Il n’y a rien de plus désagréable pour un enseignant que de se retrouver en échec face à ses propres élèves. On ne s’en sortira pas en remplissant des grilles, mais en continuant d’affirmer haut et fort nos choix, nos ambitions pour tous ». C’est par ces mots que Christine Passerieux, ouvrant les quatrièmes Rencontres pour l’Ecole maternelle, donne le « la » de la journée. Invité, Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, précise que la « bataille idéologique pour les élèves » a commencé depuis longtemps », et que la maternelle est la première des demandes de son association de parents d’élèves envers les candidats aux présidentielles. « La mandature que nous venons de vivre est la pire que nous ayons vécu : 80 000 postes perdus, et un « ministère du dénigrement » qui a invité les parents au pessimisme, à la course à la concurrence entre écoles, et cherché à mettre à bas la confiance dans l’Ecole publique, y compris dans ce qui se passe en classe. L’Ecole maternelle, c’est l’école de l’épanouissement, mais aussi de l’entrée dans les apprentissages ». Appelant à cesser l’évaluationnite pour revenir à une évaluation formatrice, mais aussi à rompre avec les notes, les devoirs et le redoublement, il précise que l’Etat a des responsabilités pour la mise en place de la « coéducation » dans laquelle la totalité des adultes qui agissent autour d’un enfant agissent en cohérence, mais aussi pour faire reculer les inégalités sociales devant l’Ecole. « Pour faire vivre le droit à la scolarisation à deux ans pour toutes les familles qui le demandent, ou l’obligation scolaire dès trois ans, les coûts doivent être assumés par la montée à 7,5% du Produit Intérieur Brut pour l’Education, comme cela a déjà été le cas dans les années 80 ».
Jacques Bernardin : « la plasticité cérébrale ouvre tous les possibles, pourvu que… »
C’est dans les premières expériences de quelques écoles pionnières, mais aussi dans d’étonnantes expériences de la formation des enseignants tchadiens, dans les années 70, que ce sont forgées les premières expériences réelles du « tous capables » cher au GFEN, en alternative aux théories de « dons » ou des « intelligences multiples » développées par les tenants de « l’ordre social intériorisé ».
Depuis une vingtaine d’année, explique le président du GFEN, les recherches des neurobiologistes montrent que « rien n’est joué » ni à trois ans, ni à six ans. La plasticité cérébrale opère à trois niveaux : dans le développement intra-utérin, dans les évolutions des connexions neuronales qui restent possibles toute la vie, et avec la découverte récente d’étonnantes capacités de réorganisation en cas de lésions cérébrales…
Encore faut-il que l’environnement y soit favorable, et que les sollicitations éducatives donnent corps à ce potentiel du « tous capable » rendu possible par l’équipement biologique.
Encore faut-il pouvoir « briser les verrous mentaux », notamment grâce à des situations d’apprentissage qui « autorisent l’élève à apprendre », dans une « expérience jubilatoire et une prise de conscience des possibles, individuels et collectifs ». Mais pour Jacques Bernardin, réhabiliter l’estime de soi passe par la mise à l’épreuve, comme nous l’apprend la psychologie sociale, pour apprendre à ne pas être découragé par les obstacles et à surmonter les défis. C’est pourquoi le GFEN propose des « démarches-défi » pour « faire l’expérience de soi au milieu des autres », afin de faire éprouver aux enseignants eux-mêmes la « preuve par l’épreuve ».
Et histoire de s’y frotter, on quitte la pléinière pour s’y frotter en vrai.