Par François Jarraud
La nette victoire de la majorité présidentielle et du seul PS semble donner les moyens nécessaires pour la « refondation » annoncée par François Hollande et Vincent Peillon.
Le calendrier en semble fixé. Le gouvernement assez discret jusqu’à ce second tour des législatives devrait imposer nettement sa marque sur les ministères. Rue de Grenelle comme ailleurs, les semaines à venir devraient voir des départs et des arrivées. Cet été, une « large concertation » aura lieu pour préparer la loi d’orientation qui devrait être présentée au parlement cet automne. Elle fixera les grandes lignes des réformes voulues et annoncées par François Hollande.
Restera le plus compliqué : rédiger les textes d’application. Parce que tout se joue véritablement là. Et là encore des négociations avec les syndicats et les différents acteurs, comme les collectivités territoriales, vont s’imposer. S’il y a des adaptations indispensables à faire pour la rentrée 2012, le changement en éducation c’est au mieux pour la rentrée 2013.
La majorité absolue accordée au seul PS va-t-elle faciliter les choses ? Sans doute. On avait bien perçu durant la campagne électorale des nuances entre les différents courants de la gauche. L’épisode de l’extension des vacances de la Toussaint montre que la prise de décision est parfois compliquée et contradictoire même au sein du seul gouvernement. Pour un enjeu d’assez faible importance – modifier le calendrier scolaire pour deux journées – le ministre de l’éducation nationale est repris par Matignon. Il l’avait déjà été pour un projet plus important : la semaine de 5 jours de classe au primaire. Cela semble indiquer qu’au sein même du PS il n’y a pas unanimité sur ce qu’il faut faire. Et particulièrement sur l’attitude à prendre avec les syndicats enseignants et les autres acteurs.
Encore a-t-on évoqué les seuls changements réglementaires. Mais changer les pratiques, intervenir dans la classe, comme le récent débat sur la notation l’envisageait, implique un travail plus profond de sensibilisation, de formation et de conviction. Le ministre a surement plus à gagner à se mettre en position d’arbitre entre les « réformistes » et les « républicains » qu’à affronter un camp. Le chemin de la refondation n’est pas une ligne droite…
Pas de surprise. Les syndicats s’attendaient à la victoire du PS aux législatives. Mais, au lendemain des élections qu’attendent-ils du gouvernement ? Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa Education et Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen, partagent leurs attentes.
« Ce n’est pas une surprise », nous confie Thierry Cadart. Le président a maintenant les moyens de mettre en oeuvre sa politique et on attend qu’il passe aux travaux pratiques. D’autant qu’on sentait de la prudence avant les élections. Le programme est fixé par les engagements du président », affirme T Cadart. « Je ne suis pas inquiet sur sa volonté d’aller de l’avant car il n’a pas d’autre choix. La seule incertitude quelle va être l’ampleur du processus de concertation ? C’est la question ».
Vous attendez des groupes de travail ?
« Ce sont les fédérations qui sont le plus à même de mener la discussion avec le ministre car elles sont plus à même de prendre ne compte les différents métiers de l’éducation », nous confie Laurent Escure. « Par exemple pour aborder la question de la formation des enseignants il faut avoir le point de vue des universitaires en plus de celui des enseignants ».
« Il faut un lieu, à côté du CSE ou du CTM, où les sujets puissent être creusés puis synthétisés avec un cadre plus large, où l’on puisse par exemple inviter les représentants de l’industrie touristique parler des rythmes scolaires », explique T Cadart.
Le calendrier
« Le calendrier est connu », estime T Cadart. « L aloi d’orientation est l’échéance principale et elle est attendue cet automne. La volonté de changement se mesurera à son contenu ». « On demande de la souplesse dans le calendrier », précise L Escure. »On a demandé que la concertation aille au -delà de juillet pour qu’elle soit suffisante ».
Le point prioritaire : le socle
« Tout est important car tout est systémique », explique T Cadart. « La priorité c’est le socle commun », affirme L Escure. « Après en fonction de lui on reverra les programmes, la façon d’enseigner.
Peut-on imposer le socle à une profession qui n’en a pas envie ?
« Est-ce à l’honneur de notre métier que de laisser un jeune sur cinq sortir du système éducatif sans rien ? », s’indigne L Escure. « C’est un gâchis énorme. La société nous offre 60 000 postes supplémentaires il va bien falloir honorer cette confiance. Le socle est un vrai choix de société. Et peu d’enseignants sont pour un retour à l’élitisme. » « Je ne pense pas que les enseignants soient opposés à l’idée de se mettre d’accord pour définir ce qui est nécessaire à tous les jeunes ne fin de scolarité obligatoire. La plupart des enseignants sont pour redéfinir le vrai sens des missions qu’on leur donne. Si vous donnez aux enseignants les moyens de mettre en oeuvre le socle ce sera populaire ».
Propos recueillis par François Jarraud
Sur le site du Café
|