Par François Jarraud
Un millier de lycéens et apprentis de toute l’Ile-de-France sont venus le 16 mars remettre leurs prix littéraires au Salon du Livre à Paris. L’initiative de la région Ile-de-France vise à rapprocher les jeunes du livre par l’intermédiaire des auteurs. Pour les enseignants c’est aussi un nouveau moyen de travailler à la fois l’orientation et l’expression écrite et orale.
Sur la grande scène du Salon du Livre, les huit auteurs sélectionnés sont interrogés par deux lycéens. Il y a là Patrick Bouvet pour Open space, Sorj Chalandon pour Retour à Killybegs , Claudine Galéa pour Le corps plein d’un rêve, Gilles Rochier pour TMLP, ta mère la pute, Christian Garcin pour Des femmes disparaissent, Yves Ravey pour Enlèvement avec rançon, Jean-Michel Espitallier pour Cent quarante-huit propositions sur la vie & la mort, et autres petits traités et Pierre-Oscar Levy pour Château de sable.
Devant la scène des centaines de lycéens qui soutiennent leurs camarades et réagissent aux réponses des auteurs. Depuis la rentrée, 40 classes de toute la région se sont portées volontaires. Chaque classe a étudié 5 livres. Ils ont rencontré les auteurs et préparé ces rencontres. Ils ont ensuite voté individuellement pour sélectionner les huit gagnants.
Travailler l’expression
Marc Ledoux, professeur de français au lycée Jacques Brel de La Courneuve (93), s’est lancé dans l’aventure avec détermination. « Le concours donne du sens a nos exigences en classe pour l’expression écrite et la lecture », nous a-t-il confié. « C’est aussi l’occasion de les faire travailler en étant en phase avec l’actualité et les préoccupations des jeunes. Les livres sur lesquels ils ont travaillé, comme celui de Jean-Michel Espitallier, le préféré de la classe, parlent du sens de la vie, des révoltes. Avec ce concours on s’empare de tout cela. Entre l’école, la littérature et la vie, on a fait une convergence et on se retrouve ici au salon ».
Se rapprocher du livre et de ses métiers
C’est aussi un moyen de rapprocher les élèves du livre. « Il peut arriver que le livre ne soit pas familier pour les élèves », nous dit M Ledoux. « Le regard porté sur le livre et la littérature est parfois éloigné. Le prix permet de les rapprocher ». « Le concours donne aussi aux élèves une idée de tout ce qui peut exister comme métiers autour du livre », souligne Mme Dupont-Tanguy, professeure documentaliste. « Tout au long de l’année, on a des actions avec la bibliothèque de La Courneuve, avec la librairie La Traverse. Il y a eu une rencontre à la médiathèque avec Isabelle Caron, un des auteurs, marraine de la classe. Et mercredi c’est Jean-Michel Espitallier, qui vient au lycée ».
Et du CDI
Outre le plaisir de travailler avec le collègue de français, Mme Dupont-Tanguy souligne ce que ça apporte au CDI. « Les élèves connaissent le cdi par une autre manière que la recherche documentaire. Ils ont appris à lire un livre comme ils veulent, pas forcément du début à la fin et au final ils ont une vision du livre qui n’est pas scolaire. Ils n’imaginaient pas être baladés par les mots ! » Pour permettre cette expérience, le proviseur, Jean Luc Héraud, a accepté que l’accompagnement personnalisé soit réservé pour une classe de seconde à la participation au concours. « Ca nous permet de ne pas courir après le temps ». Aujourd’hui Mme Dupont Tanguy est satisfaite : les élèves viennent volontiers au CDI.
La lecture une grande question pour la région
« On souhaite rapprocher les jeunes de la création littéraire », nous dit Henriette Zoughebi, vice-présidente du Conseil régional en charge des lycées. « Mille jeunes aujourd’hui au salon ça fait plaisir ! Et ils sont de toute la diversité en Ile-de-France », souligne-t-elle. Les 40 classes viennent des 8 départements de la région. La région soutient le livre de plusieurs façons. Elle aide à la création de librairies dans les zones où elles sont rares. Elle soutient aussi les bibliothèques. « On veille à ce que les CDI de nos lycées soient des espaces particulièrement conviviaux », précise-t-elle. Au Salon elle a annoncé que les CDI de la région (près de 500) recevraient la totalité des ouvrages sélectionnés par les lycéens. « On a donné aux lycéens 5000 chèques lire lors ce salon pour qu’ils puissent acheter un livre sur le salon ou en librairie ». Pour Henriette Zoughebi, le prix est aussi un moyen de montrer que les écrivains sont bien vivants, que leurs livre sont un sens et qu’ils sont prêts à échanger avec les jeunes. La forte présence des lycéens montre que le pari est gagné. « Quand il est question de création, les jeunes s’investissent », nous dit-elle.
François Jarraud
Une vidéo sur le prix
http://www.iledefrance.fr/lactualite/culture/livre/vid[…]