent de ses relations et de son influence sur tous les artistes de son temps. Des costumes du ballet « Parade » sont exposés, cette composition crée en 1917 par Serge de Diaghilev, sur une musique d’Erik Satie, un poème de Jean Cocteau, des décors et des costumes de Pablo Picasso. La dernière partie de l’exposition « Amours, castagnettes et tango » relate plus particulièrement sa vie romanesque et ses relations tumultueuses avec ses trois maris. Misia ne se remettra jamais de l’abandon de José Maria Sert, son troisième époux, pour la jeune Roussy et tente de vivre un impossible trio qui s’achève avec la disparition de Roussy en 1938. Cette situation inspira « Les monstres sacrés » à Cocteau, ami du couple Sert. Le visiteur peut écouter la pièce interprétée par Jean Cocteau lui-même. Un film de Bobsie Chapman, tourné en 1934, où apparaissent Misia, Roussy et Colette clôt l’évocation de la vie sentimentale de cette personnalité hors du commun, témoin et acteur de la création française pendant près de soixante ans.
Les visites
Le Petit Palais organise des visites-conférences et des visites littéraires qui permettent de découvrir l’exposition à travers des textes, des récits, des anecdotes…en rapport avec la vie de l’homme et la création de l’artiste. Le musée d’Orsay propose des visites-conférences et deux concerts.
Les applications
A partir d’une photo de l’affiche » José Maria Sert », l’application Pixee donne accès à toutes les informations relatives à cette exposition. Elle est téléchargeable gratuitement sur l’Apple Store. L’application officielle du musée d’Orsay sous iPhone ou sous Androïd permet de disposer de tout le programme du musée.
Pour les enseignants
Le service éducatif et culturel du Petit Palais accueille et accompagne les élèves, notamment dans le cadre de l’enseignement de l’histoire des Arts et propose un programme varié d’activités adaptées aux différents niveaux de classe. L’équipe éducative du musée d’Orsay propose une palette d’activités très variées pour explorer à la fois les collections et les expositions du musée de façon vivante, privilégiant le contact avec les oeuvres.
Béatrice Flammang