Par Françoise Solliec
Les usages des TICE en cours de français sont maintenant nombreux : cartes heuristiques, écriture collaborative, écriture sur blog, sur Twitter ou sur Facebook. Mais dans quelles circonstances les faire entrer dans une pratique, régulière ou occasionnelle ?
Françoise Cahen est professeur de lettres au lycée Maximilien Perret d’Alfortville (94). Elle a commencé à utiliser un espace collaboratif il y a 6 ans, avec la préparation de l’agrégation interne. Enthousiasmée, elle n’a cessé depuis de faire découvrir ce type d’outils à ses élèves. « Chaque année, je tente d’explorer différents chemins. Je ne fais pas tout avec des TICE, loin de là, mais j’essaie d’inventer des scénarios pédagogiques en fonction du matériel utilisable (classe nomade par exemple) ».
Le travail collaboratif et l’écriture sur blog sont des constantes d’année en année. Ainsi, elle a partagé une plate-forme avec une collègue de Besançon pour étudier les mêmes œuvres et corriger des devoirs. Elle a voulu rééditer l’expérience avec une classe de terminale, mais celle-ci s’est montrée réticente et elle n’a pas poursuivi l’expérience. Avec une classe de 2nde, en revanche, elle a pu travailler sur une pièce de Marivaux et leur faire écrire commentaires et questions pour réaliser « un petit classique » interactif, agrémenté de jeux et illustrations. Il n’y a plus maintenant qu’à le fabriquer avec Didapages.
« J’ai lancé d’autres élèves sur de la twissertation et je suis extrêmement satisfaite du résultat » déclare Françoise Cahen. « Ils ont produit 40 à 50 tweets chacun sur le thème « Médée est-elle un personnage condamnable ? D’habitude l’introduction et la conclusion sont bien réussies, mais les développements sont plus faibles. Là, le tweet a aidé à l’écriture longue ».
Françoise Cahen aime bien aussi utiliser les cartes heuristiques. Elle préfère cependant que ce soit après une première prise de connaissance d’un texte, pour réorganiser les idées, « sinon les élèves sont plutôt désorientés ». Une telle expérience pour préparer l’oral de français en 1ère est décrite sur le site lettres de l’académie de Créteil. En 2nde, ce procédé est aussi utilisé pour l’orientation : à partir d’un métier ou d’une formation qui leur plait, les élèves branchent des associations comme les salaires ou les conditions de travail.
Avec une classe de 2nde, elle a posé la question Bel-Ami est il un réseau social (travail qui a fait l’objet d’un précédent article dans ces pages) et a constaté qu’après la première surprise de devoir utiliser Facebook en classe, les élèves se sont complètement investis dans l’exercice, ont créé des profils, se sont corrigés les uns les autres pour un beau résultat d’écriture. Le projet avait préalablement expliqué en réunion de parents et un certain nombre de garde-fous posé par rapport à la sécurité sur Intenet. Mais il faut toujours veiller affirme Françoise Cahen « à bien ancrer ces expériences dans le programme ».
Ces activités sont souvent ponctuelles, quelques heures en général, sauf le blog qui est un outil continu à l’année. Il est l’occasion de consigner les sorties, les réflexions de l’enseignement littérature et société et sert d’espace d’expression par rapport à des articles ou des ouvrages qui recueillent parfois des avis très opposés. Un prix littéraire a été mis en place depuis 11 ans et est l’occasion de faire se rencontrer les classes. Mais il s’ouvre parfois aussi sur l’extérieur : un écrivain est venu au lycée rencontrer l’élève qui s’était exprimé très négativement par rapport à son livre. Cela a été aussi l’occasion d’être invités à des émissions littéraires. « Les TICE permettent des aventures et des rencontres inattendues » !