Réalisé en juin 2011, le rapport de l’Inspection générale pointe déjà les défauts du dispositif phare de Nicolas Sarkozy : un coût extravagant pour un dispositif qui ne concerne qu’un millier d’élèves qui sont trop rarement de milieu populaire.
Hasard des missions : c’est Jean-Paul Delahaye, l’actuel conseiller spécial de Vincent Peillon qui pilote le rapport sur les internats d’excellence, un des principaux dispositifs de N. Sarkozy. Lancés en juillet 2010, les internats d’excellence ont vocation » à promouvoir l’égalité des chances pour les élèves et les étudiants d’origine modeste, notamment issus des quartiers de la politique de la ville et de l’éducation prioritaire, et à favoriser la mixité sociale au sein des établissements « .
Des éléphants blancs..
Mis en place en catastrophe pour satisfaire au plus vitre le président, les internats ont des statuts très différents et souvent sont installés de façon sommaire. Il sont parachutés en ignorant totalement les politiques locales et le rapport souligne l’opposition de la plupart des conseils régionaux pour qui ces internats accélèrent la ségrégation scolaire.
Et le rapport ne cache rien du coût de ce dispositif. Pour les inspecteurs, le millier d’élèves en internat d’excellence coute 500 millions d’euros en 2011. En frais de fonctionnement, non compris les salaires du personnel enseignant et autre, le coût de chaque élève se situe entre 2 000 et 10 000 euros / élève. A cette somme il faut ajouter « le taux d’encadrement très élevé » constaté. A Sourdun on ne compte que 20 élèves par classe. En moyenne il y a un emploi pour trois élèves ! Pour autant, malgré l’avalanche de moyens et la population ciblée, les internats d’excellence ne sont pas gratuits…
Un public qui ne correspond pas aux annonces
C’est aussi que les élèves accueillis sont loin d’être des élèves excellents mais de milieu défavorisés. Le rapport souligne des niveaux scolaires et des CSP d’origine fort disparates. Ainsi tel internat compte à la fois un fils d’enseignant et un fils de proviseur dans ses élèves. Globalement seul un tiers de s élèves relèvent de la politique de la ville. La plupart du temps on a inscrit e internat d’excellence non pas des élèves brillants mais de jeunes perturbateurs. Un élève sur quatre a d’ailleurs démissionné en cours d’année à Sourdun.
En conclusion, les auteurs estiment que » l’observation des premières expériences suscite, à ce stade, non pas des réserves mais certaines interrogations ». La question de leur pérennité est ouvertement posée. » C’est tout l’enjeu de la « soutenabilité » d’une opération qui a pu bénéficier, dans le cadre des investissements d’avenir, de moyens exceptionnels mais que leur caractère d’exception, précisément, fragilise ». Couteux, délégitimé par l’analyse de leur public réel, les internats d’excellence semblent condamnés. Survivront-ils à la publication de ce rapport ?
François Jarraud