Par François Jarraud
Cette année encore, un nombre croissant d’usagers ont saisi la médiatrice de l’éducation nationale, annonce-t-elle dans son rapport 2011 remis le 28 juin. Il révèle qu’un parent sur 10, un enseignant sur 3 ont eu à faire face à un différend en 2011. Mieux vaut être un professeur d’allemand agrégé en lycée qu’un professeur d’EPS ou de lettres en collège…
Le flot des réclamations a continué en 2011, explique Monique Sassier, médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Avec l’aide de son réseau de médiateurs académiques, elle a reçu 9239 plaintes individuelles en 2011, soit 14% de plus qu’en 2010. Les deux tiers proviennent d’usagers et cette proportion est croissante.
L’avalanche des actions collectives
Parmi celles-ci la médiatrice a extrait de nombreuses plaintes concernant les masters. Les conditions d’admission et de passage de M1 à M2 sont montrées du doigt par la médiatrice pour leur absence de transparence. Des règles occultes écartent par exemple les titulaires de licence professionnelle du M1. Elles existent également pour l’admission en M2. M. Sassier donne en exemple le master de psychologie où même de bonnes notes ne permettent pas de trouver une place. Une des recommandations de la médiatrice tend à rendre publiques les règles de passage en M1 et M2. Une autre recommandation concerne les BTS. La médiatrice demande qu’on rendre publique les taux de réussite des établissements.
La particularité de 2011 a été l’explosion des actions collectives, représentant environ 15 000 réclamations, à ajouter aux 9239. Ainsi l’annulation d’une question de l’épreuve de maths du bac S en 2011, les conditions de passage du BTS NRC en Ile-de-France ou encore la théorie du genre dans le programme de SVT de première ont généré des actions collectives qui ont débordé les moyens limités de la médiatrice.
Une éclairante enquête de victimation
L’autre nouveauté de 2011 c’est l’enquête de victimation qu’a fait réaliser la médiatrice par TMO régions sous le contrôle de la DEPP (ministère de l’éducation nationale). 2000 parents, 2000 enseignants, 500 chefs d’établissement ont été interrogés sur les différends qu’ils auraient pu rencontrer avec l’éducation nationale. L’enquête montre la réalité des problèmes rencontrés sur le terrain, dont une faible partie seulement se retrouve dans les plaintes adressées à la médiatrice.
Un parent sur dix a eu un problème avec l’éducation nationale en 2011. Dans la plupart des cas il s’agit de problème relationnel, ou de désaccord sur les méthodes de l’enseignant. Dans à peu près la moitié des cas le problème reste pendant. En tous cas, le conseil de classe ou le livret de liaison ne sont pas considérés come des outils pour régler les problèmes. C’est le rendez-vous qui reste la piste privilégiée des parents.
Un enseignant sur trois a eu un différend en 2011
L’enquête apporte beaucoup sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans les classes. Un professeur des écoles sur cinq, un professeur du second degré sur trois (36%) déclare avoir eu au moins un différend en 2011. Dans la grande majorité des cas le problème concerne la vide de la classe, plus rarement le déroulement de carrière et les relations avec la hiérarchie. L’enquête fait apparaitre els catégories les plus touchées par ces différends : les professeurs d’éducation musicale, d’EPS, d’espagnol, de lettres, les PLP et les chefs d’établissement sont particulièrement exposés. Les agrégés, les professeurs de disciplines professionnelles du tertiaire, les professeurs d’allemand ou d’histoire-géographie rencontrent moins de difficultés. Les entretiens avec les enseignants montrent un vrai sentiment d’abandon. C’est particulièrement le cas au collège qui est le premier lieu de tension dans le système éducatif.
Tout cela démontre, si nécessaire, l’utilité de la « soupape de sécurité » du ministère de l’éducation nationale. Mais la montée des tensions chez les usagers, celle du sentiment d’abandon chez les enseignants des collèges, sont autant de défis à relever par la nouvelle équipe. Pour le moment les plaintes continuent à progresser sur le bureau d ela médiatrice. A quelques jours des résultats du bac, elle annonce déjà une hausse de 12% en 2012 par rapport à 2011.
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