Par François Jarraud
Si la montée du décrochage scolaire est un fléau pour le pays, qui et comment réagir ? Enseignant et président du groupe socialiste au conseil régional d’Ile-de-France, Guillaume Balas plaide dans une étude publiée par le Fondation Jean Jaurès, pour une forte implication régionale dans la prévention et l’accompagnement des décrocheurs.
Quelle est l’ampleur du phénomène ? On sait que le collectif des Déchiffreurs de l’éducation a mis en doute les chiffres communiqués par Luc Chatel. G. Balas part d’une évaluation de l’OCDE. » Alors qu’en France le taux de scolarisation baissait entre 1995 et 2009 de 89 % à 84 %, il progressait de 9,3 % dans la moyenne des pays de l’OCDE. Ainsi, rapportés à la population lycéenne (enseignement général et professionnel) de l’ensemble du territoire, ces 5 % d’élèves représentent entre 140 000 et 250 000 jeunes qui chaque année quittent le système sans diplôme ni qualification ».
Pour lui la droite a échoué à s’emparer du problème du fait même de ses conceptions politiques et sociales. « Le gouvernement (Fillion) entend remédier au décrochage scolaire en obligeant les jeunes en situation de déscolarisation à reprendre le chemin de l’école, de Pôle Emploi ou d’une entreprise… C’est aussi un moyen assez efficace de déplacement de la charge de la preuve depuis l’institution scolaire ou de l’état « social » des territoires vers les décrocheurs eux-mêmes. Dans ce cadre, il ne s’agit pas de démonter les mécanismes qui produisent le décrochage et donc d’identifier les causes du phénomène. Comment, avec ce postulat de départ, penser que l’on va tarir la source du décrochage ? »
Si le phénomène a une dimension scolaire, il a aussi pour G. Balas une dimension sociale et politique. « Les causes du décrochage sont multifactorielles. Les réponses à cette problématique sont diverses et hétérogènes. Il est donc important de traiter la question du décrochage selon la construction du processus. Daniel Allain, enseignant en SEGPA, résume parfaitement la situation : « Dès lors que les causes du décrochage sont multiples et que cela ne touche pas seulement l’école, la prise en charge doit être inter-catégorielle. Donc, oui, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans ce cadre ». Je propose que la collectivité régionale travaille sur toutes les étapes du décrochage : en amont avec la prévention – rapport au savoir et aux apprentissages – ; pendant la prise de distance effective de l’élève – accompagnement à la scolarité et soutien à la parentalité – ; et ensuite avec le retour en formation – options et possibilités offertes aux jeunes et à leurs familles. ».
C’est donc un appel à un pilotage régional des politiques de lutte contre le décrochage que lance G. Balas. En Ile-de-France cela devrait se traduire par des Assises régionales à l’automne. Parallèlement à l’action de l’Etat, avec la nouvelle loi d’orientation, les collectivités locales sont invitées par G. Balas à se mobiliser pour réduire ce fléau social.
Guillaume Balas, Lutter contre le décrochage scolaire. Vers une nouvelle action publique régionale, Fondation Jean Jaurès, 2012.
L’étude
http://www.jean-jaures.org/Publications/Les-essais/Lutter-contre-le-decrochage-scolaire
Sur le site du Café
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