Par François Jarraud
Pourchassés sous Xavier Darcos, sanctionnés sous encore sous Chatel, les « désobéisseurs » de l’éducation nationale demandent à Vincent Peillon de lever les sanctions qui les ont frappées.
Dans un communiqué au ton un peu menaçant, 60 professeurs des écoles » membres du Réseau des enseignants du primaire en résistance », demandent « que soient levées ou effacées toutes les sanctions qui nous ont frappés et que soit symboliquement reconnue notre action pour la défense de l’école de la République ».
En 2008, les désobéisseurs inventent une forme d’action collective tout à fait nouvelle. Ils se font connaître en refusant les programmes Darcos et l’aide individualisée. Ils annoncent qu’ils « entrent en résistance pédagogique » et créent un site et une structure commune. Des personnalités émergent comme Alain Refalo, Bastien Cazals ou Sylvain Grandserre. Pour Alain Refalo, la résistance pédagogique c’est « refuser d’appliquer les nouveaux programmes 2008 de l’école primaire et continuer à travailler dans l’esprit des programmes de 2002 ; refuser de se déclarer gréviste 48 h avant la journée de grève, mais prévenir les parents plusieurs jours à l’avance ; détourner les deux heures d’aide personnalisée en accueillant tous les élèves dans le cadre de projets coopératifs et artistiques ; ne pas collaborer à la mise en place du fichier Base Elèves ;… mettre en place une pédagogie de la coopération et du projet… ».
Sous Darcos ils symbolisent la résistance d’un corps soumis à une pression, parfois même une violence, institutionnelle. Les enseignants sont obligés sous une pression hiérarchique tatillonne et de plus en plus affirmée à appliquer des programmes qu’ils jugent mauvais, à mettre en place des dispositifs comme l’aide individualisée qui, pour beaucoup, est un leurre pour les enfants et les familles, à participer à des évaluations trompeuses, bref à travailler mal et d’une certaine façon à se renier. Dans ce contexte, les « désobéisseurs » sont ceux qui disent non. Sanctionnés financièrement et administrativement, ils ne cèdent pas et hissent le drapeau qui rend furieux XavierDarcos : celui de la pédagogie. Et même sous Chatel la chasse aux sorcières perd de l’intensité, aujourd’hui les « désobéisseurs » veulent leur part de victoire.
» Qui mieux que nous pourra témoigner de la nocivité des réformes imposées par le ministère de l’Education nationale depuis bientôt cinq ans ? Nous qui avons décidé de résister à cette politique de destruction volontaire de l’école républicaine », écrivent-ils. » Nous n’avons pas de rancune, mais nous n’oublions pas les silences gênés, les mises en quarantaine, l’indifférence et la sinistre théorie des sanctions blessantes et ridicules : blâme, baisse de note, rétrogradation d’échelon, refus de promotion, retrait de direction, retenues sur salaire, suspension », écrivent-ils à destination de certains inspecteurs d’académie.
C’est qu’aujourd’hui tout semble leur donner raison. Vincent Peillon vient d’annoncer la disparition de facto des évaluations nationales qu’ils ont tant dénoncées. Personne ne sait ce que va devenir l’aide individualisée. Le ministre veut « refonder l’école républicaine » et il veut particulièrement soutenir le primaire. Les résistants sortent du maquis.
Les désobeisseurs
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/200[…]
Alain Refalo sur les évaluations nationales
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/Refa[…]
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