Peut être parce qu’enfin le parfum de l’été chatouille nos narines, sans doute à cause de l’inévitable frénésie de la fin de l’année, dans les temps de repos de nos cerveaux pressés émerge le vœu d’une vie au travail changée.
On en parle peu de ce drôle de malaise dans la salle des profs, un lieu que l’on suppose lorsqu’on ne le connait pas, plein d’une effervescence teintée de concentration. Le collectif, on le suppute, mais ne s’agit il pas plutôt d’une somme d’individus, mis ensemble dans un même contexte, pour exercer un rôle que l’on suppose identique mais dont l’interprétation varie sans que l’on s’y attarde. Qu’est ce qui est partagé dans le fond ? Un métier, une fonction, un objectif ? Le corps enseignant s’avère protéiforme. Et loin de cette uniformité qui facilite la simplification des discours, il se compose de différences y compris dans la vision de la fonction et la façon de la vivre, de la mener.
Trouver du sens et du plaisir dans ce que l’on fait, est une gageure lorsqu’on slalome entre les règlements, les injonctions, les inclinaisons personnelles et les contraintes d’une Ecole qui ne se définit plus vraiment. Le sens pourrait se trouver dans le collectif, une idée partagée de ce qu’est enseigner mais tant de divergences existent sur l’acte, sur les attentes autour de la relation pédagogique qu’il serait vain de chercher un sens commun. Vain ? Pas si sur ! Mettre du liant dans la salle des profs peut se faire, se fait déjà dans quelques établissements autour de projets qui fédèrent.
Mener de tels projets suppose de la concertation, de la co-construction, deux termes aux antipodes d’une gestion des relations humaines traditionnellement descendante. Cela demande aussi de laisser de côté nombre de certitudes pour interroger ses pratiques, confronter ses idées à celles des autres, faire émerger un objectif commun. Et lorsqu’il faudra se mette en action, les cloisonnements entre les espaces, les disciplines, les classes seront autant d’obstacle à gommer comme des traces paralysantes d’une organisation désuète mis prégnante.
On parler de réforme, de changement dans les rythmes scolaires, dans la formation des enseignants, dans l’organisation des cycles de l’école, on s’attarde peu sur la vie même dans l’établissement, les relations professionnelles, les ressources humaines, la formation des chefs d’établissement, la structure verticale du système éducatif. Il y aurait pourtant tant à faire à commencer par prendre le temps d’écouter pour reconstruire en profondeur.
Peut être que ce temps arrive, l’été est bien arrivé.
Monique Royer