Caroline
Sanchez et Maryline Van-Landewick (AGEEM) : « Jouer à l’école
maternelle, c’est apprendre ».
L’Association
Générale des Enseignantes d’Ecole Maternelle
a accepté de venir présenter son approche pédagogique, pas forcément
exactement superposable avec les approches du GFEN. S’appuyant sur les
travaux de Gilles Brougère, les animatrices de l’atelier annoncent la
couleur : « Jouer à l’école
maternelle c’est apprendre. Le jeu permet à l’enfant de s’approprier
l’objet et de donner une expression personnelle à son désir. »
Leur exposé va s’appuyer sur l’outil idéal, à leur yeux : « le
coin jeu, à condition qu’il soit vivant, que l’enseignant prévoie de
l’alimenter régulièrement par de nouveaux objets, du langage ». Elles
précisent qu’il faut accepter « que
ce doit être le bazar par moments dans les coins jeux … comme il y a du
bazar dans nos cuisines. Et après il y a les moments de rangements. »
Elles passent en revue la liste
des exemples qui leur semblent à valoriser :
– le coin cuisine, avec les
mutliples objets de la vie courante, pour « pouvoir faire des transferts de la vie
courante vers l’école, mais aussi de l’école à la maison ».
On travaille ici les opérations mentales : trier, ranger,
catégoriser.
Ce coin peut être enrichi par la recette travaillée en
« atelier » qui
y sera affichée, rejouée en utilisant le vocabulaire acquis pendant la
séance sur ce thème.
– le coin poupées, pour
travailler le rangement et organisation, faire les lits, tapoter
l’oreiller, tirer les draps, gestes non évidents pour de jeunes
enfants. « On peut extraire du matériel et de le mettre au coin
regroupement pour un temps, pour favoriser les échanges langagiers », ou
recourir aux photos pour favoriser le langage d’évocation.
– le coin garage, à partire
d’un tapis en plastique et une caisse à voitures, va permettre de créer
des routes, d’inventer des circuits, de faire des plans ou des
maquettes.
– les coins valises permettent
d’ouvrir et ferme des activités nouvelles : valise déguisement, valise
marionnettes à doigts, valises à bijoux, valise à vaisselle pour mettre
la table. Non permanentes, elles offrent un gain de place et rendent
toujours possible l’offre de noveaux temps de jeux.
–
les coins avec des jeux de
constructions pour
manipuler, jouer, emboîter, mais aussi de de présenter au groupe les
constructions des enfants, prétextes à comparaisons ou modèles.
– les jeux individuels, type
bouliers, peuvnet paraitre anodins, mais aident au développement de la
motricité fine en faisant la pince (boulier), tout en permettant aussi
à l’enfant de se recentrer sur lui-même.
– les jeux sensoriels ne sont
pas à réserver aux petits : le plaisir de la découverte des matières
peut donner lieu à des découvertes très intéressantes.
– les jeux d’eau pour
approcher intuitivement des concepts théoriques
– les activités sensorielles :
le modelage, terre, pâte à papier, pâte à sel, pour représenter,
travailler le geste…
– les jeux à règles pour
apprendre à accepter d’attendre son tour, de perdre, de devoir tout
recommencer…
– le coin des livres, parce que
même avec les livres on peut jouer, faire travailler sa pensée, son
imaginaire, faire des inférences, des liens, aller vers l’implicite,
s’interroger sur ce qui va se passer, ce qui peut se passer, ce qu’on
aimerait qu’il se passe…
Pour synthétiser leur approche, les
intervenantes expliquent que « l’organisation
de l’espace classe avec des coins jeux, c’est un espace ordonné pensé
par l’enseignant pour jouer, pour apprendre ». Avec les
participants de l’atelier, le débat s’engage, notamment autour de la
place de la consigne dans les coins jeux : détourne-t-elle le rôle
initial de ces coins ? est-ce encore du jeu ? Une activité de jeu
est-elle une activité autonome ? Le coin jeu n’est-il qu’une
soupape de
sécurité ?
Caroline Sanchez précise :
il
s’agit d’utiliser ce que sait le mieux faire l’enfant, le jeu, comme
une stratégie de notre part, utiliser cela avec des objectifs précis.
Utiliser le jeu, pour que l’enfant puisse agir, grandir, comme entrée
dans les apprentissages. Une participante se réfère à la classification
d’Anne-Marie Gioux : le jeu libre, le jeu pédagogisé, le jeu
didactisé.
Des
gardes-fous sont également posés : « si
on réhabilite ici le jeu, il ne s’agit pas de dire que le jeu peut
tout, il est un chemin pour l’accès aux apprentissages, ce serait
cependant leurrer les enfants que de les laisser croire qu’apprendre,
c’est seulement jouer… »