Par François Jarraud
Dans un rapport publié le 29 mai, l’Unicef réévalue la pauvreté des enfants avec un nouvel indice de privation. Cela positionne la France dans les pays à forte pauvreté infantile.
Pourquoi s’intéresser à la pauvreté infantile ? « Les précédents rapports de la série des Bilans ont apporté la preuve factuelle du lien étroit unissant la pauvreté des enfants et une longue liste de risques sociaux et individuels, allant du mauvais développement cognitif aux difficultés comportementales croissantes, de la santé physique défaillante à l’échec scolaire, des compétences et des aspirations plus limitées au risque accru de dépendance à l’égard de l’aide sociale, d’une plus grande exposition aux grossesses adolescentes, à la probabilité accrue de l’alcoolisme et de la toxicomanie », affirme l’Unicef. Même s’il y a évidemment des exceptions, le lien statistique est établi. Luter contre la pauvreté infantile devient dans cette perspective de la bonne gestion prévisionnelle.
Mais comment calculé cette pauvreté ? L’Unicef utilise deux indicateurs. Le premier se base sur le revenu et calcule le pourcentage de familles dont le revenu est inférieur à la moitié du revenu médian. Avec un taux de 8,8% la France est classée derrière l’Allemagne, la Slovénie ou Chypre mais loin devant les Etats-Unis (23%) ou le Royaume-Uni (12%). Evidemment ce calcul est relatif au revenu national et ne signifie pas qu’une famille pauvre slovène ait un revenu supérieur à une famille américaine !
D’où l’idée d’introduire un autre indice, l’indicateur de privation. IL observe le pourcentage d’enfants privés d’au moins deux services ou biens dans une liste de 14. La France se trouve encore plus mal classée. Ce taux d’ailleurs double pour les familles monoparentales ou migrantes, triple pour les familles dont les adultes ont un faible niveau d’instruction et quadruple pour les chômeurs. Parmi les 15 pays les plus riches d’Europe, tous sauf la France et l’Italie, ont des taux de privation des enfants inférieurs à 10 %. En même temps la France est le pays de l’OCDE où l’Etat dépense le plus pour les enfants que ce soit en services, prestations monétaires ou allègements fiscaux.
Cette étude interpelle donc vivement les responsables politiques. L’engagement de revoir la fiscalité et la politique familiales se justifie au regard des taux produits par l’Unicef. Cela suffira-t-il à rééquilibrer les choses dans un pays où la pauvreté infantile est supérieure à celle des adultes ?
Le rapport
http://www.unicef-irc.org/publications/660
Les enfants pauvres délaissés par la République
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/leleve/Pages/2010/117_1.aspx
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