Par François Jarraud
« Sept ans après la loi de 2005, on veut un accompagnement de qualité ». Les associations de parents d’enfants handicapés et leurs partenaires réunis au « Grenelle de la formation et de l’accès à la vie sociale des jeunes handicapés », le 25 janvier à Paris, ne nient pas les efforts de l’Education nationale. Ils déplorent qu’un septennat après la loi qui a reconnu le droit à la scolarisation des enfants handicapés, leurs enfants dépendent toujours d’improvisations. Elles veulent travailler avec l’Education nationale à organiser enfin des conditions réfléchies de scolarisation de ces enfants.
En clôturant le « Grenelle de la formation et de l’accès à la vie sociale des jeunes handicapés », le 25 janvier, Sophie Cluzel, présidente de la Fnaseph, une association fédérant des associations de parents d’enfants handicapés, peut parler de réussite. Près de 300 participants représentant autant d’acteurs, des parlementaires, des artistes comme G. Montagné, des représentants des collectivités locales… Au terme de trois ateliers, le Grenelle aboutit à une plateforme qui ne demande pas de faire « plus » mais « mieux ».
Signalons d’emblée ceux qui ne sont pas venus. La Fnaseph avait invité les différents ministères qui se sont excusés ou ont participé, comme le délégué ministériel à l’emploi des personnes handicapées. L’éducation nationale brillait par son absence et sa vive réaction à la tenue du Grenelle : la veille un petit dossier avait été envoyé aux médias pour vanter les efforts financiers du ministère.
Mais le Grenelle ne conteste pas, en gros, la progression des budgets et des emplois d’AVS. Ce qui pose problème c’est que « 7 ans après 2005, on est toujours dans l’improvisation. Le quantitatif c’est bien, mais ça ne satisfait pas les familles », dit S. Cluzel. Le Grenelle revendique une gestion « fine » du devenir des enfants handicapés. Et il veut le faire en partenariat avec un ministère qui se défile. Ainsi le Grenelle affiche les points de friction et propose des solutions avec l’idée qu’il faudra bien que l’Education nationale les entende…
Le point le plus aigu est sans doute le statut des auxiliaires de vie (les AVS) qui accompagnent les enfants handicapés à l’école. Le Grenelle fait émerger un consensus pour « créer enfin un vrai métier d’accompagnant ». Aujourd’hui les AVS sont des emplois aidés contractuels d’une durée maximale de 6 ans. Pour le Grenelle ce scandale a assez duré. « L’éducation nationale doit préparer sa rentrée et ne pas recruter à la hâte des AVS non formés et les mettre tout de suite au contact avec les enfants ». Le Grenelle demande une formation en alternance des AVS avant la rentrée avec une certification délivrée par l’INSHEA. Puisque l’éducation nationale ne veut pas créer de nouveaux emplois de fonctionnaires, la Fnaseph propose de créer un nouveau cadre d’emploi. Des associations, comme Les PEP, sont prêtes à pérenniser ces emplois.
La question de la formation des enseignants se pose aussi. Le Grenelle demande que la question du handicap entre dans les concours d’enseignants et qu’une partie de la formation initiale des enseignants soit faite en binôme avec des AVS. Le Grenelle demande également que les éditeurs donnent un accès facile aux manuels scolaires numériques pour les élèves handicapés.
Il faut aussi harmoniser les pratiques des MDPH (maisons du handicap). S. Cluzel a dénoncé « la disparité des traitements des enfants sur le territoire qui est inacceptable 7 ans après 2005 ». Les projets personnels de scolarisation sont conçus avec trop d’écarts sur le territoire. La plupart sont vides et les MDPH décident sans avoir vraiment construit un PPS individuel. « On veut une évaluation fine des parcours » , exige S. Cluzel. Pour cela le Grenelle propose l’élaboration de documents communs qui s’imposeraient aux MDPH avec un guide national de bonnes pratiques.
L’entrée dans la vie active est rendue plus difficile par la minceur de l’offre éducative. « Il faut revoir les filières de formation proposées aux élèves handicapés. Les établissements proposent toujours les mêmes qui finissent par être des portes d’accès au chômage » explique P. Fondin, de la Fnaseph. Il faut « inverser la logique » et proposer des formations adaptées aux bassins d’emploi. Le Grenelle demande aussi un maillage du territoire avec des dispositifs ULIS Lycée et des « services d’accompagnement à la vie professionnelle ». Des aides ciblées devraient favoriser les stages découverte et l’embauche en PME.
Quelles perspectives ? Remontées par la réussite du Grenelle, les associations de parents entendent interpeller les candidats à la présidence. Un sondage IFOP leur donne raison : 21% des français sont touchés directement par la question du handicap et la question est populaire. En décembre, C. Prado de l’Unapei avait déjà critiqué l’absence de dialogue avec l’Education nationale. S. Cluzel entend bien que le partenaire toujours absent prenne le risque un jour du travail en commun.
François Jarraud
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