Par François Jarraud
La directrice générale des relations humaines du ministère de l’éducation nationale, Josette Théophile, a adressé le 16 février aux syndicats une nouvelle mouture du projet de décret sur l’évaluation des enseignants. Les syndicats devraient rejeter ce texte.
C’est une troisième mouture du projet de décret. La première avait été révélée par le Café pédagogique le 15 novembre 2011. Un second projet a été proposé par le ministère au Sgen Cfdt début février. Le Sgen l’a refusé. Ce nouveau texte, qui est parvenu jusqu’au Café pédagogique, prévoit que » des entretiens professionnels réguliers sont instaurés tous les trois ans entre les enseignants et les IEN de circonscription ou les chefs d’établissement ». « Les deux processus « appréciation de la valeur professionnelle » et « avancement de carrière » sont distincts, avec leurs étapes et leurs calendriers respectifs », affirme le texte ce qui semble répondre à une demande des syndicats. Mais aussitôt après on précise que c’est « le supérieur hiérarchique » , c’est à dire l’IEN pour le primaire et le chef d’établissement pour le secondaire , qui « émet des propositions de réduction d’ancienneté ». Autrement dit le chef d’établissement reste le maitre de l’avancement dans le secondaire. Sur ce point il n’y a aucune avancée. Les processus sont distincts mais fonctionnent de façon identique !
Pour Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, ce texte est « proche de celui que le Sgen Cfdt a refusé de signer ». La nouveauté c’est « une phrase fausse » : celle qui affirme qu’il y a des processus distincts alors « qu’il y a bien un lien entre les deux ». Le Se-Unsa ne signera pas ce projet et se demande pourquoi il est présenté. « Est-ce une tentative de passage en force du décret avant les élections ? », s’interroge C Chevalier. Pour Michel Gonnet, secrétaire général du SNPI FSU, un syndicat d’inspecteurs, « il y a certainement la volonté de faire passer ce texte en force au prochain CTM ». Le texte « n’apporte rien de nouveau. Les inspecteurs ne sont toujours pas évaluateurs », et le désaccord avec ce texte demeure.
Le texte pourrait être présenté au CTM du 8 mars. Il pourrait y être provisoirement refusé si les syndicats sont unanimes à le rejeter. Seul le Sgen avait entamé des négociations avec le ministère avant de refuser de signer un projet d’accord. Si le nouveau texte a peu de chances d’obtenir un soutien syndical, il pourrait être utilisé dans la campagne des présidentielles au moment où la discussion sur le métier sera lancée.
Le nouveau projet de décret
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Documents/doc[…]
Le premier projet
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2011/11/[…]
Dossier Evaluer les enseignnats
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2011/[…]
Le projet rejeté par le Sgen
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2012/02[…]
S’exprimant dans le magazine Acteurs publics, Luc Chatel confirme un nouveau statut pour les enseignants qui travailleront plus et l’évaluation par les chefs d’établissement.
« On doit sortir de cette notion de temps de cours – 15 heures pour les agrégés, 18 heures pour les certifiés – pour aller vers la définition d’un temps de présence dans l’établissement », explique Luc Chatel en précuisant que « ce débat majeur pour l’école doit absolument avoir lieu dans le cadre de la prochaine élection présidentielle ».
Avec un nouveau statut. « Il y aura une discussion : base du volontariat pour passer sous ce statut, incitation financière », indique-t-il. Il souhaite également la refonte des rythmes scolaires. Sur l’évaluation des enseignants, « Le proviseur va demander un avis à l’inspecteur, mais, in fine, c’est lui, et lui seul, qui notera ».
L’article d’acteurs publics
http://www.acteurspublics.com/article/26-01-12/nous-avons[…]
Evaluation : Les inspecteurs d’académie refusent leur instrumentalisation
« Le mécontentement est très fort », nous a confié Robert Prospérini, secrétaire général du Syndicat des Inspecteurs d’académie SIA). Son organisation appelle au boycott des réunions organisées par la Directrice des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale, Mme Théophile. La cause de la colère c’est la convocation des doyens des inspecteurs (IEN et des IPR ) pour participer à un séminaire sur la » Mise en place de l’accompagnement de la réforme nouvelle gouvernance ; appréciation de la valeur professionnelle des enseignants ».
Pour le SIA, ce séminaire a tourné à « la manipulation psychologique », « une instrumentalisation ». Les inspecteurs ont été d’emblée affranchis : il ne s’agissait pas de critiquer la réforme de l’évaluation mais « d’apprendre à la présenter de la façon la plus acceptable possible ». Et pour cela Mme Théophile avait fait appel à un intervenant extérieur à l’Education nationale qui leur a appliqué la méthode SWOT (Strength, Weakness, Opportunities, Threats)…
Transformés en cobayes de la nouvelle gouvernance, les inspecteurs n’ont pas apprécié la leçon de MMe THéophile. » La question de l’efficacité du système éducatif et de la réalité des acquis des élèves, celle de l’évaluation formative des enseignants passe à la trappe de l’idéologie et d’une hiérarchie caporalisée dans les actes. Cette action n’est pas une caricature, mais bien la pose d’une première pierre », estime le SIA. « On essaye d’appliquer à l’éducation nationale des méthodes d’entreprise », a protesté auprès du Café R Prospérini. « Tout ce qui est pédagogique, et qui relève du conseil et de la liberté, doit être soumis à la hiérarchie. Nous sommes très en colère ».
Communiqué
http://www.syndicat-ia.fr/actualites/2012/25janvier12_article_sia.pdf
Pourquoi je suis moins payé en janvier ?
Le Se-Unsa appelle à comparer l’augmentation du coût de la vie et celle du salaire enseignant qui, du fait de la hausse des prélèvements, diminue en net sur la feuille de paye de janvier.
Communiqué
http://www.se-unsa.org/spip.php?article4149
Nouveau prélèvement sur les revenus des enseignants
Le gouvernement a décidé d’instaurer un jour de carence pour les fonctionnaires en arrêt maladie. Le 14 février une large intersyndicale Cftc, Cfdt, Cgc, Cgt, Fsu, Solidaires et Unsa, a refusé cette mesure. « Cette disposition va pénaliser durement les agents de la Fonction publique contraints à congés maladie sur prescription médicale », écrit l’intersyndicale. « Ils subiront de fait, une baisse de salaires comme s’ils étaient « coupables d’être malades ». Cette nouvelle amputation de leur pouvoir d’achat viendra s’ajouter à celles, déjà sans précédent, dues au gel de la valeur du point, à l’augmentation des cotisations pour les pensions… »
Communiqué
http://www.fsu.fr/Journee-de-carence-refus-des
Candidatures Eclair
Le B.O. du 2 février publie une note décrivant la procédure à suivre pour candidater dans un établissement Eclair. La date limite est repoussée au 20 mars.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.h[…]
IPR : Accès au corps
Une note publiée au B.O. du 2 février précise les conditions d’accès des IEN au corps des IA IPR.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.ht[…]
Accès à la hors-classe d’agrégé
Une circulaire publiée au B.O. du 26 janvier précise les conditions d’accès à la hors classe d’agrégé.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.h[…]
Etats-Unis : Les pressions sur les professeurs s’accentuent
Pour améliorer le système éducatif, il faut que les enseignants soient meilleurs. Et pour cela il faut les contraindre.
Ce raisonnement simpliste, qui en France conduit à l’évaluation des enseignants par le chef d’établissement, est en action de façon plus violente aux Etats-Unis. Il faut dire qu’il permet également de diminuer la masse salariale… Ainsi en Virginie, l’assemblée locale étudie une proposition de loi qui permettra de renvoyer immédiatement un enseignant sans avoir à justifier le motif. Cette mesure concernera tous les nouveaux enseignants ainsi que les professeurs qui mutent d’un établissement à un autre. Est déclaré incompétent tout enseignant qui n’atteint pas les objectifs de réussite fixés par sa hiérarchie…
Dans l’état de New York, chefs d’établissement et enseignants protestent contre un nouveau système d’évaluation au mérite qui prend en compte les résultats des élèves. Dans une pétition, déjà signée par plus de 1200 chefs d’établissement, ils établissent qu’aucune étude n’a démontré l’efficacité d’une telle mesure mais que par contre elle aura un effet néfaste sur les relations entre enseignants et élèves. Les signataires recommandent l’évaluation d’établissement plutôt que des évaluations individuelles.
New York
http://www.newyorkprincipals.org/appr-paper
Virginie
http://www.veadailyreports.com/2012/01/annual-contract-bills.html
Pour changer le métier d’enseignant, prenons l’Europe pour modèle…
« L’un des enjeux sera de revaloriser fortement la fonction d’enseignant, d’améliorer leur formation et de réfléchir à leur mission ainsi qu’à leurs conditions de travail ». Ce programme fixé par Nicolas Sarkozy le 10 février; l’annonce par Luc Chatel de l’annualisation des services le 7 février, d’autres confidences encore, tout donne à penser que le président veut faire de la réforme du métier d’enseignant un de ses thèmes de campagne. Et que c’est là qu’il entend à la fois gagner des voix en reprenant de vieilles antiennes et dégager de nouvelles économies.
La publication de nouvelles statistiques européennes semblent lui donner raison. Oui, dans la majorité des pays européens le temps de travail des enseignants a augmenté durant la dernière décennie. Dans la plupart d’entre eux le temps de service ne se limite pas à des heures de cours et dans 17 pays les contrats définissent aussi un temps de présence dans l’établissement scolaire. Mais ce n’est pas pour autant que ce temps dépasse les horaires français. Ainsi selon Eurostat le temps d’enseignement des professeurs européens est passé de 18 à 20 heures en 2000 à 19 à 23 heures en moyenne en 2009. En France il se situe entre 14 et 26 heures selon la catégorie. Au primaire le temps total est le plus souvent en dessous de 25 heures. Dans le secondaire on est entre 17 et 20 en général.
Mais quitte à prendre modèle sur nos voisins, prenons tout. Parce que ce que montrent aussi les statistiques européennes c’est par exemple le fait que dans les deux tiers des pays les réglements définissent un nombre maximum d’élèves par classe. Ainsi en Finlande c’est 7 élèves maximum par maitre au primaire. Dans la plupart des pays européens on n’a pas le droit d’entasser plus de 28 élèves par classe au secondaire. Un nombre souvent dépassé dès le primaire en France.
Mais la grosse différence entre l’école française et les écoles européennes, c’est le salaire des enseignants. Avec la Grèce la FRance est le seul pays européen où le salaire des enseignants n’a pas augmenté durant la dernière décennie. Chez nous il a diminué en terme de pouvoir d’achat de façon très sensible. Dans la moitié des pays européens il a augmenté d’au moins 20%. Ces quelques chiffres sont aussi à faire entrer dans le fameux débat électoral sui nous est promis.
L’étude
http://eacea.ec.europa.eu/education/eurydice/documents/[…]
Sur le site du Café
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