Par Françoise Solliec
Cela fait longtemps que les enseignants ont découvert l’intérêt de faire travailler les sur des élèves documents numérisés. Mais les outils nomades comme les tablettes semblent faire franchir encore une étape, notamment pour des élèves en situation de mobilité, en EPS par exemple, ou, comme ici, en atelier professionnel.
Pierre Dumouchel est professeur au lycée professionnel Léonard de Vinci de Saint Germain en Laye et estime que ses 20 élèves de 3ème année de bac pro Maintenance des équipements industriels, MEI, sont un peu des médecins des systèmes automatisés. C’est d’ailleurs en voyant un reportage en milieu hospitalier qu’il a eu l’idée d’équiper ses élèves de tablettes interactives, pour faciliter les travaux de diagnostic, maintenance et réparation en atelier.
Si les élèves travaillent beaucoup avec des ordinateurs pour la partie construction, ils ne disposent en atelier, pour la maintenance proprement dite, que de gros classeurs papier, malcommodes et en mauvais état au bout de quelques années d’utilisation. Il a donc pensé à numériser ces documents pour les transporter sur des outils mobiles et a sollicité le dispositif Creatice de l’académie de Versailles pour un prêt de 10 tablettes pendant 6 semaines.
« Le temps de préparation a été relativement long » explique Pierre Dumouchel « et le projet s’est affiné au cours du temps, avant même l’arrivée des tablettes ». Un support technique a été offert par l’équipe Créatice, dont c’était la 1ère expérience en lycée professionnelle. Le matériel prêté comprenait les 10 tablettes en rack pour une charge facile et un ordinateur pour le stockage et le transfert.
Les élèves, dont la plupart possèdent des iphones, se sont tout de suite sentis à l’aise avec le matériel, malgré les contraintes dues à sa fragilité ; des coques ont été achetées pour la protection des tablettes et des règles strictes d’utilisation ont été définies. Ils ont très vite appris à consulter les documents numérisés et à aller chercher des informations supplémentaires. Ils ont aussi ajouté des photos ou des vidéos. Ils ont pu passer une première épreuve du baccalauréat avec et se sont entraînés pour la seconde épreuve, mais ils n’ont pas pu en disposer pour l’examen, à leur grand dépit.
Pendant toute la période du prêt, les élèves se sont sentis faire partie d’un projet et ont été extrêmement actifs, à tel point que l’équipe du CRDP qui suivait l’expérience a décidé d’en tourner une vidéo, visible sur le site de la web TV. Par un heureux hasard, les journées portes ouvertes se sont déroulées alors que les élèves disposaient des tablettes et cette façon de travailler a suscité beaucoup d’intérêt chez les élèves de 3ème et leurs parents et a sans doute changé leur représentation du métier. D’ailleurs, déclare en souriant Pierre Dumouchel, les demandes pour la section MEI sont très nombreuses cette année.
Au sein du lycée, l’administration a aussi été convaincue et il a été décidé, outre une demande au conseil régional, d’acquérir quelques tablettes sur fonds propres. « Ces tablettes ne sont cependant pas que des outils ludiques ou de communication » estime Pierre Dumouchel. « Elles facilitent le raccrochage des élèves, permettent d’utiliser des documents plus précis, de travailler davantage en autonomie et de rendre des compte-rendus agrémentés de photos et montrant que les élèves ont bien saisi le sens de ce qu’on leur demande ».
En perspective, en espérant bien que le lycée disposera de ces tablettes l’an prochain, quitte à renouveler l’emprunt, une utilisation plus globale des fonctionnalités de l’outil, notamment avec des fichiers sons, et peut-être davantage de tutoriels sur la mise en sécurité.