Pierre Avron n’enseigne
que depuis six ans, en Seine-et-Marne. Et pour
mettre en oeuvre ses principes pédagogiques, qui tentent de concilier
l’entrainement régulier et le droit à l’erreur, les ateliers
scientifiques lui semblent une évidence. Mais les questions restent
nombreuses !
1. Quel a été l’origine (la personne,
l’évènement, la rencontre…) de votre projet ?
L’origine
de mon projet se trouve essentiellement dans la volonté de faire des
sciences régulièrement avec des enfants. Mais il fallait que l’atelier
respecte des conditions fondamentales : ne pas couter cher en matériel,
ne pas demander un temps trop important de préparation, pouvoir
renouveler l’atelier de façon hebdomadaire, et enfin trouver des
expériences dont la résolution est à la portée des enfants. Je
cherchais un moyen de pratiquer la partie des sciences qui passionne le
plus les enfants, à savoir l’expérimentation et la manipulation, de
façon hebdomadaire.
Pouvez-vous décrire, du point de vue
des activités menées avec les élèves, une situation dans laquelle vous
avez vu un impact positif sur les apprentissages scolaires ou de la
mobilisation des élèves ?
L’impact positif est sans conteste
la mobilisation des élèves. »
L’atelier du scientifique du jeudi » est le moment de la semaine que les
enfants attendent avec le plus d’envie. J’ai vu un impact fort quand
les élèves de CP ont pu, six semaines après avoir abordé un élément
scientifique , le retrouver dans une autre expérience.
Selon vous, quel est/a été la plus belle
réussite de ce que vous avez pu mettre en oeuvre ?
La
plus belle réussite est aussi la très forte participation des enfants à
l’atelier… Six semaines après identifié l’electricité statique comme
élément ayant permis à un ballon de tenir au mur, les enfants ont
pensé, sans aucune aide de ma part, à cette forme d’électricité lors
d’une autre expérience: « Comment faire tenir une paille sur une fenêtre
sans la coller ni la scotcher ? »
Et a contrario, une difficulté persistante,
un écueil que vous n’aviez pas mesuré complètement ?
J’ai
encore plusieurs interrogations ou difficultés : quelle trace écrite
donner à de si jeunes élèves ? Comment les guider vers la réponse sans
la donner ? Comment intégrer plus régulièrement une démarche
expérimentale plus longue ?
Ces interrogations sont redondantes, même si elles se posent
différement à chaque expérience.
Pouvez-vous nous faire partager une
anecdote significative d’un comportement, d’une réaction d’élève(s) au
cours d’une des phases de votre travail ?
La
réaction la plus marquante des élèves, c’est le passage de la réflexion
: » c’est de la magie » à » c’est des sciences ». Sinon, un élève de la
classe a ses deux parents professeurs de physique-chimie et chaque
jeudi soir, son père lui demande quelle expérience il a réalisé… Et
plusieurs élèves viennent me voir régulièrement pour me signifier
qu’ils ont essayé telle ou telle expérience à la maison.
Si c’était à refaire, pouvez vous
citer une phase du projet que vous pourriez modifier pour le rendre
plus « efficace » pour les élèves ?
J’ai
plusieurs pistes en réflexion pour améliorer mon dispositif : comment
l’intégrer dans une politique de cycle voir d’école pour que chaque
niveau puisse avoir ses expériences ? quelle progression bâtir dans une
année ?
Un point de vue, une remarque que vous
souhaiteriez partager avec les lecteurs du Café Pédagogique ?
Ce
dispositif de « l’atelier du petit scientifique » est sans nul doute ma
plus forte réussite lors de mes (petites) six premières années
d’enseignement. Il s’intègre, il est vrai, parfaitement dans le
fonctionnement global de la classe basé sur quatre éléments importants
dans ma façon de voir mon métier: le jeu, les essais,
l’entraînement régulier et la mise en confiance des élèves, que
je tente de mettre en place dans toutes les disciplines.