Vincent Peillon a annoncé le 14 juin son intention d’augmenter de deux journées les vacances de la Toussaint sans augmenter le nombre de jours de congés. Cette annonce a fait réagir Matignon qui parle de simple « piste ». Les acteurs concernés manifestent leurs réserves. Le dossier des rythmes scolaires est bien une question impossible.
« Attentif au vœu émis par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) le 8 juin sur le calendrier 2012-2013, le ministère envisage, dans un premier temps, un rééquilibrage de celui-ci », annonce un communiqué ministériel. « Afin de décharger un premier trimestre unanimement considéré comme très lourd, il est donc proposé de rallonger de deux jours et demi les vacances de la Toussaint et de répartir ces journées sur le reste de l’année scolaire. Les cours reprendraient le lundi 12 novembre au matin au lieu du jeudi 8 novembre au matin ». Auparavant , dans L’Est républicain, le ministre avait à nouveau présenté la réforme des rythmes scolaires comme « la réforme centrale ».
Le communiqué ministériel a immédiatement entrainé des réactions. Comme il l’avait fait le 18 mai, immédiatement Jean-Marc Ayrault a recadré son ministre. » On ébauche des pistes mais il faudra creuser davantage. Le ministre va engager une concertation dont les contours vont être définis début juillet et qui aura lieu tout le mois de septembre », a déclaré le premier ministre avant d’ajouter « on a le temps de trouver les bonnes orientations ensemble »…
C’est que les propos de V Peillon ont fait sortir du bois les acteurs.. Au CSE du 8 juin, les organisations syndicales étaient apparues divisées sur la question des congés de la Toussaint. Le Se-Unsa avait voté pour l’allongement des vacances de Toussaint mais le Snpden avait refusé de voter le texte. Même écart à la Fsu entre le Snuipp, favorable, et le Snes défavorable.
Le syndicat des hôteliers, l’Umih, demande une concertation avec le ministre. Il craint que les deux jours de la Toussaint soient pris sur d’autres congés. Mais la critique la plus forte vient de l’Andev, une association regroupant les directeurs de l’éducation des grandes villes. Reçue le 13 juin au ministère, l’Andev estime ne pas être entendue. Elle dénonce » une illusion de concertation ». » Quelle surprise d’entendre Vincent PEILLON annoncer qu’il est favorable, tout de suite, à un allongement des vacances de la Toussaint 2012, qui compteront deux jours et demi de plus. L’ANDEV est bien sûr favorable au cadencement.. Mais quelle prise en compte a-t-elle été faite des communes qui ont déjà organisé leur calendrier et leurs prévisions budgétaires et d’effectifs pour ces congés de novembre 2012 ? » Anne-Sophie Benoit, présidente de l’Andev, revient aussi sur la pause méridienne d’1h30. » Quelle surprise encore d’entendre le Ministre parler d’une pause minimum d’une heure trente pour la restauration scolaire. Là encore, l’ANDEV est favorable à ce que la pause méridienne devienne un temps éducatif plein et entier. Mais s’agit-il ici de reporter l’aide personnalisée le matin ou le soir, ou bien encore d’obliger les communes à élargir la pause méridienne à deux heures, sans autre considération, ou bien enfin de supprimer cette aide personnalisée, par ailleurs décriée par certains. Aucune de ces trois hypothèses ne nous semble satisfaisante. » Elle rappelle ainsi que toute modification des rythmes impacte les collectivités territoriales et que rien ne peut se faire sans elles. .
Le ministre a beau annoncé que « le nouveau calendrier sera présenté devant la commission spécialisée du CSE le 20 juin et examiné par le CSE le 28 », JM Ayrault a fixé un calendrier plus lointain (fin septembre). La question des rythmes scolaires s’annonce tellement centrale qu’elle semble échapper à la rue de Grenelle.
François Jarraud