Par François Jarraud
Qu’apporte le discours de N Sarkozy ? Pas grand chose de neuf annoncent les syndicats. T Cadart (Sgen Cfdt), B. Groison (Fsu) et C. Chevalier (Se-Unsa) décryptent un projet « qui ne peut pas être celui de l’Ecole de la République ».
« On n’attendait pas grand chose », nous confie Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen Cfdt, compte tenu du calendrier et des contraintes budgétaires. On a la confirmation que N Sarkozy entend poursuivre la politique menée depuis 5 ans sur les restrictions budgétaires et le développement d’une gestion humaine de type de celle qui est appliquée pour les établissements Eclair ». Pour le secrétaire général du Sgen, il y a un fort écart entre le volontarisme affiché du discours et la réalité de l’action. « Si on regarde le bilan de N Sarkozy, on voit peu d’évolution et beaucoup de blocages. Il n’y a pas d’analyse sur ce qui crée des difficultés au système éducatif. Le président reste dans des vérités de premier niveau. Il n’a pas de véritable politique éducative et il n’a ni les moyens budgétaires ni les ressources de discussion pour changer l’Ecole. Il n’y a rien au delà des vérités banales et des préceptes idéologiques sur l’excellence et le recrutement des meilleurs. La pommade passée aux enseignants à la fin du discours ne peut pas faire oublier 5 années de restrictions ». Interrogé sur le rappel par le président de l’évaluation des enseignants par les chefs d’établissement, T Cadart estime que la position de Sarkozy est moins fermée que le projet de départ. « On reste dans la négociation. Elle peut faire bouger les choses ».
Pour Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, interrogée par le Café, « le discours est dans la continuité de ce que Sarkozy fait depuis qu’il est candidat. Ce qui est le plus frappant ce sont les absences. Le président ne dit rien sur ce qu’il faut faire face à l’échec scolaire. Il n’évoque pas la formation des enseignants, le travail en équipe, ou même les personnels non enseignants ». Sur l’évolution du statut des enseignants, B Groison estime que « des évolutions sont possibles. Mais c’est agaçant d’entendre le président dire que les enseignants ne travaillent pas beaucoup. Ils travaillent bien au-delà des 18 heures et les études de l’Education nationale montrent que c’est plus de 35 heures par semaine. En fait N Sarkozy ouvre cette question pour la refermer aussitôt en la réduisant au travailler plus. On aimerait qu’il y ait un vrai débat sur le métier aujourd’hui et qu’à partir du débat on voie s’il y a des adaptations à faire. Ne prenons pas les choses à l’envers… ». Sur le collège unique, B Groison estime qu’il faut « lever les ambiguïtés ». « Je vois dans le discours de N Sarkozy le retour aux paliers d’orientation et au rejet vers la voie professionnelle des élèves fragiles. C’est contradictoire avec les propos tenus sur la voie professionnelle. Si ce retour à l’orientation précoce se faisait on serait loin du collège pour tous. Ce ne serait pas acceptable ».
Pour le Se-Unsa, « N. Sarkozy annonce aujourd’hui la poursuite de sa politique d’étouffement budgétaire. Il la couple à une vision libérale et rétrograde dans laquelle le collège deviendrait une machine à exclure. Là où il faudrait lutter contre la difficulté scolaire, c’est une orientation sans issue qui est proposée. Quant à l’autonomie accrue des établissements, présentée comme le moyen de restaurer l’autorité des enseignants, elle est, de fait, prétexte à une mise en concurrence dévastatrice pour la cohésion sociale. D’un côté les « classe affaire», de l’autre les établissements « low cost ». Le syndicat ironise sur la promesse d’augmentation de la rémunération, « il en avait pris l’engagement dans sa « lettre aux éducateurs » de 2007… et les personnels attendent toujours ! » Pour le SE-Unsa, « ce projet ne peut être celui de l’École de la République ».