Par François Jarraud
Oublié des projecteurs, le million d’élèves de l’enseignement supérieur intéressent beaucoup moins que les faibles contingents des filières d’élite. Pourtant l’enseignement professionnel est le plus à même de lutter contre les sorties sans qualifications et d’ouvrir des portes aux enfants des familles populaires. Terra Nova, un think tank classé à gauche publie un rapport signé par l’ancien recteur Daniel Bloch et « Juliette Tardieu », un pseudonyme qui cache une spécialiste de l’enseignement professionnel. Le rapport préconise entre autres une vraie polyvalence des lycées. Finie la mise à l’écart ?
« La réforme de 2009 du baccalauréat professionnel a été largement dictée par l’objectif de diminution du nombre de fonctionnaires », expliquent les auteurs. Les auteurs critiquent la précipitation avec laquelle la loi est mise en place. » Cette réforme, dont on ne peut qu’approuver le principe sur le long terme, aurait dû, pour atteindre son plein succès, être accompagnée d’une action, en amont de l’enseignement professionnel, permettant de réduire la proportion de jeunes sortant du collège sans les compétences indispensables à des études ultérieures réussies. Il n’en a pas été ainsi, de sorte que les sorties en échec, au niveau des classes de 2nde et de 1ère professionnelles, augmentent fortement : elles concernent en 2010 15 % des effectifs de 2nde professionnelle puis 13 % des effectifs de 1ère professionnelle, ce qui laisse craindre de fait une hausse des sorties sans diplôme, et une croissance du nombre de diplômés moindre qu’espérée ».
Ils font trois recommandations. Ils invitent à revaloriser le bac pro « en développant des dispositifs permettant aux meilleurs bacheliers professionnels – à hauteur de 30 % d’entre eux – d’accéder à une licence, et pour certains d’entre eux – environ 10 % – au niveau d’un master ou d’un diplôme de « grande école ». Les stratégies « cosmétiques » conduisant aujourd’hui quelques dizaines d’élèves de quartiers « difficiles » dans des grandes écoles parisiennes ne sauraient se substituer à une politique qui conduit chaque année à la sortie du système de formation quelques 130 000 jeunes, sans diplôme qualifiant. Ces objectifs, pour être atteints, exigent la mise en place d’un pilotage resserré tant au niveau national qu’au niveau local, associant étroitement à la réussite de cette nouvelle ambition les régions et les secteurs professionnels directement concernés ».
Ils invitent aussi au brassage des lycéens. » L’inclusion de l’enseignement professionnel dans des lycées tout à la fois généraux, technologiques et professionnels, comme la mise en place à dose significative de sections de techniciens supérieurs dans les lycées professionnels, par exemple dans le contexte de « Lycées des métiers », est également de nature à réduire des phénomènes de repli sur soi et de ghettoïsation ». Tout cela nécesite une coopération plus étroite avec les régions. Cela tombe bien, justement elles revendiquent une place plus grande dans la formation professionnelle.
Liens :
Le rapport
http://www.tnova.fr/sites/default/files/120213 – De nou[…]
Entre culture ouvrière et rescolarisation
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2009/101_Entr[…]
L’enseignement professionnel est-il menacé par l’apprentissage ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2012/129_19.aspx
Dossier de 2009
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/94_sommaire.aspx
Sur le site du Café
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