Par François Jarraud
Le Journal officiel du 8 mai publie le décret sur l’évaluation des enseignants. Ce texte, rejeté par tous les syndicats enseignants, entre en application le 1er septembre 2012. Les syndicats réagissent à cette provocation.
Le décret avait été présenté le 15 mars au CTM. Il réforme l’évaluation des enseignants et des CPE. Celle-ci est dorénavant fondée sur un entretien professionnel avec le supérieur hiérarchique direct, IEN pour le primaire, chef d’établissement pour le secondaire. Les grilles d’avancement d’échelon sont également revues. ON passe d’un système d’avancement à trois vitesses à un dispositif d’attribution de réductions ou de majorations d’ancienneté.
Ce projet avait été révélé par le Café pédagogique en novembre 2011. De novembre à mars, aucun accord n’a pu être trouvé entre Luc Chatel et le syndicats, le ministre refusant de revenir sur le principe d’une évaluation par le chef d’établissement. Certes, dans le secondaire, l’inspection est associée, mais uniquement pour la première évaluation. Dans un sondage réalisé par le Café pédagogique en mars 2012, seulement 14% des enseignants étaient d’accord avec cette réforme.
Une provocation. C’est ce large refus et le fait que le décret ait été signé par F. Fillon et L. Chatel le 7 mai 2012, par un gouvernement battu aux élections, qui fait de cette publication un acte politique provocant. Alors que N. Sarkozy met en scène la réconciliation républicaine à l’Arc de Triomphe, son gouvernement fait un geste politique assez violent. Vise-t-il à rassurer ses électeurs ou à embarrasser le gouvernement suivant ?
Coté P.S., une réaction de Vincent Peillon, le probable future ministre de l’éducation, est annoncée. Contacté par le Café pédagogique, Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen, parle d’un « procédé inadmissible, bien dans la ligne du dialogue social vu par l’équipe sortante et en totale rupture avec la logique républicaine ». Le Sgen demande le retrait du décret. « On frise le ridicule », nous a déclaré Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fsu. « On est dans le passage en force et l’absence de regard sur le système éducatif et ses besoins. Ce serait un signe que le nouveau ministre retire ce texte ». La Fsu estime que c’est un préalable à toute discussion sur l’évaluation.
Dossier Evaluer les enseignants