Par Marcel Brun
David Hebert est enseignant spécialisé à Colmar. Le 1er juin il sera àOrléans pour le 5ème Forum des enseignants innovants. Grâce aux TICE, et malgré les fortes turbulences de ces dernières années, il tente de concevoir une autre forme de classe ouverte d’aide psychopédagogique en RASED, la classe OuverTICE. Une classe en réseau, équipée, où les élèves en difficulté viennent au sein de groupes, liés par un ou plusieurs projets, pour créer, chercher, inventer, expliquer, questionner, découvrir, produire, s’entraîner et partager sur la toile sous des formes diverses. Mais son projet n’est pas un long fleuve tranquille. Il raconte, non sans passion, et son histoire devrait parler à bien d’autres écoles…
Quelle a été l’origine (la personne, l’évènement, la rencontre…) de votre projet ?
Il n’y a pas spécialement de personne, d’évènement à l’origine du projet. C’est la conjonction entre l’arrivée sur un nouveau poste, la rencontre avec des élèves qui m’étaient adressés avec une demande d’aide, un nouvel espace classe, la présence d’un réseau internet sur les écoles de la commune, et la richesse des apports de mon réseau Twitter, véritable outil de formation continue. C’est au sein de ce réseau naissent et se partagent de nouvelles idées, expériences, ressources, que se découvrent de nouveaux supports, de nouvelles applications, et gonfle d’énergie, pour oser se lancer dans des expérimentations qui puissent rendre mes actions d’aide et de remédiation toujours plus efficaces et performantes. Mais ce sont aussi des moments de rencontre IRL comme ces forums des enseignants innovants nationaux et internationaux, où encore des groupes comme le Laboratoire Ephémère de l’Innovation Pédagogique dont je fais partie, qui sont de véritables «catalyseurs de motivation et d’énergie», fabuleux «instemps» pour alimenter l’envie d’innover et d’entreprendre avec les élèves et les collègues sur de nouveaux terrains, de nouveaux espaces pédagogiques et de recherche. C’est d’ailleurs ma première participation au Forum à Dax en 2010 qui m’avait fait découvrir l’intérêt professionnel d’un tel réseau social, me permettant de faire perdurer l’émulation qu’avait créé le Forum du Café Pédagogique où le Prix du Public m’avait été offert pour le début du projet des Petits Dictionnaires des P@reils. La participation au Forum Mondial venait mettre une délicieuse cerise sur ce délicieux gâteau de rencontre et d’émulation.
Un autre élément important à l’origine de ce projet était l’occasion donnée par la restructuration annoncée des RASED, pour proposer et essayer de mettre en place quelque chose de différent, qui me paraissait plus efficace, plus intégré, moins superficiel, que certaines approches de la remédiation spécialisée dans la grande difficulté scolaire telle qu’elle étaient préconisées par les instructions officielles. Bref une autre approche structurelle de l’aide aux élèves en difficulté qui puisse s’appuyer sur les TICE à expérimenter.
La nouvelle intégration en ECLAIR de l’établissement dans lequel j’arrivais me laissait penser qu’en toute cohérence, un projet tissant des liens entre Maternelle, Primaire et Collège était une piste évidente et prometteuse. J’ai donc essayé de concevoir mon travail et mon aide aux élèves en difficulté le plus possible en adéquation, d’une part avec le résultat de mes quinze ans de recherche-action sur l’apprendre à apprendre et la résolution de l’échec scolaire, et d’autre part en imaginant le réseau ECLAIR comme le terreau idéal à ce type de projet. Je n’imaginais pas encore, ou disons que je refusait de croire, que les RASED seraient ainsi décimés, tant ils avaient déjà été attaqués ces dernières années, avec un coup de grâce en 2012.
Venant tout juste d’être nommé sur cette nouvelle grande école, avec la chance d’avoir une salle à ma disposition (j’étais itinérant les trois années précédentes) et la possibilité de l’équiper un peu et d’utiliser le réseau en place sur la ville de Colmar, j’ai étudié, à la vue des demandes formulées pour les élèves signalés en grande difficulté, et au fur et à mesure de la découverte de ces élèves, quel type de projet pouvait le mieux me permettre de comprendre leurs difficultés, puis leur apporter le meilleur cadre d’aide. Travaillant sur le long terme (je ne crois plus en des «actions ponctuelles courtes et ciblées» pour résoudre efficacement le problème de l’échec scolaire) j’espérais au moins rester quelques années sur ce poste, et j’ai donc pris le temps de construire sur de bonnes bases ma collaboration avec les équipes et ma réflexion sur les projets qui allaient pouvoir le mieux intégrer les composantes que je souhaitais.
Pouvez-vous décrire, du point de vue des activités menées avec les élèves, une situation dans laquelle vous avez vu un impact positif sur les apprentissages scolaires ou de la mobilisation des élèves ?
Il est difficile de choisir parmi toutes les situations où l’impact positif a pu être observé. Je retiendrai donc la première fois qu’une élève est allée d’elle-même un mercredi après-midi, sans que cela ai été demandé, sur une de nos pages de travail collaboratif pour y travailler et nous y proposer son écrit. La découverte de ces documents collaboratifs est aussi une situation toute particulière : il s’agit de pages du type Frampad où l’on peut travailler à plusieurs sur un même écrit. L’outil est donc initialement surtout destiné à la collaboration à distance. Or les effets de cet outil dans le cadre pédagogique sont très forts, non pas tant à distance, mais surtout en présentiel, au sein du groupe d’élèves, dans la salle ! Dans un premier temps, la découverte du pouvoir, au bout des doigts sur le clavier, de supprimer, modifier, transformer ce qu’un autre écrit, a quelque chose de jouissif pour beaucoup de ces élèves, et il faut laisser tout un temps très important pour user de ce pouvoir et lui permettre justement de s’user. Ce moment, bien cadré, mais pas trop fermement, fut à chaque fois un moment très fort de construction du groupe d’élève, d’émergence de son unité, de sa cohérence, moment où les élèves passent des cris, des rires, des plaintes et énervements (on n’est pas du tout à distance là 😉 à une utilisation plus posée de l’outil. Le «respect de surface» avec lequel les élèves viennent en classe devient plus profond, se structure, parce qu’ils se rendent finalement compte et comprennent qu’ils ont plus à y gagner chacun. Il est vrai qu’annoncer au moment opportun que l’outil dispose d’un historique qui permet de revenir sur le déroulement, et de voir ensuite de quelle manière chacun est intervenu aide beaucoup! C’est ainsi que l’on peu ensuite entendre dans la salle :- « mais qui c’est qui m’a effacé le mot dans ma phrase? C’est qui ?- c’est moi, tu t’étais trompé tu avais oublié un «s» il en faut deux.- Ah oui c’est vrai !- Et tu peux aussi regarder chez moi alors ?
– Et qui sait comment on écrit le truc avec les oiseaux, là ?»
La collaboration s’installant ainsi dans le groupe en s’appuyant sur les connaissances et compétences de chacun. Un grand moment à chaque fois que cela arrive.
Je pourrais aussi vous parler de cette élève de maternelle en grande difficulté pour s’exprimer si fière de montrer sa réussite au travail sur les sudoku couleur, activités complexes travaillée sur TBi et écran individuel, qui lui a permis de montrer ce dont elle est capable au-delà de ses problèmes visibles et handicapant sa communication.Je pourrais évidement vous parler de tout le travail sur les p@reils, qui est le fil conducteur et la trame de toutes mes actions, et combien ce travail sur les p@reils a une incidence sur les capacités d’observation, de concentration, de connexion et d’apprentissage des élèves. Mais c’est là, avec la recherche sur la ZRC (Zone de Renégociation Conceptuelle), un chapitre bien trop vaste que je réserve pour plus tard. 😉
Selon vous, quel est/a été la plus belle réussite de ce que vous avez pu mettre en oeuvre ?
D’avoir aidé plusieurs de ces élèves à retrouver en eux toute la force, l’intelligence et les compétences dont ils sont riches sur lesquels il peuvent s’appuyer et que l’école, dans son approche structurelle actuelle a du mal à mettre en lumière et à faire grandir, et qu’ils croient de nouveau un peu plus en eux ! Quand je suis invité à une rencontre parent-assistante sociale-enseignante et qu’en arrivant on me demande à propos de cette élève prise en charge: «bon alors, explique-nous, comment ça se fait ? là elle a un 14, un 16, un 18 et même un 20 ! Comment ça se fait ??? T’as fait quoi ?»Quand les élèves de CM2 me demandent : «l’année prochaine ça pourra continuer au collège ? Mais vous ne pouvez pas demander d’aller faire ce travail là-bas ? C’est nul que ça s’arrête.»
Et a contrario, une difficulté persistante, un écueil que vous n’aviez pas mesuré complètement ?
Les résistances structurelles de l’École, et la dégradation des conditions de travail dans les RASED, avec ce choix cornélien entre des «actions ciblées et ponctuelles» dans lesquelles je ne crois plus du tout, et un saupoudrage inévitable des actions vu la baisse du nombre d’enseignants spécialisés et la demande forte d’aide de la part des enseignants. Je regrette de n’avoir pas pu intervenir auprès des élèves en difficulté autant que je l’aurais souhaité et comme cela était encore possible il y a seulement cinq ans.
Pour ce qui est des résistances, mon blog relate certaines des difficultés très pratiques auxquelles j’ai du faire face, et le mal que j’ai eu à défendre l’installation matérielle dans la salle de classe. J’ai décidé de garder mon installation malgré tout ces déboires avec le soutien de mon directeur que je remercie. Le poste fermant au mois de juin, il semblerait que l’idée que cela règlera de fait la situation, mon installation soit «tolérée» jusque là…
La difficulté de se retrouver en porte-a-faux avec l’administration et les injonctions et priorités définies par la hiérarchie, n’ayant du coup aucun autre point d’appui que les résultats positifs du travail.
Le peu de soutien lorsque l’on me demandait, du coté de la mairie de tout enlever (voir billet sur le blog) et «d’aller simplement utiliser la salle informatique» fut également pour moi assez révélateur de la relative solitude dans laquelle on se trouve lorsque l’on sort un peu des sentiers battus… Avec des paradoxes quelques fois complexes, comme celui de n’être pas soutenu sur le terrain mais sollicité dans le cadre du plan de formation pour faire bénéficier les enseignants de mes compétence dans le cadre de la formation.
Une autre difficulté ? La fracture numérique existe bel et bien, et elle semble s’agrandir. Elle a notamment posé problème pour un élève dont la structure d’accueil (foyer) ne permettait pas l’accès à un outil informatique… Mais les expériences des élèves et le niveau d’utilisation des TICE dans les foyers est d’une incroyable diversité, avec beaucoup moins de «digital natives» que ce que certains pensent, en tout cas sur le terrain de mon travail.
Pour en revenir à l’historique, comme je venais d’être nommé sur ce poste à la rentrée suite à une «restructuration du RASED» je pensais me donner du temps pour découvrir, comprendre un peu la structure (unification de deux bâtiments élémentaires et un bâtiment maternelle sous une même direction) et les équipes. Alors que je souhaitais principalement travailler sur des écoles maternelles pour continuer ma recherche-action sur les p@reils et la théorie de la Zone de Renégociation Conceptuelle (ZRC), il me fallait faire face, sur ce nouveau poste, aux demandes d’aides conséquentes (PPRE) en élémentaire. C’est aussi pour cela que j’ai voulu construire un projet à long terme qui puisse donner de la souplesse dans la prise en charge, permettre des interactions avec les classes et les familles, puis des passerelles avec le collège de référence du réseau ECLAIR. Mais l’évolution des perspectives au fil de l’année scolaire m’a vite fait comprendre que les choix hiérarchiques ne seraient pas les mêmes, que le maintien du poste sous sa forme actuelle était fortement compromis, et qu’il était temps que j’en profite pour poser ma demande de congé de formation pour entamer la thèse sur la théorie de la Zone de Renégociation Conceptuelle (ZRC), cette nouvelle théorie de l’apprentissage issue de mes recherches sur les p@reils (projet primé en 2010 au FEIIP à Dax) avec des retombées sur la façon d’envisager l’acte pédagogique et le métier d’enseignant. Etant donné l’état du RASED, ce type de projet était donc devenu bien trop ambitieux. Je suis donc «entré en lutte» pour obtenir ce congé de formation qui m’a été refusé, en première demande, l’Education Nationale ne considérant pas mon parcours professionnel et de recherche comme prioritaire pour obtenir un congé de formation… Mais cela est tout à fait dans la logique du discours qui nous a été servi par la hiérarchie, totalement irrespectueux de notre carrière, de nos spécificités, de nos compétences, de nos spécialisations, bref de nos personnes: «Mais, vous êtes enseignant monsieur Hébert, non? Il fallait accepter la sédentarisation il y a deux ans…»
A l’heure ou je reprend l’écriture de ce mot, la décision finale de nomination au mouvement vient de tomber, et grâce à un jeu de chaises musicales entre les postes, j’ai obtenu un de mes premiers voeux de mouvement, le poste d’enseignant spécialisé sur la CLIS 4 à l’école élémentaire Anne Frank du réseau ECLAIR de Colmar. Cela fait que même si ma lutte pour le congé de formation n’aboutit pas, je suis soulagé de pouvoir me lancer dans un nouveau challenge, avec un terrain de prédilection pour innover et expérimenter dans le cadre de la CLIS 4.
Je me suis donc déjà fait une joie de «recycler» et adapter le projet de Classe OuverTICE RASED présenté au Forum, pour monter un nouveau projet sur la CLIS 4: «Frank@sTICE, une ClisTICE fantastique !» C’est quoi une ClisTICE ? Une Classe Intelligente Spécialisée TICE ! 😉 Je présenterai tout de même le projet Classe OuverTICE au Forum, en espérant que cela puisse donner des idées, encourager quelqu’un à se lancer dans un projet de ce type, et pourquoi pas initier un autre regard sur les modalités possibles de structures d’aides à la difficulté scolaire, puisqu’il va falloir reconstruire, mais en mieux, ce qui a été détruit.
Pouvez-vous nous faire partager une anecdote significative d’un comportement, d’une réaction d’élève(s) au cours d’une des phases de votre travail ?
«Maître, tu sais, avec toi je comprends, je suis pas bête.»
Si c’était à refaire, pouvez vous citer une phase du projet que vous pourriez modifier pour le rendre plus « efficace » pour les élèves ?
Maintenant que tout se termine avant même d’avoir pu vraiment prendre son envol, je regrette peut-être de ne pas m’être attaché à un seul module du projet, par exemple uniquement la WebR@dio pour pouvoir la mener plus loin dès cette première année d’existence. Mais la difficulté était qu’il fallait pouvoir accorder les projets avec les difficultés des élèves pour lesquels il fallait trouver des solutions, des pistes de remédiation pédagogique, et c’est justement dans cette palette de modules (WebR@dio, Gramm@JOG, M@thExpert, Petit Dictionnaires des p@reils…) et leur articulation au sein de l’entité Pfistic, qu’il devenait possible d’optimiser mes interventions et les conditions pour que ces élèves réussissent mieux.
Un point de vue, une remarque que vous souhaiteriez partager avec les lecteurs du Café Pédagogique ?
C’est une grosse et grave erreur que de détruire les RASED. Qu’il y ait des améliorations à apporter, c’est évident. Mais la suppression ou la désintégration de ces réseaux d’aide et de recherche-action sur l’échec et la difficulté scolaire est une incroyable erreur stratégique pour avancer sur la question du règlement de l’échec scolaire. C’est de plus de recherche, de plus de formation, de concertations de mise en relation avec la recherche universitaire dont il fallait doter ces réseaux au lieu de les détruire. Je crois de plus en plus que cette destruction ne s’est opérée que pour permettre l’ouverture d’un énorme marché de l’angoisse de la réussite scolaire, laissant au secteur privé le champ libre pour proposer «ses» solutions.
Le parallèle épistémologique avec la médecine me semble très parlant pour montrer en quoi se défaire d’une telle structure (RASED), c’est une erreur grave pour l’éducation nationale. Si l’on s’intéresse un tout petit peu à la médecine, on se rend vite compte des progrès incroyables de cette science dans la connaissance du corps humain. Or, comment a donc fait la médecine pour avancer ainsi sur la connaissance du corps sain ? Elle s’est intéressé au «corps malade» ! Je pense qu’il serait judicieux de faire de même en éducation : s’occuper bien plus de «l’apprendre malade» pour avancer dans la compréhension de ce qui se joue dans la difficulté et l’échec dans l’éducation et la formation, afin de mieux comprendre les mécanismes qui nous intéressent dans le monde de l’éducation, cela profitera à tous !
Les élèves en difficulté, en échec, et les handicapés ne sont pas un poids pour l’éducation, la classe. Bien au contraire, ils sont une chance formidable qu’il nous faut absolument savoir saisir ! Laisser à des «boîtes à résultats» le soin de s’occuper de ces élèves est un sacrifice qui m’est inacceptable.
Les progrès accomplis dans la compréhension des difficultés des élèves que je prenaient en charge dans le cadre de mon travail, loin de la «pression du programme» m’ont permis de donner des pistes, des outils, aux enseignants et aux élèves, pour mieux se comprendre, se connaitre, et progresser sur le fond du problème et de l’apprentissage. Les résultats n’étaient pas un objectif, mais une conséquence, c’est toute la différence.
L’aide personnalisée ne permet que très difficilement, et que dans de rares cas particuliers, d’approcher ainsi l’analyse poussée et la compréhension de ce qui est en jeu dans la difficulté ou l’échec qui se manifeste. Une blessure que l’on panse sans désinfecter risque de s’infecter sans que l’on s’en aperçoive… N’oublions pas que beaucoup des inventions qui nous semblent aujourd’hui indispensables (télécommande, écran tactile…) sont le fruit de recherches dans le cadre de la résolution de problèmes de handicap… Il suffit d’observer le nombre d’outils de remédiation, d’aide pédagogique, dont les créateurs ou initiateurs sont des enseignants spécialisés pour se rendre compte de la richesse qu’apporte ces métiers que l’on a voulu faire disparaitre.
La nouvelle de la création d’un ministère spécifique de la «réussite éducative» est peut-être un bon signe en ce sens. Je le comprends d’ailleurs comme un «inter-ministère» tant le champ de la réussite éducative me semble large et être un enjeu prioritaire de la Nation. L’idée que les futurs structures d’aide au sein de l’éducation nationale dépendent d’un tel ministère est d’ailleurs tout à fait intéressante à étudier. Reste à construire tout cela… Fabuleux projet !
Propos recueillis par Marcel Brun
Les P@reils
Le petit dictionnaire des P@reils
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