Par François Jarraud
Peut-on augmenter les uns et pas les autres ? Peut-on augmenter les uns aux dépens des autres ? C’est ce que vient de décider Luc Chatel en attribuant une nouvelle prime aux hauts fonctionnaires du ministère de l’éducation nationale.
Parmi les textes du dernier Comité technique ministériel (CTM) du 16 avril, ce projet de décret aurait pu passer inaperçu. Mais un communiqué du syndicat Sud Education attire l’attention dessus.
Lors du dernier CTM le ministère a soumis au CTM un projet de décret sur la rémunération des DASEN (ex inspecteurs d’académie), secrétaires généraux d’académie, adjoints des Dasen. Le nouveau texte supprime une indemnité existante en la remplaçant par une Prime de Fonction et de Résultat (PFR) qui augmente fortement la rémunération de ces cadres de l’éducation nationale.
C’est que la rue de Grenelle éprouve pour ces postes d’encadrement la même difficulté de recrutement que pour les enseignants. Pour trouver ses cadres, elle doit relever leurs salaires au niveau du marché. Ce rattrapage en soi n’a rien de scandaleux.
La mesure est assez représentative du mode de gestion ministériel qui fait dépendre du « résultat » une partie importante de la rémunération. Elle l’est aussi quand elle tente d’opposer l’encadrement aux encadrés.
Car ce qui pose problème c’est déjà de relever les salaires des cadres quand ceux du million de salariés de l’éducation nationale sont bloqués depuis des années. Mais c’est surtout le financement de la mesure qui fait jaser. Le ministère n’entend pas abonder son budget. Le versement des PFR se fera à enveloppe constante. En clair, le relèvement du salaire des cadres est payé par les suppressions de postes !
Lors du CTM, les syndicats ont voté contre ou se sont abstenus sur ce décret. Il n’a eu aucune voix positive. Contacté par le Café pédagogique, le ministère n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.