Par François Jarraud
C’est à 9 heures le 17 mai, au ministère de l’éducation nationale, qu’a eu lieu la passation de pouvoirs entre Luc Chatel et Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale et George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative. Dans la cour, plusieurs membres du cabinet ministériel qui est dirigé par Pierre-Yves Duwoye. Une nouvelle équipe se met en place entre changement et continuité…
La prise de pouvoir de Vincent Peillon n’a pas échappé à la règle. Une passation de pouvoirs dans un ministère tient à la fois de la pièce de théâtre et de l’émotion sincère. Dans la cour, en attendant le nouveau ministre, les anciens collaborateurs du ministre précédent se réunissent pour applaudir le partant. Plus loin on remarque à leur visage radieux ceux qui vont être appelés à de nouvelles fonctions. Enfin la presse guette anxieusement l’arrivée de la voiture ministérielle.
George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative est arrivée la première. « Je suis élue d’un quartier populaire et je sais que pour beaucoup de jeunes la réussite éducative est un idéal et surtout quelque chose d’indispensable pour réussir leur vie », nous a-t-elle déclaré. « Mes parents étaient enseignants et ils m’ont expliqué que quand on n’a pas de fortune personnelle la réussite à l’Ecole est la seule façon de s’en sortir. C’est donc un sujet pour lequel je suis très motivé ». Ancienne présidente du MRAP, elle souligne l’engagement de François Hollande contre le racisme. » Le fait que dans son ministère toutes les couleurs de la France soient représentées est un signe fort ». Par contre la délimitation précise de ses fonctions reste à faire.
Vers 9 h30, Luc Chatel fait sa déclaration d’adieu. Il remercie son équipe et relève le fait que sa nomination » était peut-être plus inattendue que la votre, Cher Vincent Peillon ». Puis il s’adresse aux enseignants. « Je veux avoir une pensée émue pour les 850 000 enseignants qui oeuvrent au quotidien pour l’avenir de notre jeunesse. Ils le font avec des résultats qui au total sont de grande qualité même si on doit toujours progresser ». Luc Chatel souhaite bonne chance au nouveau ministre.
Vincent Peillon rappelle « l’attachement qui est le sien à l’éducation nationale et l’importance de la tache confiée par le président puisqu’il a décidé d’accorder à notre école une priorité ». « Ca nous donne une responsabilité particulière », affirme-t-il. Il annonce « non pas une énième réforme.. mais la refondation de l’Ecole de la République à un moment où le pays a besoin de surmonter la crise de l’avenir. C’est une affaire de gestion mais en même temps éminemment une affaire de valeurs ». Vincent Peillon promet que « cela ne se fera pas les uns contre les autres. Cela se fera pour tout le monde avec tous ceux qui participent à la réussite de notre école. Cela se fera avec les maitres, les professeurs, avec les parents d’élèves et l’ensemble de ceux qui considèrent que la France est grande quand elle respecte son école. Le président de la République nous a demandé de pouvoir faire adopter une loi de programmation à l’automne pour l’éducation nationale… Nous allons faire passer avant tout l’intérêt des élèves et l’intérêt général ».
Déjà les membres du nouveau cabinet se précipitent pour suivre V Peillon et G Pau-Langevin pendant que l’équipe sortante reste dans la cour. La composition du cabinet n’est pas encore complète. Cinq membres ont été officiellement nommés. Pierre-Yves Duwoye, ancien secrétaire général du ministère, très apprécié dans cette fonction, dirigera le cabinet de Vincent Peillon. Il avait rejoint la Cour des Comptes en mars 2011.
Il sera assisté par Alexandre Siné, directeur de cabinet adjoint. Agrégé de sciences économiques, normalien, inspecteur des finances, Alexandre Siné a une expérience de l’enseignement dans le secondaire et comme moniteur normalien. Mais il a aussi une expérience budgétaire de l’éducation nationale puisqu’il a été chef de bureau en charge de l’éducation nationale au Ministère des finances. Il a publié deux ouvrages sur les finances publiques. Conseiller spécial de V. Peillon, l’inspecteur général Jean-Paul Delahaye est bien connu des lecteurs du Café pédagogique. Ancien conseiller de Jack Lang, il a dirigé le groupe d’experts dans l’équipe éducation durant la campagne de F. Hollande. Benoît Pichard est nommé chef de cabinet. Il exerçait ce rôle auprès de Ségolène Royal au conseil régional de Poitou-Charentes. Anaïs Lançon dirigera la communication du ministre. Elle était directrice adjointe de la communication à la Ville de Paris. Les autres membres du cabinet seront connus aujourd’hui.
Que retenir de la nouvelle équipe du ministère de l’éducation nationale ? La création d’un ministère de la réussite éducative est l’événement le plus important. Cela répond sans doute à la priorité annoncée par F. Hollande pour les quartiers populaires. Le succès d’une réforme des rythmes scolaires ou de l’enseignement prioritaire passe par la réussite éducative, c’est à dire les actions complémentaires à l’Ecole. La seconde caractéristique c’est l’appel fait à des hommes d’expérience. C’est peut-être le plus surprenant pour un gouvernement incarnant le changement. Vincent Peillon s’entoure de cadres efficaces et bien installés dans la machine administrative.
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